Ce n’est pas parce qu’il est comme moi
d’origine boulonnaise ou que son personnage s’appelle Dambleteuse, du nom de la
plage magnifique où nous aimons, l’un comme l’autre, régulièrement, nous
promener, que je tiens aujourd’hui à saluer la récente publication du livre de
Gérard Vincent, Mort d’un chartreux aux éditions du Rocher. Gérard
Vincent aura passé sa vie professionnelle à s’occuper de livres, au service de
la maison Gallimard. Mais surtout son existence, voyageuse, n’aura jamais
manqué de se voir accompagnée par la lecture de toutes sortes de poètes chez
qui il aura puisé de quoi affronter l’inquiétude en lui de l’existence. Sous
le soleil noir du temps, naguère paru à l’Age d’homme, évoquait ainsi les
figures hautement bouleversantes de Trakl, Mandelstam et Celan.
Avec Mort d’un chartreux, Gérard
Vincent se coule cette fois dans la conscience, l’âme (?), d'un moine d’une
petite soixantaine d’années, tout nourri lui aussi de poésie, qui suite à
l’annonce d’un cancer incurable, affronte l’imminence de sa disparition
prochaine, en tenant à conserver ses habitudes de vie cloitrée et en rédigeant
le journal qui constitue la matière du livre. Comme l’écrit une critique du
Figaro littéraire que nous reproduisons au début de nos extraits, « on
ressort apaisé de cette lecture, hymne à la Vie simple, à la grande Vie ».
Avec surtout, en ce qui nous concerne, une nouvelle fois la preuve, humaine,
charnelle, existentielle, je ne sais comment dire, de l’importance sinon de la
nécessité d’une certaine poésie. Pour qui cherche vraiment à élargir et mieux
aimer la vie. Dans ce qu’elle a parfois aussi de dur et difficile à nous
offrir.