Les récents événements auxquels nous pensons tous
ont associé dans les esprits l’image d’un stade, celui du Stade de France, et
celle d’une violence considérée parmi les plus extrêmes et les moins humainement défendables. Fidèle à cette philosophie qui tend moins à apporter des réponses toutes faites qu’à tenter
d’élargir et d’approfondir la réflexion en se refusant autant que faire se peut aux simplifications
parfois grossières des journaux, aux réflexes mentaux dont nous pourvoient les formes diverses de dressage auxquelles nous sommes plus ou moins soumis, j'ai éprouvé le désir de
relire le texte magnifique du poète Ludovic Janvier, intitulé Grand Stade.
" à tout instant la planète
est ce stade où c'est l'heure
pour nous cocus pour nous
battus de s'amuser au match
l'heure où beaux gisants
du voir venir on assiste tranquilles
à la ruée sur nous des
morts plein cadre sans bouger
de nos gradins chacun chez
soi où tout vient apparaître
crier puis disparaître
entre stupeur et sommeil
soixante-sept morts à zéro
l'autre jour un beau score "
Ce texte paru dans Doucement avec l’ange, Prix des Découvreurs 2003, mêle dans un même regard l’évocation enthousiaste des exploits des plus grands sportifs qui enchantent nos vies et l’énumération déprimante des misères les plus sombres dont les écrans de nos télévisions organisent aussi le spectacle au point de nous amener à les confondre dans une aveugle et déprimante curiosité.
" Tout ce qui est sportif
est contre-révolutionnaire ! "
André Breton
Nous proposons à ceux qui en auront la curiosité
mais vive celle-là, de lire l’intégralité de ce long et beau poème qui montrera
également au passage qu’on peut se passionner pour le sport sans pour autant toujours mériter comme n’hésitait pas à le faire André Breton, mais aussi tellement d’autres,
d’être considéré comme un débile profond.
LIRE LE POÈME DE LUDOVIC JANVIER. En complément : un extrait d’une de ses
nouvelles intitulée La Passe et la
belle note critique consacrée à Doucement
avec l’ange dans la revue Europe
par Charles Dobzynski.
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