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mardi 22 avril 2025

PARUTION : PÈRE LIBAN MÈRE SUISSE DE SYLVIE DURBEC AUX ÉDITIONS ROSA CANINA.


 

Le père. La mère. Des origines. Et puis des livres, des villes et des voyages. Plantes. Couleurs. Avec le temps qui passe, journées, peines et pertes s’additionnent. De quel pays peut-on se dire ? Et où se trouve la maison ? Je viens de recevoir Père Liban Mère Suisse, le dernier petit livre de Sylvie Durbec qui peut-être encore est mon amie. L’éditeur porte un nom de plante, Rosa canina. Qui est celui du rosier sauvage. Et sa profession de foi d’un bout à l’autre je la partage*. Merci Sylvie pour ton envoi. Que bien sûr je n’ai pas encore eu le temps de lire comme la poésie, celle qui compte, doit se lire vraiment. Dans une attentive patience. Mais déjà l’ayant feuilleté je retiens pour ce blog ce superbe poème d’apparence tout simple :

 

400 millions d’années

La fougère est vivante

Nous allons vivre un peu

ensemble

On me l’a donnée

en Suisse et je l’ai emportée

en France

 

J’ignore si elle va aimer

vivre de l’autre côté de la frontière

Entre nous

Entre deux villes

Entre deux forêts

Sur un escalier

 

"Les racines du Rosa canina avaient la réputation de guérir de la rage. Nous rêverions que certains de nos contemporains se soignent à la racine et guérissent de la haine, des croyances mortifères, de l’indifférence, de la cupidité – autres visages de la rage – pour enfin s’ouvrir à la complexité du monde, à une fraternité réelle. La crainte fugace que tous les Rosa canina sur Terre n’y suffiraient pas traverse en-dehors des épines notre conscience. Nous laisserons donc proliférer ces rosiers sauvages bannis des jardins bien entretenus."

samedi 15 mars 2025

LE VRAI POÈTE VOLCANIQUE DU MOMENT, C’EST LUI !


 

Merci à Henri Droguet de m’avoir adressé ce nouveau livre paru chez Gallimard où je retrouve, toujours avec le même plaisir, la façon bien à lui qu’il a de s’arranger avec les mots, la langue, de venir inlassablement la brasser, machiner, triturer, pour en faire ressortir tous les principes actifs qu’elle contient.

Le vrai poète volcanique du moment, c’est lui.

Oui. Dans le corps à corps éruptif toujours renouvelé qu’il entretient depuis longtemps avec le monde, Henri Droguet ne cesse d’ajouter aux quatre éléments dont nous disons qu’est composé l’Univers, ce cinquième qui n’est pour nous pas le moindre : la langue. Dans sa phénoménale inépuisable et surgissante inventivité.

 

mercredi 29 janvier 2025

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR JADIS, POÏENA UNE POÈME D’HÉLÈNE SANGUINETTI CHEZ FLAMMARION.


 Je reparlerai à coup sûr de cet ouvrage qu'Hélène Sanguinetti vient de m'adresser. Hélène Sanguinetti est avec Ariane Dreyfus l'un des tout premiers poètes sur lesquels il m'a été, il y a maintenant presque une trentaine d'années, proposé d'écrire dans ce qui était alors La Quinzaine Littéraire. J'avais bien aimé ce De la main droite exploratrice que j'avais alors découvert. Depuis j'ai eu l'occasion de rendre compte d'un certain nombre des ouvrages d'Hélène qui ont suivi. L'élan, l'inventivité, du poète qu'elle est, se confrontant avec la plus grande liberté à la nécessité de dire ces chocs terribles comme merveilleux, merveilleux comme terribles qui font notre rencontre avec la vie, sont de ces choses rares qu'il m'importe d'accompagner. 

jeudi 4 juillet 2024

RECOMMANDATION DECOUVREURS. AUSSI BAS QUE LES FLEURS DE DENISE LE DANTEC CHEZ UNICITE.


 

Depuis que je l’ai découverte, il y a maintenant plusieurs années, je suis et demeure un inconditionnel de la poésie de Denise Le Dantec. Son tout dernier livre ne fait que me conforter dans l’idée que nous avons bien avec elle, comme je l’écrivais dans la note de lecture que j’ai consacrée à La Poésie est sur la table, paru l’an passé aux mêmes éditions Unicité, une de nos voix poétiques les plus intéressantes et les plus humainement stimulantes du temps : « une poésie qui n’a que faire des simplismes, des intellectualismes, des formalismes, des platitudes, des renoncements ou des vulgarités contemporaines, mais qui, parfaitement au fait de tous les questionnements et de toutes les libertés qui auront marqué l’histoire poétique des cent dernières années, continue de porter au plus haut un désir de parole totalement ouvert sur le monde dans toute sa beauté comme dans sa non moins fondamentale monstruosité. »

mardi 18 juin 2024

UN JOURNAL DE CRISE PAS TOUT À FAIT COMME LES AUTRES. AU FAIT & AU PRENDRE DE JEAN-PASCAL DUBOST CHEZ TARABUSTE.


 

Il est ce qu’on pourrait appeler l’un de nos plus prodigues et aventureux logophiles, pour ne pas dire logolâtres. Depuis des décennies, Jean-Pascal Dubost s’ingénie, puisant à quantités de réserves verbales, force même étant présumées mortes, à tenter d’insuffler vie à d’ébouriffants objets de langue dont les matières par lui mâtinées, empiécées, recousues, surfilées, s’attachent au finir, à figurer le monde sans en passer par les communes illusions des parlages plus ou moins mal partagés du moment.

lundi 15 avril 2024

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR POÉSIES CRITIQUES DE J.P. CAZIER CHEZ LANSKINE.


 Les textes réunis ici - partiellement réécrits - ont été publiés dans la presse, écrits en vue de cette publication. [...] La critique dans la presse n’est pas une critique dont la valeur serait moindre par opposition à une plus «haute», plus ample et savante, à savoir la critique universitaire. Qu’une part importante de ce qui s’écrit dans la presse sous l’appellation de «critique littéraire» ne ressemble à rien n’est pas une fatalité.
[...]
La critique n’est pas l’exercice d’un jugement ni une évaluation scolaire. Elle n’occupe pas une position de pouvoir. La critique est de la pensée, elle doit être de la pensée avec l’oeuvre, avec le livre.
[...]
L’idée de livre pourrait être suspecte. Pourquoi un livre possèderait-il une unité ? Pourquoi serait-il un et non pluriel, multiple, changeant en cours de route ? Je préfère demeurer au ras des textes, de tel texte, un peu comme une taupe, en suivant des lignes, des mouvements, des ritournelles, des signes nécessairement obscurs. Et le lecteur, la lectrice, devraient se faire taupes. Il ne s’agirait pas de parler «du livre» mais de certaines lignes que l’on peut suivre, de certains mouvements, de certaines relations plus ou moins claires, plus ou moins silencieuses.

Jean-Philippe Cazier, pages 5 à 8


mardi 13 février 2024

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR ET DES DIZAINES D’ÉTÉS DORÉS DE JÉRÔME LEROY À LA TABLE RONDE.

 

Difficile de choisir dans ce dernier recueil de Jérôme Leroy le poème qui en donnera la note la plus juste ou incitera le lecteur de ce récépissé à se plonger – la métaphore ici fait sens tant la mer, les mers tiennent de place dans l’imaginaire de l’auteur – dans la lecture du livre.

Après Nager vers la Norvège que nous avons tant aimé avoir sélectionné pour notre Prix des Découvreurs d’avant juste le Covid, les poèmes qu’on pourrait dire acidulés et qui malgré la distance humoristique ou spirituelle que leur auteur tient le plus souvent à y maintenir, s’accompagnent toujours ne serait-ce qu’en sourdine d’un certain pincement au cœur. C’est que les textes de Jérôme Leroy semblent être constamment écrits « pas trop loin de la mort » voire même d’une disparition définitive de l’homme ce qui rend à chacun des menus plaisirs comme des grands bonheurs évoqués, le plus souvent d’ailleurs au passé, son caractère inestimable.

De cette sensibilité particulièrement aiguisée au temps, qui selon lui va très vite (p. 136), découle sans doute l’attrait chez Jérôme Leroy pour tout ce qui peut donner l’impression d’avoir su en arrêter la marche. Ainsi son goût pour les photographies anciennes, les polaroïds, les échoppes des bouquinistes, mais aussi les longs dimanches solitaires dans les petites sous-préfectures ou les terrasses, les jardins  dans lesquels s’allonger sur une chaise longue avec un thé et des livres anciens. Sans compter sur le plan formel le goût peut-être un peu facile du vers qui se répète, comme sur le plan de l’existence celui de remettre ses pas dans les lieux qu’on a déjà occupés.

Ainsi, pétris de nostalgie pour ces années d’enfance et de jeunesse abandonnées aux divers plaisirs qu’offre à ces âges l’existence, les poèmes de Jérôme Leroy nous font entendre la chanson désormais douce-amère d’une sensibilité amoureuse avant tout des plaisirs de la vie que pénètre « la certitude secrète enfouie que ce monde va mourir que nous sommes en sursis »(p. 162). Tout en se refusant de mettre pour l’instant le point final à rien qui ne puisse revenir ne serait-ce qu’en rêve ou dans le corps hospitalier, partageable et toujours rebondissant des mots.