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vendredi 8 décembre 2023

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. REMPART CONTRE LA POÉSIE POLTRONNE : LA MER EN HIVER SUR LES CÔTES DE LA MANCHE DE JACQUES DARRAS AU CASTOR ASTRAL.

 

« On n’en finit jamais avec la mer ». Comme avec l’eau. Voire, comme, nous le dit et redit au fil de ses ouvrages, Jacques Darras, avec le regard, la pensée, la marche, les images, la poésie. Portés que nous sommes, par cet insatiable appétit de monde autour de nous. Que nous n’en finissons pas d’explorer. Quitte si l’espace ouvert aujourd’hui sur notre planète paraît s’être étréci, à nous relancer, qui sait, vers Mars[1] ou le champ toujours pour notre esprit, infini, des étoiles.

Affirmer que La mer en hiver sur les côtes de la Manche, plus qu’une somme récapitulative est un livre manifeste surprendra sans doute tous ceux qui rechigneront à lire la seconde partie, philosophique, réflexive, érudite, de l’ouvrage. Qui retraçant l’histoire des conceptions occidentales de ces grandes catégories de la pensée que sont l’espace et le temps aboutit, pour le dire à grands traits, à la revendication de la primauté de l’imagination sur la raison dans ce qui constitue notre vitale appropriation d’un réel en permanente mobilité. Dont la figure de la mer comme celle plus généralement de l’eau est pour Jacques Darras depuis longtemps l’éloquente, athlétique et poétique incarnation.

samedi 27 août 2022

22 MOUVEMENTS / MN. OXYGÈNE DE LA POÉSIE.

22 par minute, c'est le nombre de mouvements d'inspiration/expiration que nous effectuons normalement au repos. Ce chiffre rythme sans que nous en ayons conscience cet échange incessant que notre corps entretient avec le milieu plus ou moins respirable qui l'entoure.

C’est sous le signe de ce commerce vital que j’ai placé ce petit livre de 2015, composé, comme je l’indique dans mon Avant-propos, d'un montage de réflexions que ma condition de poète mais aussi de passeur de poésie m'a conduit à noter depuis une bonne trentaine d'années. Les plus anciennes remontant à l'époque où j'ai commencé à prendre l'habitude de tenir un journal de bord. Dans le foisonnant paysage de phrases ainsi accumulées, qui visaient à me rendre l'activité d'écrire, mais aussi de lire, si possible plus claires, j'ai isolé une suite de passages qui dessinent maintenant pour moi comme autant de bassins à l'intérieur d'un jardin. De préférence à la française ! Par-là, je me suis donné l'illusion de retenir intellectuellement un peu du mystère de ce travail qui m'aura si souvent occupé. Me détournant de tant de choses qui paraissent pourtant aux yeux du monde beaucoup plus désirables.  

Bien qu’il existe toujours à l’état de livre physique, je donne aujourd’hui à lire cet ouvrage dans sa version dématérialisée. N’espérant plus que les exemplaires qui restent à dormir dans leurs cartons fassent demain l’objet d’une universelle demande. Et toujours plus conscient que si la forme des bassins est plus belle quand elle est pure, elle ne dit toujours rien de l’eau qu’elle prétend retenir. Surtout pas tout entière.

Découvrir l'ouvrage et le télécharger en cliquant sur l'image ci-dessus ou le feuilleter ici sur Calameo.


 

vendredi 1 octobre 2021

ET VOICI LA CHANSON D’HÉLÈNE SANGUINETTI NOUS REVIENT CHEZ LURLURE !

Et voici la chanson d’Hélène Sanguinetti reparait aujourd’hui chez Lurlure. Et je me réjouis de retrouver cet ouvrage que j’avais salué à sa première sortie, en 2013, aux éditions de l’Amandier et d’ailleurs intégré à notre sélection pour le Prix des Découvreurs 2013-2014.

En voici sans en changer une ligne ce que j’en disais à l’époque sur mon blog.

***

 J'ai un jour dit qu'être écrivain c'est se sentir claustrophobe dans le langage des autres. On suffoque littéralement.

David Grosmann, entretien au Nouvel Observateur, novembre 2012

 

Pareille à rien[1], c’est ainsi qu’apparaîtra sans doute à beaucoup la poésie d’Hélène Sanguinetti, dans Et voici la chanson, ouvrage au titre a-priori trompeur si l’on attend par là quelque composition à la fois légère et facile, quelque jolie ritournelle simplement destinée à donner voix aux émotions les plus communes.

mardi 9 mars 2021

TENIR AU MONDE. SUR UN BON LIVRE DE SÉBASTIEN MÉNARD PARU CHEZ PUBLIE.NET.

 

Beau titre que ce Quelque chose que je rends à la terre, que viennent de m’adresser les éditions Publie.net. Et l’idée d’imaginer le poème comme une sorte de contre-don, une chose par laquelle on s’acquitterait d’une dette qu’on aurait contractée avec le monde, avec la vie, avec la terre qui nous porte et nous nourrit, l’humus lui-même à qui nous devons notre nom d’homme, est toujours des plus séduisantes. Il y a maintenant bien longtemps, mon maître, Henri Meschonnic, professait, sans trop être entendu par les habiles de l’époque, que le poème était comme la transformation d’une forme de vie par une forme de langage et la transformation d’une forme de langage par une forme de vie. C’est à cette subtile compénétration des mots et de la vie que s’attache Sébastien Ménard chez qui la poésie finit par apparaître comme une présence inséparable du quotidien, non plus cette entité fuyante, cette surréalité chimérique que certains parent des voiles pompeux du sacré, mais comme principe actif de la vie la plus simple, jusqu’à se faire agent mécanicien réglant un dérailleur de bicyclette, attentif jardinier employé à planter des bâtons pour y faire grimper des pois.

Certes, je n’ai pas lu les autres recueils de Sébastien Ménard, qui montrent, je crois, une personnalité portée vers la rencontre, séduite par les marges et les empathiques couleurs des routes, du risque et du voyage, mais je ne crois pas que ce livre qui se déploie dans le cadre plus resserré d’une existence tournant autour d’une terre, d’un jardin, d’une petite famille aussi dont on devine qu’elle peine parfois à joindre les deux bouts, soit d’un caractère si différent. Le principe étant de s’y montrer ouvert au monde, à l’importance de chaque instant vécu qui nous traverse, en l’amenant le plus possible à l’expression.

mardi 16 février 2021

POÈTE ÉQUILIBRISTE. SUR LES DRAPEAUX DROITS DE BENOIT CAUDOUX AUX ÉDITIONS HÉROS-LIMITE.

 
Je ne connais pas Benoit Caudoux. Qui enseigne pourtant la philosophie dans une ville qui m’est proche. Et chère. Et se trouve être un spécialiste de Jean-Jacques Rousseau, auteur dont, en ce moment de notre histoire où tout, semble-t-il, tend à réduire la parole à un simple mécanisme réglé sur les représentations extérieures qui s’accordent à façonner nos étouffantes réalités, on ne saurait trop célébrer le mérite de nous rappeler toujours qu’elle est ou doit être, avant tout, énergie générée par les puissances intérieures de vie qui, pathétiquement, sourdement, nous affectent. Hors de tout mot. Et de toute grammaire.

 

Drapeaux droits, dont le titre – mais pas que - n’est pas sans me faire penser à ces fameux Poteaux d’angle de Michaux, est donc pour moi une découverte. Découverte d’une conscience, d’une sensibilité, dont les relations qu’elles entretiennent avec les choses, avec les êtres, avec elles-mêmes aussi, ne sont rien moins qu’évidentes, que transparentes. Conscient des pièges de la pensée autant que du langage sensé la soutenir, Benoit Caudoux s’interdit d’embrasser la vaste totalité de ce qui existe, en recourant à ces formules prétentieuses et ampoulées qui suscitent l’admiration des sots. Il sait à quel point nos phrases peuvent se gonfler de vent. Et que le bruit qu’elles font n’empêche pas leur vide.

Aussi se porte-t-il de préférence vers le rien. Le presque rien. La dérision aussi, qui l’amène parfois à révéler la trompeuse légèreté du langage à travers des jeux dignes de l’Almanach Vermot. C’est que ce poète joueur qui cherche à s’affirmer lucide, pratique parfois jusqu’à l’excès l’art de la mise à distance. Y compris avec lui-même. Cela donne une poésie d’apparence parfois détachée. Cérébrale et cependant bien sentie. Nous laissant des textes un peu secs comme tirés au cordeau. En équilibre périlleux souvent sur leur propre silence.

 

Drapeau est le nom d’une pièce d’étoffe dont l’image déployée affirme emblématiquement l’identité d’une nation, d’un groupe, voire symboliquement d’une idée. Fichant les drapeaux de ses poèmes sur le blanc de la page Benoit Caudoux affirme par là quelque chose non de son identité, notion pour lui problématique, mais de son expressivité, de sa qualité toujours un peu déroutante de vivant. Droits, ses drapeaux nous font comprendre aussi que quels que soient les interrogations, les angoisses, les doutes, les moqueries aussi que soulèvent, chez lui, tout autant les affectations de maîtrise, de sérieux, des piètres humains que nous sommes que les limites et les contradictions de notre triste condition, il n’est pas prêt de se résoudre, lui, à baisser pavillon.

 


Cliquer sur l'image pour découvrir en PDF quelques poèmes de Benoit Caudoux.

vendredi 11 décembre 2020

POÉSIE/PARTAGES N° 2. SE COLTINER GRANDIR DE MILÈNE TOURNIER.

Cliquer pour lire avec Calameo

J’ai rencontré la poésie de Milène Tournier il y a quelques mois suite à la parution de son premier vrai livre aux éditions lurlure[1]. L’intérêt de son écriture et sa capacité de résonance m’ont très vite semblé faire évidence. C’est la raison pour laquelle je lui ai demandé de m’adresser quelques textes pour ces Cahiers Numériques de Poésie en Partages que nous avons inaugurés avec Stéphane Bouquet. L’idée de faire alterner ainsi des poètes largement reconnus et des voix nouvelles de qualité me paraît une idée séduisante comme le fait aussi de pouvoir, grâce aux vertus du numérique, mettre de la façon la plus soignée et la plus stimulante possible, un aperçu du travail de tous ces auteurs, à la disposition des esprits curieux amateurs de belles découvertes.


Les textes que nous a donnés Milène Tournier sont des textes encore inédits qu’elle a rassemblés sous le titre évocateur de se coltiner grandir. Il s’agit d’une succession de textes courts qui tournent effectivement autour de cette expérience particulière de vivre qu’est celle de quiconque reste profondément attaché à l’esprit d’enfance, à la dimension protectrice et chaleureuse d’une famille attentive, tout en cultivant son inquiétude profonde du monde où il lui faut trouver solitairement sa place. Les mots du quotidien sont là comme ceux de la sensibilité ouverte et vulnérable. Et la phrase toujours très simple touche le plus souvent juste. Ce qui pour moi veut dire : rejoint presque constamment l’émotion.

Cette émotion on la retrouve je crois dans les photos que Milène Tournier m’a communiquées pour non pas illustrer ce Cahier mais en accompagner sous une forme autre sa projection vers le monde. Ces photos on ne s’étonnera pas trop finalement qu’elles soient celles de son propre père, Rémi Tournier que nous sommes heureux donc d’accueillir avec elle dans ce modeste travail d’édition qui n’a pas d’autre but que de contribuer, à travers les possibilités très larges mais souvent si mal employées de l’époque, à répondre au besoin d’art et de parole de notre temps. 

Cliquer pour télécharger ce Cahier en PDF



[1] Poèmes d’époque, publié en 2019 dans la collection Polder liée à la revue Décharge à qui revient le mérite d’avoir la première signalé l’intérêt de cette jeune auteure, est plutôt ce qu’il est convenu d’appeler un livret.