jeudi 5 juin 2025

LES NOUVEAUX PARTAGES. NAVIS ONERARIA, SUITE D'UNE VISITE A NARBO VIA.


CLIQUER POUR OUVRIR LE PDF

 

Intituler une courte suite de poèmes, inspirée par la visite du beau Musée archéologique ouvert en mai 2021 à Narbonne pour rappeler le prestigieux passé romain de la ville, du nom de ces navires marchands que les populations des bords de la Méditerranée désignaient à l’époque antique sous l’appellation de navis oneraria, du latin onus qui signifie fardeau, peut sans doute surprendre.

 
Le poème pourtant, à mes yeux est transport. Il est aussi échange. Embarquant à son bord toutes sortes de matières, qui parfois sans doute l’alourdissent, il se propose d’en faire à sa façon commerce, au sens littéraire et malheureusement aujourd’hui bien vieilli, du terme, avec tous ceux qui sauront lui offrir, un jour et quelque part, l’hospitalité d’un port. 

 
La petite centaine de vers ici rassemblés, en compagnie de quelques photos qui ne prétendent à rien d’autre qu’à faire un peu voir ce que de mon côté j’ai vu, transporte ainsi avec elle moins la charge d’une émotion artistique que celle de l’émotion je dirai historique qui se sera de moi emparé découvrant dans ce remarquable musée de Narbo Via les multiples vestiges de toute une société disparue dont chaque objet ayant traversé non sans heurt et sans perte sa propre épaisseur de temps, rappelle qu’elle fut un jour bien vivante. À elle-même présente. Soucieuse aussi de sa postérité. 

 
La stèle funéraire de Marcus Careius Asisa, présentée dans la partie consacrée à évoquer le quotidien des hommes et des femmes qui peuplaient il y a quelque deux mille ans, l’antique cité, me sera ainsi apparue sinon comme l’allégorie du moins comme une forme singulièrement émouvante et exemplaire de cette relation fondamentale que nous entretenons avec le temps, celui de notre vie et celui non moins puissant qui de partout la déborde. Célébration de ce que nous fûmes. De ce que nous avons aimé. Désir irrépressible de permanence. Caractère dérisoire de ce qui survivra pourtant de nous. Conformisme aussi des représentations et des rites par lesquels nous nous donnons à voir.  

 
En isolant, parmi les riches souvenirs que m’aura laissés ma visite, ce « témoin muet de ce qui fut » j’ai tenté à travers le poème de faire un peu parler la pierre et les formes relativement conventionnelles qui lui auront été données. Utilisant la poésie pour ce qu’elle permet : non pas seulement de partager des connaissances ou des informations, mais d’en ouvrir autant qu’il lui est possible le sens par l’incitation très particulière qu’elle adresse au lecteur d’en éprouver de façon créatrice les rythmes, les sonorités, l’infinie richesse de connotations du mot, ainsi que les figures. Mordant est ainsi le nom d’une figure consistant à reprendre le déterminant d’un terme pour en amplifier la puissance. C’est aussi le nom de la substance dont on imprègne les tissus pour qu’ils prennent la teinture. Je ne sais si j’y serai parvenu mais ce que j’aurai surtout cherché ici à partager c’est le caractère mordant de ce complexe sentiment du temps que ma longue visite à Narbo Via m’aura fait éprouver. 

cliquer dans l'image pour feuilleter

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire