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lundi 4 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. EXTRAIT DES PHRASES DE LA MORT DE JEAN-PASCAL DUBOST AUX ÉDITIONS DE L’ATELIER CONTEMPORAIN.

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 Le temps qui trop nous est compté, s’il m’empêche de décompter là, les pluriels allèchements de ce tout dernier travail de Jean-Pascal Dubost, ne saurait me priver de proposer à la curiosité des amateurs véritables qui parfois s’égarent sur mes pages, quelque passage par quoi se donnera peut-être à goûter ce banquet de la mort qu’âpre et amer, souvent, il constitue. Banquet de la mort qui est aussi banquet de mots. Plus proprement ici de phrases. Qui largement font écho. À notre piteuse et massacrante condition. L’ombre de Villon plane sur cet ensemble. Et celle bien sûr de ces temps où la pensée de la mort tout imprégnait. L’usage particulier que Jean-Pascal Dubost fait depuis toujours, ou presque, d’une langue redéployant nos anciennes syntaxes comme nos vocabulaires éteints, ajoute finalement à l’ensemble autant qu’une jouissance, sa cruauté d’ardillon.

Divisé en quatre parties- Lai, Envoi, Final et Coda, que précède une adresse au lecteur, accompagné des suggestifs dessins du peintre Hervé Bohnert et d’une lecture finale mais non définitive de François Boddaert, le livre est le fruit de plusieurs années de notations impréméditées retenues en des carnets mais à l’évidence remmanchées avec art, suivant desseing de forme. Le passage que nous avons extrait, pour éloquent qu’il soit, ne donne aucunement l’idée du tout.

vendredi 3 septembre 2021

MA MÈRE N’A PAS EU D’ENFANT DE GENEVIÈVE PEIGNÉ, AUX ÉDITIONS DES LISIÈRES.

Livre composé presque essentiellement d’interrogations, l’ouvrage de Geneviève Peigné, Ma mère n’a pas eu d’enfant, touche avec délicatesse à de nombreuses questions relevant aussi bien de l’intime, que du destin même de cette tragique Humanité qu’on voit désormais s’avancer tout droit vers la catastrophe finale.

S’appuyant sur un régime d’écriture qui doit autant à la prose qu’à la poésie par la façon qu’il a de s’autoriser l’ellipse, les créations verbales, de jouer surtout sur les coupes, les rythmes, et de se refuser aux développements circonstanciés qu’impose le récit quand il tente, dans ses clartés réalistes, de reconstruire – espace et temps - des vies autres, le livre de G. Peigné quoiqu’il se penche sur l’existence d’une lignée dont l’auteur cherche par quels moyens préserver la trace, n'a rien du romanesque par exemple dont l’important livre d’Alice Ferney, Les Bourgeois, qui s’attache aussi à remédier par l’écriture au vide laissé par des vies qui se seront largement méfiées des mots, présente toutes les caractéristiques.

Réduite à une poignée de personnes, la famille dont Geneviève Peigné inventorie ici « le tout petit espace du leg », est d’ailleurs bien éloignée de celle de ces Bourgeois qui à chaque génération prolifère, si bien que la chair semble s’y fabriquer sans fin empêchant tout dessèchement, entraînant tout dans « son cirque vital ».

mardi 2 février 2021

QUE LA POÉSIE NOUS EMPORTE ! SUR VIVONNE LE TOUT DERNIER ROMAN DE JÉRÔME LEROY.

« On ne va pas s’arrêter de lire parce que c’est la fin du monde, si ? » C’est en nous mettant face aux sombres perspectives de l’effondrement, tout proche, des sociétés politiquement et technologiquement organisées dans lesquelles nous vivons encore, que le romancier et poète Jérôme Leroy, s’attache dans son dernier roman, Vivonne dont on appréciera bien sûr les connotations proustiennes, à mettre en évidence le pouvoir réellement magique, à ses yeux, de la littérature, en particulier de la poésie.

 

Vivonne est le nom d’un poète dont les textes ont la particularité de « transporter » non seulement en imagination, mais physiquement, dans un monde qui au sens propre les accueille, les lecteurs qui n’attendent plus rien de leur vie soit qu’ils sont arrivés à son terme, soit que les conditions qui leur sont faîtes la leur rendent impossible. Et bien entendu, plus le monde devient insupportable, et c’est le cas pour celui qu’imagine ici l’auteur, dévasté par les ouragans, les typhons, où la température des nuits d’hiver dépasse les 40 degrés, où notre beau pays de France et ses campagnes bucoliques sont devenus des lieux d’affrontement sanglants entre sectes politico-religieuses rivales[i] que le pouvoir central parvenu entre les mains de l’extrême-droite, les Dingues, ne parvient plus à contrôler, plus ce monde donc, que menace encore le Stroke, c’est-à-dire la panne informatique totale, devient insupportable, plus nombreux se font peu à peu ses lecteurs.

 

mercredi 6 janvier 2021

ET PUIS PRENDRE L’AIR. AVEC LES PROSES PÉNÉTRANTES DU POÈTE ETIENNE FAURE.

Je ne le cache pas. Je ne suis pas de ceux qui placent au-dessus de tout l’audace, l’expérimentation, la recherche. Loin d’être un sectateur en art de la tabula rasa, j’apprécie les œuvres filiales qui savent ce qu’elles doivent à leurs aînées et les honorent[i]. Tout en sachant bien sûr faire entendre leurs dissonances. Manifester leur propre singularité.

Ne comptez donc pas sur moi pour écarter un livre de poèmes au prétexte qu’il est sorti chez Gallimard dont trop d’esprits jaloux affectent de dédaigner la production qu’ils jugent un peu rapidement académique, surannée, poussive.

 

Passer ainsi à côté du dernier livre d’Étienne Faure qui après un beau parcours, chez Champ Vallon vient de publier son second volume dans la célèbre collection blanche, serait une grave erreur. Une bêtise même. Tant ce livre a de quoi réjouir aussi bien ceux qui entendent que la poésie nous montre l’infinie diversité du monde que ceux qui attendent plutôt d’y trouver l’expression d’une personnalité singulière sans oublier bien sûr ceux pour qui la poésie, avant toute chose est affaire de formes et d’évènements bien sentis dans la langue.