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dimanche 17 mars 2024

BOUÉES AMERS BALISES. CONTRE LA MOUTONNERIE POÉTIQUE !


 Comme il n’est pas de brevet pour l’invention poétique, il n’est aujourd’hui fils de bonne maison, pourvu du grade de bachelier ès lettres, et ayant un peu de lecture, qui ne parvienne à coudre convenablement ensemble quelques hémistiches de nos poëtes modernes. C’est le même procédé que ci-dessus, pour la prose : on exprime sa mélancolie aux dépens de Lamartine, son ironie avec de Musset, son indignation avec Barbier, son scepticisme avec Théophile Gautier. Chacun a fait son petit Lac, son petit Pas d’armes du roi Jean, son petit Iambe, sa petite Comédie de la Mort, sa petite Ballade à la lune. On emprunte les pensées avec le langage ; ou plutôt on se sert d’une langue riche pour déguiser le néant de sa pensée et la nullité de son tempérament. À part quatre ou cinq noms que je me dispense de citer, mais que chacun connaît, je demande si, dans les essais poétiques qui se sont manifestés dans ces dernières années, il est possible de voir autre chose que réminiscences et pastiches. N’est-ce pas toujours la mélancolie de Lamartine, la rêverie de Laprade, la mysticité de Sainte-Beuve, l’ironie de de Musset, la sérénité de Théodore de Banville ? Eh bien, je le déclare, en présence d’une moutonnerie si persistante, le poëte qui met la main sur mon cœur, dût-il l’égratigner un peu, irriter mes nerfs et me faire sauter sur mon siège, me semblera toujours préférable à cette poésie, irréprochable sans doute, mais insipide, sans parfum et sans couleur, et qui vous coule entre les mains comme de l’eau.

Charles Asselineau
in Appendice aux Fleurs du mal, Michel Lévy frères, 1868

vendredi 9 février 2024

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR LE CULTE DE L'IMPERSONNALITÉ D’AURÉLIE FOGLIA AUX ÉDITIONS DE LA RUMEUR LIBRE.

 

 

Quatrième de couverture
« Il n’y aura que les gens d’une mauvaise foi absolue qui ne comprendront pas l’impersonnalité volontaire de mes poésies » déclare Baudelaire. Cette impersonnalité qu’il revendique d’une voix spectrale, il en fait à la fois une machine de guerre contre le lyrisme romantique dit personnel, et une méthode tuante pour changer la poésie. Et cela, au prix de bien des malentendus avec l’« hypocrite lecteur », qui croit encore que le poète, c’est l’homme, et qu’on peut lire en lui à cœur ouvert. Ces préjugés du poème, Baudelaire s’emploie à les liquider dans l’encre noire de la mélancolie, quand le sujet lyrique en deuil de lui-même va se perdre dans « tout un monde lointain, absent, presque défunt », pour en extraire la modernité. 


Extrait :

Quand la vocation du sujet consiste à s’effacer, il libère la place de l’autre et se tient intensément disponible à lui, engageant «une éthique de l’altérité». Si l’impersonnalité fait la proposition d’un je sans le moi, l’émondant de ses adhérences autobiographiques, elle est aussi le ressort d’un «moi insatiable de non-moi » : altéré d’autrui. Cette soif le pousse à sortir de lui-même, soit dans la fusion avec les foules, soit dans l’extériorisation vague de la rêverie ou l’usage des stupéfiants. La démarche d’écrire, si elle y puise, dépasse le repli sur un vécu et ses particularités. [...] Le geste d’écrire qui évide et traverse le sujet devient le vecteur non pas d’une vie, mais de la vie.

p. 17-18


jeudi 20 mai 2021

CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2021-22. ET PUIS PRENDRE L’AIR D’ÉTIENNE FAURE AUX ÉDITIONS GALLIMARD.

Cliquer pour feuilleter sur Calaméo

 Second de nos Cahiers d’accompagnement pour le Prix des Découvreurs 2021-22, le document que nous mettons aujourd’hui en ligne est consacré à l’ouvrage d’Étienne Faure, intitulé Et puis prendre l’air. Publié par Gallimard ce livre se situe dans la droite ligne de l’idéal défini par Baudelaire dans ses Petits Poèmes en Prose, celui d’« une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ». Et comme chez son illustre prédécesseur si ce recueil brosse bien comme une série de tableaux de notre vie moderne, il n’en est pas moins aussi l’occasion d’exprimer la nostalgie de tout ce qui avec le temps, les temps, s’il n’a pas disparu, s’en va disparaissant. À commencer par les mots, les tournures, aujourd’hui délaissées que c’est un régal ici, au détour de la phrase de voir revivifiés.

Il sera, je pense, intéressant de faire réfléchir notre curieuse jeunesse à cette profondeur de langue, à sa capacité aussi d’entrecroiser tant de plans de réalité, intérieures comme extérieures. De donner ainsi, aussi bien à voir, à sentir, qu’à réfléchir et à rêver. Comme c’est le cas encore avec son medium propre du beau travail de Rémi Tournier qui a bien amicalement accepté d’accompagner les extraits que nous avons choisis de certaines de ses photographies.

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