De plus en plus j’appréhende ce moment de
l’après-midi où il me faut bien ouvrir ma boite à lettres. Ce qui lorsque
j’étais pensionnaire dans la bonne ville d’Arras, puis étudiant dans l’encore
meilleure ville de Lille, me faisait battre parfois le cœur – c’était la saison
des rêves et des amours ! – aujourd’hui m’angoisse. M’effraie. C’est
qu’outre bien entendu l’État français qui continue de m’adresser ses tenaces
contraventions pour des excès de vitesse dépassant pourtant rarement la limite
autorisée, de plus de quelques centimètres/heure, mes amis auteurs, mes amis
éditeurs, continuent d’utiliser cette boite sournoise pour m’empêcher de
m’adonner à toutes sortes d’activités qui me seraient des plus bénéfiques comme
d’abord de ne rien faire, ensuite aller promener le chien, regarder un bon
film, préparer une pastilla, entretenir mon jardin, papoter avec mon voisin
voire s’il me reste un bout de temps me remettre à ne rien faire ou m’occuper
quand même un peu de mes propres poèmes. Qu’avec le temps il me semble, je
délaisse. Ce qu’à mon sens ils ne méritent pas.
Recevoir de mauvais livres n’est en rien un
problème.