Affichage des articles dont le libellé est RECOMMANDATION. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est RECOMMANDATION. Afficher tous les articles

lundi 21 avril 2025

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. CLAPOTILLE DE LAURENT PÉPIN CHEZ FABLES FERTILES.

 


 

De retour un peu précipité dans mes lumières du Nord, je profite d’un moment de tranquillité pour dire ici l’intérêt que j’ai pris à lire l’ouvrage de Laurent Pépin qui m’a heureusement surpris par la singularité de son écriture et de sa conception. Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de texte pris pour le dire vite entre le frénétique monstrueux hérité des romantiques et de Lautréamont et le merveilleux de certains pans du surréalisme. Le nom de Clapotille m’a furieusement fait penser au vers de Rimbaud dans le Bateau ivre au point de me faire imaginer que le nom attribué par l’auteur à son personnage de Rêveuse dans un premier temps dévouée à protéger son père des Monstres, venait de là. J’ai pensé aussi, je ne sais pourquoi aux terribles histoires de Borel. Pétrus. Bon je sais que cela ne conduit pas trop loin mais la vie surtout a voulu que je comprenne à quel point la fabrique de nos imaginaires relationnels dispose en nous d’une puissance bien supérieure à cette raison dont on voudrait qu’elle soit capable de régler tous les problèmes. Dans la relation ainsi qu’établit l’ouvrage entre ses personnages, comme aussi à l’intérieur d’eux-mêmes, je suis sensible à cette double dimension de puissance / impuissance qui me semble être dans une certaine mesure le fond de notre condition. Que cela soit porté par un texte hissé haut dans l’imaginaire, bien loin des plats réalismes peinant quand même à dilater la pensée, n’est pas une des moindres réussites de son approche. Lisez donc Clapotille ! Que j’aimerais avoir le temps de rapprocher avec un peu de précision du beau livre aussi de mon ami Alexandre Billon,  Le Tutoiement des morts dont j’ai un peu parlé sur ce blog. Lis Clapotille Alexandre ! Lisez le Tutoiement des morts, Laurent ! Bien que ne me sentant pas moi-même habité comme le semble être leur auteur de Voix dévoratrices ou destructrices ou même seulement handicapantes ces textes auront dans une bonne mesure résonné en moi. Et ouvert des clartés.

samedi 15 mars 2025

LE VRAI POÈTE VOLCANIQUE DU MOMENT, C’EST LUI !


 

Merci à Henri Droguet de m’avoir adressé ce nouveau livre paru chez Gallimard où je retrouve, toujours avec le même plaisir, la façon bien à lui qu’il a de s’arranger avec les mots, la langue, de venir inlassablement la brasser, machiner, triturer, pour en faire ressortir tous les principes actifs qu’elle contient.

Le vrai poète volcanique du moment, c’est lui.

Oui. Dans le corps à corps éruptif toujours renouvelé qu’il entretient depuis longtemps avec le monde, Henri Droguet ne cesse d’ajouter aux quatre éléments dont nous disons qu’est composé l’Univers, ce cinquième qui n’est pour nous pas le moindre : la langue. Dans sa phénoménale inépuisable et surgissante inventivité.

 

mardi 25 février 2025

DEUX NOUVEAUX LIVRES DE VALÉRIE ROUZEAU À LA TABLE RONDE.


 

Bien reçu aujourd’hui les petits oiseaux de la petite dame. Avant de parler du tout dernier je ne peux m’empêcher de revenir sur ce Vrouz qui reparaît donc aujourd’hui dans la collection de poche des éditions de la Table ronde et que je ne saurais trop inviter chacun à lire comme à relire.

Ah ! que la vie est quotidienne […]

Non ! vaisselles d’ici-bas

Jules Laforgue Les Complaintes

 

Dans le monde de l’écriture poétique contemporaine, Valérie Rouzeau occupe une place très particulière. Elle apparaît comme une sorte de phénomène où se concilieraient à la grande satisfaction de nos plus anciens préjugés d’école, l’œuvre d’un côté, la vie de son auteur de l’autre. On aime chez Valérie Rouzeau cette impression qu’on a, quand on la voit, d’un être totalement raccord comme on dit, avec celui qu’elle nous donne à imaginer dans chacun de ses livres.

vendredi 21 février 2025

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. ÉRIC SAUTOU, LE SOUVENIR, AUX ÉDITIONS UNES.


 

Rassemblant les doutes, les inquiétudes, les interrogations, les images, les attentes, les constats souvent douloureux, qui font pour lui toute l’obsession de sa relation incomplète avec la vie, Éric Sautou, dans la claire et transparente opacité de son dernier livre, ne cesse d’exposer son existence à la plaque sensible d’une parole dont il faut entendre l’émouvante et incisive vibration.

mardi 11 février 2025

SAUTONS DANS QUI RESPIRE AVEC JADIS POÏENA D’HÉLÈNE SANGUINETTI CHEZ FLAMMARION.

CLIQUER POUR LIRE NOS EXTRAITS

SAUTONS

dans qui respire,

 

Se servir du point comme tremplin. De la virgule non pas comme une pause, mais une entaille, pour accélérer l’écriture, la pousser en avant. En avant ! C’est le mot d’ordre du poème dans l’œuvre d’Hélène Sanguinetti, même quand, traversé par un deuil, il se tourne vers le Jadis, « la douceur propre au jadis », comme elle l’écrit dans son Avant-Propos qui explique la raison pour laquelle elle a finalement accepté la proposition d’Yves di Manno, de conjuguer dans un même recueil son dernier livre-poème, Jadis, Poïena, sous titré une poème et son tout premier livre, Fille de Jeanne-Félicie, écrit il y a plus de 38 ans.

C’est en fait de mouvements et de relations, d’élans, de ruptures, de coups d’arrêt et de reprises, d’une suite syncopée d’impulsions que procède l’art poétique d’Hélène Sanguinetti. Qui cherche moins à rendre compte du réel qui l’entoure qu’à lui rendre coup pour coup, répondant toujours à la violence à la fois merveilleuse et terrible des choses par une façon bien à elle de stimuler, d’électriser la langue, pour la reconvertir en vie. Jusque dans la chute, la perte ou le regret.

Jadis, Poïena, d’Hélène Sanguinetti, est une mise en théâtre de voix venant de divers points répliquer, au sens presque sismique du terme, au deuil qui l’a frappé. Choc puissant dont les marques restent bien visibles à l’intérieur d’un(e) poème qui, à la façon des grandes lyriques d’autrefois, commence par invoquer les Muses, aujourd’hui devenues ombres et revient par deux fois, à l’intérieur de courts blocs de prose, sur l’enfant qu’elle a été, Fille de mère bien sûr, mais aussi de tout un paysage, milieu, matériel et humain, qui lui auront fait famille.

Alors, quand s’élèvent ces voix, jusqu’à celle de deuil qui aujourd’hui profondément les colore, il se produit la même chose dans sa langue qu’une explosion d’énergie qui fait, qui veut, que « des mers reculent / d’autres avancent », que les « fleurs/fanées se réveillent,/ se remettent/ en bouquet,/ de l’autre côté/ de la frontière, », tandis que les images toujours vives des anciennes amours reviennent, descendent « sans freiner/ à peine un bout/ de savate ROUIIIIINNNNN ! » jusqu’à l’eau de la rivière.

Ça sent bon alors « l’amour du sauvage », « l’amour des Huns ».

Ces « Huns » dont en même temps il importe de ne pas oublier la violence destructrice dont ils restent chargés dans notre imaginaire.