vendredi 29 juin 2018

CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2018-19 : CARNET SANS BORD DE LILI FRIKH.


https://drive.google.com/open?id=1q63wzQS4p1n-zaQ-PCL18mOp5rSRwWnA
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J’ai déjà pu rendre compte dans ce blog de l’intérêt que le livre de Lili Frikh a suscité chez moi. Je suis persuadé que cet ouvrage qui attire particulièrement l’attention sur la relation fondamentale qui existe entre la vie et la parole, bien au-delà du simple fait d’écrire et de trouver, comme on dit, ses mots, est de nature à faire découvrir aux jeunes à quelles nécessités peut répondre aujourd’hui, comme toujours, la poésie. Même si, comme ici, elle est prose. Et apparaît sans oripeaux.

mercredi 27 juin 2018

CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2018-19 : LETTRES D’UNE ÎLE D’ALEXANDRE BILLON.

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Depuis plusieurs années, nous proposons à l’intention des jeunes qui auront, grâce à leurs professeurs, la chance, car c’est une chance, de participer, au Prix des Découvreurs, un Dossier leur permettant dans un premier temps de découvrir l’ensemble des 7 ouvrages que nous avons choisi de soumettre à leur curiosité. Richement illustrés et accompagnés de divers liens et références, ces dossiers visent aussi à aider les professeurs dans leur action - qui devrait devenir de plus en plus importante -  d’accompagnement des élèves en termes de formation culturelle et artistique. Notre ambition étant ici de placer la poésie au cœur des arts. 

Nous publions aujourd’hui le premier Cahier composant ce Dossier : il est consacré au beau livre d’Alexandre Billon, Lettres d’une île, publié par p.i.sage intérieur.

mercredi 20 juin 2018

AUTOPORTRAIT AUX SIÈCLES SOUILLÉS DE MICHAEL WASSON. OU QUE SAUVER DE CE QUE, MONSTRE, L’HISTOIRE A ÉCRASÉ.


« Je suis en partie monstre, en partie animal, partie eau, partie histoire, partie chant, partie farceur, toujours le sang rencontre l’eau & asperge la terre ». 


C’est à partir de ce sentiment de personnalité éclatée, diffractée - en parties violemment concurrentes ou contraires - jetée au cœur d’une réalité et d’une histoire cruelles, que le poète américain Michael Wasson, d’origine Nimíipuu ou Nez-percé, une des plus vieilles tribus indiennes, qui occupait autrefois les territoires de l’Idaho et du Montana, a composé cet Autoportrait aux siècles souillés, que les éditions des Lisières viennent de publier dans une traduction de Béatrice Machet.

samedi 16 juin 2018

DITES MERCI AUX POÈTES PRÉTENDUMENT ILLISIBLES !



Oui « bien fou du cerveau » comme dirait La Fontaine qui prétendrait en quelques lignes, sinon quelques mots,  porter sur le véritable foisonnement des poésies actuelles en France, un jugement complet, impartial ou définitif. Nous sommes un certain nombre à lire sans esprit de chapelle, avec un appétit véritable, dans un esprit d’accueil et de découvertes, quantité d’ouvrages. Dont pour certains nous faisons l’effort tout aussi véritable, de rendre compte. Sans nous contenter de quelques mots hâtifs ou mensongers. Et pourtant qui d’entre nous peut se targuer de tout connaître. Partant de tout pouvoir juger. Personnellement je suis persuadé que si la poésie, les poésies d’aujourd’hui, ont quelque chose à apporter c’est précisément par l’exemple qu’elles donnent de ces multiples singularités qui chacune semble s’être autorisée à advenir comme Sujet, Sujet à part entière à l’intérieur d’une langue qui par ses multiples emplois, tend à l’inverse, de plus en plus, à travers ce qu’on appelle la communication, à nous assujettir aux discours intéressés de l’autre. Cette « fabrique » du Sujet, chacun en poésie la tente à sa manière. Plus ou moins juste. Plus ou moins aboutie. Dans son arbre généalogique. Je veux dire à partir de ce que les hasards de la vie et de ses propres lectures ainsi que les conditions générales de sa propre sensibilité, lui permettent d’atteindre. Il en résulte, considérablement accentué par l’explosion de toutes les libertés que la poésie depuis plus d’un siècle s’est attachée à conquérir, au point de ne pouvoir plus être formellement définie par personne, des œuvres ou du moins des ouvrages voire des prestations, d’une diversité, d’une hétérogénéité telle qu’il ne s’en vit jamais auparavant dans l’histoire. Et toutes loin de là ne sont pas illisibles. Et toutes ne sont pas le fait de vieux poètes rancis. Et toutes ne sont pas nombrilistes. Et toutes ne cherchent pas non plus la vaine gloire de se faire entendre en ouverture du Journal de TF1. Où elles retomberaient, je pense, nécessairement sous l’empire de ce qu’elles avaient au départ pour vocation de fuir.


jeudi 14 juin 2018

TRAJECTOIRE DÉROUTÉE DE SANDA VOÏCA CHEZ LANSKINE.


C’est à sa fille Clara, morte d’un cancer à l’âge de 20 ans, que la poète d’origine roumaine Sanda Voïca dédie l’ouvrage que les éditions LansKine viennent de publier d’elle. Trajectoire déroutée, titre on le voit déjà très parlant, est un livre de deuil. Un livre qui témoigne à sa manière, poignante assurément, et souvent déstabilisatrice, de la façon dont la perte d’un enfant, d’un être qui, réellement, est la chair de sa chair, modifie cruellement pour une mère la courbe de sa vie, déplace son centre de gravité. La déroute. L’égare. Désorientant en profondeur ses moindres perceptions : 

mardi 12 juin 2018

"LA PUISSANCE D'UNE MOUCHE SUR LE PARE-BRISE D'UNE PORSCHE". À LIRE À LA BOUCHERIE LITTÉRAIRE !


Il y a un problème avec le mot poésie : c’est qu’appliqué à quantité de choses qui n’en sont pas,  ce terme leur confère d’ordinaire une forte valeur ajoutée alors que la chose ou les choses, restons vague, que ce terme en principe désigne, souffrent publiquement d’une cruelle désaffection. Bref, la poésie, il semble qu’on en ait d’autant plus plein la bouche qu’on n’en lit dans le fond jamais. 



De cet amer constat, le livre de Marc Guimo que vient, à sa manière un peu provocatrice, de sortir pour le Marché de la poésie qui s’achève, la Boucherie littéraire, tire une suite de variations qu’on pourrait presque dire désopilantes, si l’on était certain que le lecteur pouvait se rappeler l’origine médicale de ce mot. Car c’est vrai qu’avec cette espèce de liberté relâchée de ton et de langage, cette prise plus directe sur la trivialité de nos existences quotidiennes, par laquelle un certain nombre de jeunes auteurs entendent se démarquer du style un peu guindé, gourmet, un brin Guermantes et constipé qu’ils prêtent sans trop les connaître à leurs aînés, l’ouvrage de Guimo fait du bien et désobstrue un peu les rates, même si pour finir on peut sans doute lui préférer les réflexions et les confidences autrement plus élaborées et nourrissantes qu’on trouve par exemple dans l’Écrire et surtout le Basse langue de Christiane Veschambre, parues ces derniers temps, chez Isabelle Sauvage.

lundi 4 juin 2018

D’HANNAH. D’AHAN ! SUR OISEAU-MOI D’ÉDITH AZAM. LANSKINE.


Détail d'une toile du peintre Yves Loubeyre

« Assise au bord de l’eau » Edith Azam compose à l’intention d’une qui lui « fait couteau dans le cœur » et qu’elle appelle Hannah, une chanson de Mal-aimée qui retrouvant au passage quelques accents apollinariens secoue par ce qui s’y livre de détresse authentique et d’impuissance à la savoir dire. Toute nue et entière. Par une succession de poèmes aux vers généralement courts et saccadés, d’ahan, elle tente d’arracher son chagrin à sa « langue de terre ». Pour reprendre son vol. Se reconfondre  à cette femme-oiseau partie quelque-part bien trop loin, emportant sa part d’elle. Et ce n’est pas si doux. Et ce n’est pas si tendre, ce désarmé, désaimé lamento d’amante et de poète à qui l’on a rogné les ailes : ce presque chant rompu n’élevant vers le ciel qu’un seul mot.
 Solitude.

vendredi 1 juin 2018

SUR UN POÈME D’ETIENNE FAURE TIRÉ DE TÊTE EN BAS, GALLIMARD, 2018.


De livre en livre. De poème en poème. Et dans toutes les postures, comme ici tête en bas, Etienne Faure fore un peu plus tous les bois de la langue. Jusqu’à s’y éprouver termite. Ou plutôt lucifuges, individu pluriel : ces insectes dévorant ne se vivant qu’en groupes. Pour s’entregénérer mieux. Cela nous donne une succession de galeries par lesquelles s’enfoncer en phrases toujours recommencées, dans les communs affects de la vie et des choses qui passent. Des vies, des choses ayant saveur de passé. Et d’histoire. La dure friabilité aussi de tout ce qui depuis longtemps s’est vu creusé puis évidé en nous. La seule consistance demeurant celle de ces obstinées cheminements ou pour le mieux dire, ces sapes. Par quoi le petit grand monde versicolore que fait en nous notre existence, chez lui se réduit lentement mais sûrement, c’est un maître, en sa poudre de mots.