vendredi 18 octobre 2019

RECOMMANDATION. HABITER. UN LIVRE DE SEREINE BERLOTTIER ET JÉRÉMY LIRON AUX ÉDITIONS LES INAPERÇUS.

Comme on aimerait pouvoir rassembler en une seule et belle phrase, voire en un seul et beau livre profond, brillant, définitif, cette indécidable part d’intime réalité autour de laquelle de textes en textes, de tableaux en tableaux, de tentatives en tentatives, nous tournons en fragments, en images. Dans la sourde mélancolie de ne jamais pouvoir pleinement l’habiter.

Habiter. Oui c’est cela : habiter. Mais que faut-il encore entendre par ce mot ? Tant nos formes et

mardi 8 octobre 2019

RECOMMANDATION. LA POÉSIE INTIME ET POLITIQUE DE CHRISTINE CHIA. SINGAPOUR.

Nous n’avons pas besoin de vérité, mais de parole. C’est, à mes yeux, la suprême raison de l’existence de la poésie. Répondre, à travers le système commun d’une langue que nous partageons avec l’ensemble de nos semblables, aux diverses pressions que nous éprouvons de la vie, est en soi, comme un moyen d’échapper à l’angoisse de notre condition séparée. Tout en affirmant, par le travail d’art plus ou moins important que cela suppose, sa propre singularité.



Du commun et du singulier, la jeune poète singapourienne de langue anglaise, Christine Chia, dont Le corridor bleu propose aujourd’hui, réunis dans le même volume, la traduction par l’excellent Pierre Vinclair, des deux premiers recueils, La Loi des remariages et Séparation : une histoire, s’en réclame quant à elle de bien intéressante manière. En faisant, dans ce livre, se correspondre, en miroir, sa douloureuse histoire familiale et celle de la République de Singapour en la personne principalement de son ancien leader, Lee Kuan Yew, l’homme qui aura présidé à son rattachement à la Malaisie en 1963, avant d’être contraint, en 1965, de s’en séparer.


mardi 1 octobre 2019

FRUSTRATION DU POÈTE MODERNE. CE QUE GAGNERAIENT CERTAINS TALENTS À FUIR LES PASSIONS TRISTES.

« J’hésite toujours à applaudir les artistes et les poètes car ce n’est pas les aider que de les conforter dans leurs mauvais penchants hystériques et narcissiques »

Julien BOUTREUX


Le métier de poète engendre bien des frustrations. Aspirant comme chacun et peut-être un peu plus que les autres, à la reconnaissance, le poète, qu’il soit non édité, mal édité, bien édité mais toujours trop peu lu, jamais invité, ou si peu, sur les grands tréteaux culturels du temps – c’est son lot – ne s’estime jamais à la place, éminente, centrale, à laquelle en son for intérieur, il aspire. C’est que, même si ce qu’il lui arrive de produire se révèle au regard objectif d’un intérêt modeste, il est de ceux qui éprouvent au-dedans d’eux cette fameuse « puissance d’art » dont parle Nietzsche, qui l’amène à se persuader, peut-être pas d’ailleurs totalement à tort, qu’il est plus amplement ou profondément vivant que l’immense majorité de ses pauvres semblables.