mardi 29 novembre 2022

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. À LA RENCONTRE D’ALAIN LÉVÊQUE À L’ATELIER CONTEMPORAIN.


Je ne connais pas Alain Lévêque. Il me semble pourtant à le découvrir aujourd’hui dans ce livre de l’Atelier contemporain, intitulé À la rencontre, sous-titré, Carnets & essais sur des peintres, 2003-2020, que sa façon d’aborder la vie, la vie à travers la peinture, la poésie, les paysages, toute l’immensité des choses du monde, à partir de la reconnaissance largement consentie de notre finitude, qu’il est de ces esprits amis, de ces compagnies fraternelles que le temps, l’étude, les voyages, les rencontres, toute l’attention portée à ce qui nous entoure, m’auront heureusement permis de rassembler en moi.

vendredi 25 novembre 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. SHIFUMI DE LAURENT ALBARRACIN.

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Les amateurs de poèmes courts, j’imagine qu’il s’en trouve au moins autant sinon plus, que de poèmes longs, trouveront j’espère leur bonheur dans ces neuf shifumi – j’hésite à mettre ou pas un « s » - que j’ai retenus du dernier livre de Laurent Albarracin qui part donc de ce jeu bien connu emprunté au Japon qui lui a donné son nom. Chez nous le pierre, papier, ciseaux aura fini par supplanter la mourre, ce jeu du nombre illusoire des doigts qu’évoque dans L’Ermite, Guillaume Apollinaire. Oui, Guillaume, les humains savent tant de jeux ! Dont ceux qu’ils pratiquent avec les mots (nombre/nombril !), toutes les formes du langage, reportées sur la page, modulées par la voix, éclairées par l’esprit, sont loin d’être les moindres.

Au lecteur maintenant de jouer. Peut-être aussi d’arbitrer. S’il retrouve bien entendu la règle. Qui sans doute est extensive. Souple. L’art ayant quand même toujours besoin pour se parfaire, de liberté.

jeudi 24 novembre 2022

SHIFUMI. LE DERNIER OUVRAGE DE LAURENT ALBARRACIN AUX ÉDITIONS PIERRE MAINARD.

Geishas jouant à une variante du shifumi par Kikukawa Eizan, vers 1820

Finalement on aime quand la poésie s’en remet à ce que pour l’essentiel peut-être elle est faite. Jouer librement dans une forme bien à elle et reconnaissable, du rapport que notre langue entretient avec les choses parfois elles-mêmes inventées, donc avec la langue, que nous ne cessons, artistes si l’on veut, de recréer. Bon. Shifumi, le petit livre de Laurent Albarracin que viennent de publier les éditions Pierre Mainard, doit être dit par moi, aimable. Méritant d’être aimé. Sans pour cela qu’il cherche à plaire ou à faire illusion.

lundi 21 novembre 2022

À QUI VRAIMENT L’ATTRIBUER ? À PROPOS DE CONNAISSANCE DU CENTRE AUX ÉDITIONS LANSKINE.

Il y a des rues, du ciel, des toits, des arbres, des trains, des couleurs, des saisons, de l’air… et par-dessus tout, comment dire, la forte sensibilité, l’intelligence subtile, d’une femme qui participe ici de la respiration profonde, unique et puissante de l’univers. Les hommes n’y sont pas oubliés, certes. Mais ramenés en fait à leur échelle absurde, dérisoire. (p.92)

Poreuse au monde, Cécile Riou, de toute évidence l’est. Non seulement de façon passive comme on le voit souvent mais de manière active. Avec une constance en tout cas qui ne se dément pas.  « Promeneuse », elle se dit.  Démarquant bien ses itinéraires de tous ces parcours casaniers que dictent les obligations sociales, le souci de leur commune ou singulière rentabilité, (p.70) elle marche. Elle roule. Et vole. S’envole. De son appartement/terrasse au cœur de la ville de Bourges où en partie elle travaille, jusqu’au soleil, à la lune, aux étoiles, faisant sienne finalement la remarque de Pascal à propos de l’infini dont le centre comme il dit est partout.

mardi 15 novembre 2022

SUPPORTER L’INSUPPORTABLE. SUR LE LIVRE DE FRANÇOIS COUDRAY ÇA VEUT DIRE QUOI PARTIR AUX ÉDITIONS ALCYONE.

De quelle consolation sont capables les mots ? Face à la perte. Au deuil. À la souffrance, impossible chez certains, à supporter. Je ne sais. Ne sachant en fait qu’une chose : c’est qu’ils restent nécessaires. « Il fait plus clair quand quelqu’un parle » nous fait comprendre Freud. « Toute peine est supportable dans la clarté » écrit la philosophe Simone Weil.

Mettre des mots sur le suicide d’un frère plus jeune[1], s’interroger sur tout ce que la réalité comme le sentiment, de son absence, aura transformé et continue de transformer en lui, constitue le dur et sans doute indispensable travail auquel François Coudray s’est jeté au sens presque physique du terme, dans l’ouvrage qu’il fait aujourd’hui paraître chez Alcyone. Divisé en 3 courtes sections, Cendre[2], Lieu, Corps, émaillé de diverses expressions ou citations empruntées à une bonne dizaine d’auteurs aimés, Ça veut dire quoi partir est un livre par lequel une douleur tente progressivement de s’habiter elle-même, la déchirure d’une absence de se recoudre en présence, un vide enfin de se renverser en plein.

dimanche 13 novembre 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. PIERRE PERRIN.

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Pour compléter ma récente note de lecture sur l’ouvrage de Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, voici quelques poèmes qui viendront j’espère donner à leur lecteur l’envie d’en découvrir davantage. Les pédants s’ingénieront, c’est aussi leur droit, à examiner d’un peu plus près la manière dont l’auteur travaille à faire jouer le rythme ample déjà de ses vers, bien assourdi, c’est vrai, par l’absence de rimes, avec celui distinct de ses phrases, jouant souvent de leur non-coïncidence. Ce qui ne va sans doute pas sans essentielle signification. Tant le rythme en poésie parle. Les mêmes pédants, dont je suis bien entendu, ne manqueront pas non plus de rapprocher le caractère volontairement trivial parfois du poème, voir celui intitulé La Porte, de certaines poésies fameuses du premier Rimbaud. Celui d’avant les Illuminations. Par quoi se vérifiera le caractère filial, comme j’ai dit, de cette écriture qui sans doute ne sera pas trop bien accueillie par nos extrêmes contemporains. Ils n’oublieront pas pour finir de se pencher sur l’usage très personnel par Pierre Perrin de l’épigraphe. Un usage qui réhabilite cet élément en en faisant un élément essentiel du texte. Lui conférant souvent une dimension réflexive supplémentaire. Ce qui me conforte dans l’image que je me fais de ce poète anti- mallarméen au possible qui loin de vouloir comme c’est un peu la mode dans certains milieux, suspendre le sens, cherche par tous les moyens à le multiplier.

Et puis parce que tout pédant peut cacher sous sa glaçante écorce un cœur prêt à s’enflammer, ils ne résisteront pas à contempler longuement, comme en écho à tous ces mots, les pommes tellement présentes, vibrantes, de Courbet. Des pommes qui auront vu l’écroulement de la Commune. Mais n’en font que davantage éclater leurs couleurs sur un mirage d’éternité[1].



[1] Comtois comme lui, Pierre Perrin a consacré à son « pays » Gustave, et sous le titre Le Modèle oublié, un livre dont l’un des principaux mérites, à ma connaissance, est d’évoquer l’histoire de ce peintre à partir du regard de son principal modèle, Virginie Binet.