Affichage des articles dont le libellé est BONNES FEUILLES. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est BONNES FEUILLES. Afficher tous les articles

jeudi 19 octobre 2023

CUEILLIR AUJOURD'HUI LES OLIVES AVEC JEAN GIONO.

Cliquer pour ouvrir le PDF
 

 Cueillir les premières olives en regardant la mer. Un court échange avec Gérard Cartier me remémore la présentation que j’ai faite il y aura bientôt huit ans du magnifique livre de Giono, Noé, que je ne saurais trop inciter chacun, s’il ne l’a déjà fait, à lire.

Dans cet ouvrage la cueillette des olives constitue un moment marquant de la construction par l’auteur de son univers propre. Je reprends aujourd’hui, avant d’abandonner pour deux bonnes semaines, les activités que j’entreprends autour de ce blog, et de rejoindre notre petite oliveraie ligure, la publication d’une bonne dizaine de pages que j’ai réalisée autour de ce passage capital. Ce travail, déjà téléchargé plus de 400 fois, me paraît mériter d’être à nouveau proposé à l’attention.

lundi 10 juillet 2023

BONNES FEUILLES. MÉLODIE DE VIENNE DE L'AUTRICHIEN ERNST LOTHAR CHEZ LIANA LEVI.

Je ne suis pas certain que la formule retenue par l’éditeur, d’un Downtown Abbey de Vienne, soit totalement pertinente pour résumer en trois ou quatre mots ce fort et remarquable roman de près de 700 pages qui commence comme un Balzac, celui du Chat qui pelote, fait penser assez vite ensuite à travers le portrait qu’il brosse de l’une de ses principales héroïnes, Henriette Stein, à la Madame Bovary de Flaubert avant de prendre son envol et ne plus renvoyer qu’à lui-même. Ce roman viennois paru à New-York dans une traduction anglaise en 1944, tout en se montrant d’une rare finesse psychologique et d’une grande clarté aussi d’exposition, témoigne surtout, de la part de son auteur, d’une capacité rare à rendre tout un climat d’époque en en faisant bien ressortir les évolutions, les contradictions, les nuances, dans une variété de ton qui ne s’interdit pas plus la tendresse que l’ironie… À travers l’histoire des habitants d’une grande maison familiale, c’est une idée « du destin d’un pays, dont le tragique défie, la vraisemblance » qu’Ernst Lothar entend nous donner, sans, qu’à l’image de l’un de ses principaux personnages, Hans Alt, le « patriotisme » qui demeure fondamentalement le sien ne soit « une question de fierté blessée, ni la honte de vivre dans un pays défait, quasiment détruit et mortellement humilié ». Pour lui «  l’Autriche est plus qu’un beau pays, c’est l’idée de la coexistence d’individus aux idées différentes, une idée universelle et salvatrice ». Son Autriche n’est bien entendu donc pas celle de Hitler et des neo-nazis. C’est celle de « Joseph II ou la religion de la tolérance, Mozart ou l’élévation de l’âme. La forêt viennoise ou les bienfaits de la beauté. »

Suis heureux que le hasard m’ait fait rencontrer ce livre que vraiment je recommande.

*Cliquer dans l'image pour ouvrir le PDF et lire notre extrait.


 

samedi 24 septembre 2022

HÉROÏQUES LICHENS ! LIRE QUELQUES PAGES STIMULANTES DU LIVRE DE K.S. ROBINSON, MARS LA VERTE.

Cliquer pour ouvrir le PDF

Quand tant, sur les réseaux, semblent considérer qu’habiter le monde c’est se mettre en scène autour d’une bonne bouteille à la terrasse ensoleillée d’une ville étrangère, tout en se référant à quelque grande figure artistique ou littéraire dont ils ne cherchent au fond qu’à faire publiquement parade, il est bon de rappeler qu’on trouve aussi dans les livres comme dans une relation discrète autant que curieuse à tout ce qui nous entoure, de quoi rendre cette habitation plus authentique et surtout plus réfléchie. Plus nécessaire à partager. Les livres de K.S. Robinson, comme celui dont je l’ai rapproché hier de Peter Weiss, sont des livres qui réclament de leurs lecteurs beaucoup de leur attention et beaucoup de leur temps. Les évoquer dans ce blog pour en susciter la lecture réclame aussi son travail propre. Et même si je suis bien conscient que ce travail ne touchera en définitive qu’assez peu de personnes, cela, que d’autres aussi je sais entreprennent de leur côté, participe d’un esprit de résistance, d’humaine générosité, qu’il importe à tout prix de maintenir. Un seul auditeur suffit à Jean Sébastien Bach avait l’habitude de dire mon ami aujourd’hui disparu, le peintre Rémi Darbre. Oui, surtout si les quelques « auditeurs » que nous avons ne sont en rien des « auditeurs » passifs » et cherchent aussi de leur côté à construire ces nouveaux communs, rendre davantage visibles ces nouveaux imaginaires qui se donnent pour objectif de désaliéner les consciences. Ne serait-ce que des totalitarismes jouisseurs, narcissiques et marchands. 

mardi 9 août 2022

À PROPOS DE PUBLIER. UN RAYON DE SOLEIL SUR DES MOTS BIEN VIVANTS.

En lien avec les Disputaisons impulsées par Jean-Pascal Dubost sur POEZIBAO, autour des raisons qui poussent les poètes à publier, on a envie de dire quand même ou malgré tout, j’aimerais partager ici la fin d’un roman presque totalement inconnu que le poète et professeur de philosophie, Alexandre Billon m’a incité dernièrement à lire par le biais d’une publication FB. Stoner, de John E. Williams, auteur américain mort dans les années 90 raconte l’existence d’un fils de paysan pauvre qui à l’Université où son père fait le sacrifice de l’envoyer pour suivre des études d’agronomie, découvre à la manière d’une illumination l’importance de la littérature et devient professeur. Mariage raté avec une épouse d’un milieu supérieur qui fera tout aussi pour lui ôter son lien privilégié avec sa fille unique, carrière universitaire bridée par l’hostilité d’un de ses collègues devenu son supérieur, découverte de l’amour partagé brisé par les conventions, tout fait apparemment de cette vie, une vie profondément ratée, n’était l’extraordinaire façon qu’a le personnage de résister de l’intérieur à tout ce qui devrait le broyer. Je reviendrai peut-être là-dessus qui dit quelque chose aussi de la rigueur qu’il est parfois beau de s’imposer à soi-même, du stoïcisme qui n’est pas toujours la manière la pire d’affronter le mal qui partout rôde autour de soi. Bref un très beau livre. Qui en dit aussi énormément sur le caractère trompeur des apparences. Sans oublier bien sûr la grandeur de la littérature. Et la noblesse de l’enseignement. Enfin, tel qu’il est envisagé, parfois.

jeudi 4 août 2022

POUR SALUER SIDÉRATIONS, LE DERNIER ROMAN DE RICHARD POWERS CHEZ ACTES SUD.

Après avoir accompagné, il y a deux ans, mon été provençal, par la lecture de l’Arbre-Monde, j’ai pu, cette fois dans une autre campagne, me plonger dans le dernier livre de Richard Powers, Sidérations, paru chez Actes Sud, livre tout autant concerné que le précédent « par la question de savoir comment retourner à la terre et comment nous réhabiliter vis-à-vis de la communauté plus qu'humaine ».

Un important entretien accordé par l’auteur à Stéphane Duchêne dans le cadre d’une rencontre organisée à la Villa Gillet deLyon, me dispense de présenter à mon tour ce livre dont beaucoup déjà ont parlé dans les tous les media possibles. Il me suffira de dire que j’ai tant corné de pages au cours de ma lecture que cette opération qui visait à me permettre de revenir aux éléments pour moi les plus importants et nécessaires du livre en vue d’un commentaire sur ce blog, en est devenue ridicule, revenant à me faire relire l’ouvrage dans sa quasi-totalité. Mais l’important dans un livre n’est-il pas ce qu’il vous fait plutôt que la façon dont il est fait qui n’est une question après tout que pour les professeurs. Ou les professionnels de l’écriture.

vendredi 8 juillet 2022

BONNES FEUILLES : JULIEN LE RÊVEUR DE CHRISTIANE VESCHAMBRE AUX ÉDITIONS ISABELLE SAUVAGE.

Présenté comme « une fantaisie », « un conte politique et poétique », Julien le rêveur, rappelle l’importance que tient le rêve dans l’œuvre et bien entendu la vie de Christiane Veschambre qui livre en effet ici un texte qui sans avoir la profondeur et la gravité de Basse langue ou de dit la femme dit l’enfant, eux aussi parus aux belles éditions Isabelle Sauvage, réjouira bien des lecteurs par la façon dont se voient épinglée « l’idéologie par laquelle on resserre [aujourd’hui de plus en plus] l’étau autour de ceux qu’il faut rendre profitables » au système économique injuste qui nous est imposé.

Julien, classé parmi les « Décrocheurs » n’a d’autre compétence que d’être un rêveur invétéré. Il mettra un temps cette compétence au service des autres en devenant une sorte de rêveur public, déréglant ainsi le fonctionnement de l’Agence Pôle-Emploi qui subit sa contagion. Les choses naturellement reviendront dans l’ordre et comme tout se finit bien dans les contes, il nous faudra imaginer Julien heureux avec beaucoup d’enfants.

EXTRAIT :

lundi 14 mars 2022

QUATRE À QUATRE VERS LE NORD DE JACQUES DARRAS AUX ÉDITIONS COURS TOUJOURS.

 

C’est dans un petit format carré parfaitement adapté au choix par son auteur de le composer en une suite de quatrain d’alexandrins que les éditions COURS TOUjOURS, ont choisi de présenter le tout dernier ouvrage de Jacques Darras, Quatre à quatre vers le Nord. Hommage, comme le dit le communiqué de presse, « aux personnes aimées, aux lieux fondateurs, festifs ou pétris de culture, moments rares ou familiers », c’est en reprenant la forme des « Congés d’Arras », inaugurés par Jean Bodel et repris par Baude Fastoul et Adam de la Halle, au XIIIème siècle, que notre poète a composé les siens, n’étant lui toutefois ni atteint par la lèpre (Bodel et Fastoul), ni déçu par ses concitoyens au point de souhaiter les abandonner pour le Sud (Adam), mais simplement arrivé au moment où il faut bien se résoudre à envisager qu’on touche aux limites de sa longue existence. Pas de nostalgie pourtant dans ces Congés. Toujours au contraire la tenace expression d’un profond attachement à une aire géographique large, qui comme on l’a dit par ailleurs va quasiment de Senlis aux îles Hébrides et de Londres à Berlin, de la Tamise à la Spree. Dans une célébration continue de ses paysages, de sa culture, de ses richesses de toutes sortes. Sans négliger au passage un émouvant salut aux amis. Vivants et disparus. Le tout accompagné d’« une Chimay rouge, eau d’Oise toute proche sur orge grillée » pour mieux goûter encore à la « chance matinale de vivre ».

lundi 7 février 2022

BONNES FEUILLES. MORT D’UN CHARTREUX DE GÉRARD VINCENT.

CLIQUER POUR DÉCOUVRIR NOS EXTRAITS

Ce n’est pas parce qu’il est comme moi d’origine boulonnaise ou que son personnage s’appelle Dambleteuse, du nom de la plage magnifique où nous aimons, l’un comme l’autre, régulièrement, nous promener, que je tiens aujourd’hui à saluer la récente publication du livre de Gérard Vincent, Mort d’un chartreux aux éditions du Rocher. Gérard Vincent aura passé sa vie professionnelle à s’occuper de livres, au service de la maison Gallimard. Mais surtout son existence, voyageuse, n’aura jamais manqué de se voir accompagnée par la lecture de toutes sortes de poètes chez qui il aura puisé de quoi affronter l’inquiétude en lui de l’existence. Sous le soleil noir du temps, naguère paru à l’Age d’homme, évoquait ainsi les figures hautement bouleversantes de Trakl, Mandelstam et Celan.

Avec Mort d’un chartreux, Gérard Vincent se coule cette fois dans la conscience, l’âme (?), d'un moine d’une petite soixantaine d’années, tout nourri lui aussi de poésie, qui suite à l’annonce d’un cancer incurable, affronte l’imminence de sa disparition prochaine, en tenant à conserver ses habitudes de vie cloitrée et en rédigeant le journal qui constitue la matière du livre. Comme l’écrit une critique du Figaro littéraire que nous reproduisons au début de nos extraits, « on ressort apaisé de cette lecture, hymne à la Vie simple, à la grande Vie ». Avec surtout, en ce qui nous concerne, une nouvelle fois la preuve, humaine, charnelle, existentielle, je ne sais comment dire, de l’importance sinon de la nécessité d’une certaine poésie. Pour qui cherche vraiment à élargir et mieux aimer la vie. Dans ce qu’elle a parfois aussi de dur et difficile à nous offrir.