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mardi 12 juin 2018

"LA PUISSANCE D'UNE MOUCHE SUR LE PARE-BRISE D'UNE PORSCHE". À LIRE À LA BOUCHERIE LITTÉRAIRE !


Il y a un problème avec le mot poésie : c’est qu’appliqué à quantité de choses qui n’en sont pas,  ce terme leur confère d’ordinaire une forte valeur ajoutée alors que la chose ou les choses, restons vague, que ce terme en principe désigne, souffrent publiquement d’une cruelle désaffection. Bref, la poésie, il semble qu’on en ait d’autant plus plein la bouche qu’on n’en lit dans le fond jamais. 



De cet amer constat, le livre de Marc Guimo que vient, à sa manière un peu provocatrice, de sortir pour le Marché de la poésie qui s’achève, la Boucherie littéraire, tire une suite de variations qu’on pourrait presque dire désopilantes, si l’on était certain que le lecteur pouvait se rappeler l’origine médicale de ce mot. Car c’est vrai qu’avec cette espèce de liberté relâchée de ton et de langage, cette prise plus directe sur la trivialité de nos existences quotidiennes, par laquelle un certain nombre de jeunes auteurs entendent se démarquer du style un peu guindé, gourmet, un brin Guermantes et constipé qu’ils prêtent sans trop les connaître à leurs aînés, l’ouvrage de Guimo fait du bien et désobstrue un peu les rates, même si pour finir on peut sans doute lui préférer les réflexions et les confidences autrement plus élaborées et nourrissantes qu’on trouve par exemple dans l’Écrire et surtout le Basse langue de Christiane Veschambre, parues ces derniers temps, chez Isabelle Sauvage.

lundi 6 novembre 2017

BONNES FEUILLES ! DIEU EST À L’ARRÊT DU TRAM D’EMMANUEL MOSES.


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"Il existe des mondes, vous n’avez pas idée." C’est par cette épigraphe empruntée au poète turc Orhan Veli ( 1914 – 1950) que se fait l’entrée dans le tout dernier livre d’Emmanuel Moses où le lecteur retrouvera ce qui fait tout le charme de cette poésie mobile et composite que je qualifierai volontiers de « fantaisiste » si le concept, tout aussi plastique que la sensibilité et l’écriture de l’auteur, n’en était aujourd’hui venu, malgré tous les efforts faits depuis le XIXe siècle pour en définir les contours, à se prêter finalement à toutes les torsions possibles. (voir)

Liberté de la forme, relation toujours neuve et souvent inattendue avec un réel bien présent mais dans la simple apparence duquel il importe de ne pas se laisser enfermer, inquiétude de soi, jeté dans un temps qui n’est pas seulement celui des horloges mais celui de la mémoire et de l’imaginaire emportés par une culture à la fois vaste et bigarrée, vulnérabilité sentimentale et labilité souvent pleine de distance de son expression … c’est un peu tout cela que je retrouve dans Dieu est à l’arrêt du tram qui ne fera peut-être pas oublier des livres tels que Dernières nouvelles de Monsieur Néant (2003) ou D’un Perpétuel hiver (2009) dont j’ai pu en leur temps rendre compte, mais qui régalera toujours ceux d’entre nous qui aiment à ressentir à travers les vivifiantes singularités d’un style les irrépressibles provocations de l’existence. Jusque dans sa déprime.

À l’intention du lecteur curieux  et dans le cadre des choix d’extraits que nous proposons sur ce blog j’ai choisi pour la richesse de sa thématique, et tout particulièrement pour son évocation de la dimension profondément vivante et sensible de l’arbre qui s’enracine dans un temps et un univers bien plus vastes que le nôtre, un passage du long poème liminaire qui tranche avec le caractère un peu de pièces d’orfèvrerie (page 100) des poèmes courts qui composent la plus grande partie de ce recueil.  Emmanuel Moses y évoque un séjour ancien dans une grande ville indienne où il cherche à entendre les paroles d’un arbre sacré, vraisemblablement ce ficus religiosa appelé aussi pipal ou arbre des pagodes. (voir)