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mercredi 19 janvier 2022

ACCOMPAGNER VALERIE ! SUR LA SORTIE DE 4 ANCIENS OUVRAGES DE VALERIE ROUZEAU DANS LA PETITE VERMILLON.

C’est une bien bonne idée, que viennent d’avoir les éditions de la Table ronde : reprendre 4 des principaux titres de Valérie Rouzeau pour les proposer, sous de sympathiques couvertures réalisées par Jochem Bergen, dans leur collection de poche, la Petite vermillon.

De Pas revoir (1999) à Quand je me deux (2009) en passant par Neige rien (2000) et Va où (2002), cette publication en 3 volumes redonne ainsi à lire le meilleur des dix premières années de « la carrière » poétique de Valérie Rouzeau, celles qui l’auront je crois établie comme l’une des figures marquantes, les mieux reconnues et les plus attachantes de notre paysage poétique actuel.

Je ne reviendrai pas sur ces divers ouvrages que beaucoup ont déjà et souvent très bien présentés. Je profiterai simplement de cette sortie pour proposer tout particulièrement à celles et ceux qui voudraient partir à la rencontre de la poésie de Valérie, un petit choix de textes tirés de Quand je me deux, ouvrage que j’ai bien envie de proposer dans la future sélection du Prix des Découvreurs. Tant ce texte, il me semble, peut se prêter, en classe, à toutes sortes d’entrées libératrices et passionnantes, dans ce monde réputé austère et toujours trop intimidant qu’est demeuré, chez nous, la poésie.

mardi 16 février 2021

POÈTE ÉQUILIBRISTE. SUR LES DRAPEAUX DROITS DE BENOIT CAUDOUX AUX ÉDITIONS HÉROS-LIMITE.

 
Je ne connais pas Benoit Caudoux. Qui enseigne pourtant la philosophie dans une ville qui m’est proche. Et chère. Et se trouve être un spécialiste de Jean-Jacques Rousseau, auteur dont, en ce moment de notre histoire où tout, semble-t-il, tend à réduire la parole à un simple mécanisme réglé sur les représentations extérieures qui s’accordent à façonner nos étouffantes réalités, on ne saurait trop célébrer le mérite de nous rappeler toujours qu’elle est ou doit être, avant tout, énergie générée par les puissances intérieures de vie qui, pathétiquement, sourdement, nous affectent. Hors de tout mot. Et de toute grammaire.

 

Drapeaux droits, dont le titre – mais pas que - n’est pas sans me faire penser à ces fameux Poteaux d’angle de Michaux, est donc pour moi une découverte. Découverte d’une conscience, d’une sensibilité, dont les relations qu’elles entretiennent avec les choses, avec les êtres, avec elles-mêmes aussi, ne sont rien moins qu’évidentes, que transparentes. Conscient des pièges de la pensée autant que du langage sensé la soutenir, Benoit Caudoux s’interdit d’embrasser la vaste totalité de ce qui existe, en recourant à ces formules prétentieuses et ampoulées qui suscitent l’admiration des sots. Il sait à quel point nos phrases peuvent se gonfler de vent. Et que le bruit qu’elles font n’empêche pas leur vide.

Aussi se porte-t-il de préférence vers le rien. Le presque rien. La dérision aussi, qui l’amène parfois à révéler la trompeuse légèreté du langage à travers des jeux dignes de l’Almanach Vermot. C’est que ce poète joueur qui cherche à s’affirmer lucide, pratique parfois jusqu’à l’excès l’art de la mise à distance. Y compris avec lui-même. Cela donne une poésie d’apparence parfois détachée. Cérébrale et cependant bien sentie. Nous laissant des textes un peu secs comme tirés au cordeau. En équilibre périlleux souvent sur leur propre silence.

 

Drapeau est le nom d’une pièce d’étoffe dont l’image déployée affirme emblématiquement l’identité d’une nation, d’un groupe, voire symboliquement d’une idée. Fichant les drapeaux de ses poèmes sur le blanc de la page Benoit Caudoux affirme par là quelque chose non de son identité, notion pour lui problématique, mais de son expressivité, de sa qualité toujours un peu déroutante de vivant. Droits, ses drapeaux nous font comprendre aussi que quels que soient les interrogations, les angoisses, les doutes, les moqueries aussi que soulèvent, chez lui, tout autant les affectations de maîtrise, de sérieux, des piètres humains que nous sommes que les limites et les contradictions de notre triste condition, il n’est pas prêt de se résoudre, lui, à baisser pavillon.

 


Cliquer sur l'image pour découvrir en PDF quelques poèmes de Benoit Caudoux.

mardi 1 décembre 2020

POÉSIE DE CIRCONSTANCES. LE POÈME ATTESTATION DE FABIEN DROUET À LA BOUCHERIE LITTÉRAIRE.

Caractéristique des temps : la poésie n’en finit plus de s’inventer des formes. Sous la pression des circonstances que l’on sait un certain Fabien Drouet, poète à ses heures artiste aussi des rues, vient d’imaginer le poème attestation dont le non moins créatif petit Carné poétique conçu par l’éditeur Antoine Gallardo, nous livre divers échantillons sous le titre Je soussigné. La formule en est simple qui consiste à tourner en ridicule l’obligation au bon peuple faite de produire par écrit une raison pour justifier auprès des autorités de surveillance sa présence au sein de l’espace public. C’est drôle. C’est incisif. Et témoigne d’une des vertus essentielles de la parole qui est pour moi de répondre, c’est-à-dire de nous redonner subjectivement quelque chose du pouvoir qui nous est dénié, de nous redonner un peu de cet air dont quelles que soient les causes, nous nous sentons privés.

Extraits à titre d’illustration :