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vendredi 11 décembre 2020

POÉSIE/PARTAGES N° 2. SE COLTINER GRANDIR DE MILÈNE TOURNIER.

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J’ai rencontré la poésie de Milène Tournier il y a quelques mois suite à la parution de son premier vrai livre aux éditions lurlure[1]. L’intérêt de son écriture et sa capacité de résonance m’ont très vite semblé faire évidence. C’est la raison pour laquelle je lui ai demandé de m’adresser quelques textes pour ces Cahiers Numériques de Poésie en Partages que nous avons inaugurés avec Stéphane Bouquet. L’idée de faire alterner ainsi des poètes largement reconnus et des voix nouvelles de qualité me paraît une idée séduisante comme le fait aussi de pouvoir, grâce aux vertus du numérique, mettre de la façon la plus soignée et la plus stimulante possible, un aperçu du travail de tous ces auteurs, à la disposition des esprits curieux amateurs de belles découvertes.


Les textes que nous a donnés Milène Tournier sont des textes encore inédits qu’elle a rassemblés sous le titre évocateur de se coltiner grandir. Il s’agit d’une succession de textes courts qui tournent effectivement autour de cette expérience particulière de vivre qu’est celle de quiconque reste profondément attaché à l’esprit d’enfance, à la dimension protectrice et chaleureuse d’une famille attentive, tout en cultivant son inquiétude profonde du monde où il lui faut trouver solitairement sa place. Les mots du quotidien sont là comme ceux de la sensibilité ouverte et vulnérable. Et la phrase toujours très simple touche le plus souvent juste. Ce qui pour moi veut dire : rejoint presque constamment l’émotion.

Cette émotion on la retrouve je crois dans les photos que Milène Tournier m’a communiquées pour non pas illustrer ce Cahier mais en accompagner sous une forme autre sa projection vers le monde. Ces photos on ne s’étonnera pas trop finalement qu’elles soient celles de son propre père, Rémi Tournier que nous sommes heureux donc d’accueillir avec elle dans ce modeste travail d’édition qui n’a pas d’autre but que de contribuer, à travers les possibilités très larges mais souvent si mal employées de l’époque, à répondre au besoin d’art et de parole de notre temps. 

Cliquer pour télécharger ce Cahier en PDF



[1] Poèmes d’époque, publié en 2019 dans la collection Polder liée à la revue Décharge à qui revient le mérite d’avoir la première signalé l’intérêt de cette jeune auteure, est plutôt ce qu’il est convenu d’appeler un livret.

 

vendredi 20 novembre 2020

CAR TOUTE PEINE EST SUPPORTABLE DANS LA CLARTÉ. SUR LES ÉLÉGIES ÉTRANGLÉES D’OLIVIER BARBARANT.

MOTHERWELL, Spanish elegy with marine blue, 1977

Publié à l’origine le 17 janvier 2014 sur l’ancien blog des Découvreurs, suite à la rencontre que nous avions organisée au Channel de Calais pour des élèves du Lycée Berthelot, ce compte-rendu nous a paru intéressant à reproduire aujourd’hui sur notre nouveau blog. Dans la continuité de la toute dernière page de nos
Fastes consacrée à la suite donnée par Olivier Barbarant à la revue Contre-Allée.

 Pourquoi travailler à mettre ses émotions en mots? N'est-ce pas suffisant de les vivre, tout simplement? Surtout si elles sont douloureuses. Et qu'on sait l'écriture impuissante.
Un poème a t'il jamais ramené personne à la vie ?

Questions pertinentes auxquelles il est nécessaire d'apporter des réponses à la fois claires et constructives. C'est à cela que s'est employé le poète Olivier Barbarant face aux lycéens venus l'interroger sur ses Élégies étranglées.


Oui, pour Olivier Barbarant le poème part toujours d'une émotion. D'une émotion qu'il éprouve, c'est vrai, le besoin, la nécessité, de mettre en mots. Non pour l'intellectualiser, l'analyser, en produire une explication. Mais pour, la "réinscrire" dans le fil de son existence, "rebrancher " le langage sur ce qui a été vécu. Manière de faire coïncider quelque chose de très général et du coup partageable ( les mots) avec quelque chose de très personnel. Et toujours singulier.

jeudi 19 novembre 2020

FASTES ET AUTRES JOURS. JEUDI 19/11/2020. SUR LE DERNIER NUMÉRO DE CONTRE-ALLÉE. OLIVIER BARBARANT. LE POÈTE ET SES ÉMOTIONS.

Oui, l’émotion. L’émotion. Quand au bois par exemple il y a un oiseau. Que son chant vous arrête. Et vous fait rougir. Mais combien sommes-nous aujourd’hui à oser, mais aussi savoir, mettre en forme nos émotions. Les sublimer comme l’aura fait Rimbaud, en illuminations. Pour lui et pour les autres.

 

Ce n’est pas tout-à-fait d’émotion mais de sensiblerie, de sentimentalité, que part le texte que le poète Olivier Barbarant a placé, dans le dernier numéro de la revue Contre-Allées[1], dans la série intitulée par lui Un printemps divers. Réfléchissant à la triste situation dans laquelle, selon lui[2], nous nous trouvons plongés de ne pouvoir plus, sans ridicule ou sans honte, exprimer les mouvements, élans, entraînements, remuements de sensibilité qui nous traversent, renversent, en bien des occasions pour nous majeures de l’existence, il dénonce le caractère convenu de cette posture qui ne laisse finalement d’autre choix que de garder pour soi, sans en rien faire, la mémoire de ce qui nous aura ému.

 

Ainsi, « au poncif du larmoiement » écrit-il, ne pouvons-nous opposer que « le catéchisme de l’ironie ». C’est vrai que bien des confessions, bien des sentiments affichés ont quelque chose en eux de malpropres. Animés on le voit trop bien par le souci de l’image. Nourris de mauvaise littérature plus que de réalité. Mais diable ! comme l’écrit Paul Audi, dans un livre majeur, si l’esprit doit toujours continuer à jouer son rôle pour nous détourner des pièges de la barbarie, il est indispensable d’y associer « le cœur, si par ce mot l’on entend seulement la dimension de l’affectivité où se manifestent ce Jouir et/ou ce Souffrir en quoi se donne à sentir la passibilité même du corps de chair » qui est le nôtre[3].