Non la Terre ne fut pas toujours
bleue. Ni toujours habitable. Vieille de plus de 4,5 milliards d’années, notre
planète perdue dans l’immensité proprement sidérante de l’univers visible,
change constamment de visage, souffle le chaud et le froid, fut orangée comme
Titan, blanche comme Encelade. Dépendant de facteurs essentiels tels
l’augmentation de la luminosité du Soleil, la tectonique des plaques, les
modifications orbitales, son climat possède une histoire complexe et la vie
qu’il a rendue pour nous possible résulte d’équilibres chimiques précaires que
notre espèce, par son nombre d’abord, par ses choix particuliers de
développement ensuite, est en train de menacer.
C’est à la demande de la MEL et
de sa Présidente, la romancière Cécile Wajsbrot, que Laurent Grisel a entrepris
de se saisir de la question climatique pour alerter à sa manière le public sur
les risques que notre insensibilité aux perturbations que nous infligeons à la
nature fait courir à l’ensemble de l’humanité. Et c’est la force actuelle de
notre poésie que de lui permettre de prendre aujourd’hui la parole pour
produire un texte singulier, engagé, surprenant, dont la précision de la
documentation, l’ouverture informée au réel ou plutôt à ses multiples
composantes, n’altèrent pas l’impact. Ni le retentissement.