vendredi 30 juin 2017

SÉLECTION DU PRIX DES DÉCOUVREURS. L’IMMENSITÉ DU CIEL DE JACQUES LÈBRE.

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Nous présentons aujourd’hui le petit dossier d’extraits du livre de Jacques Lèbre, L’Immensité du ciel, paru à la Nouvelle Escampette.

Le lecteur intéressé se reportera à la recension que nous en avons faite en son temps, sur ce blog.


Le Dossier final et complet du Prix des Découvreurs sera mis en ligne dans le courant de la semaine prochaine. Il précisera les modalités très simples d’inscription et apportera les précisions utiles aux professeurs qui souhaiteraient faire participer leurs élèves à cette opération dont nous rappelons qu’elle touche chaque année de très nombreux élèves de diverses académies.  Et surtout qu’elle vise à remplir une tâche éducative majeure : aider les jeunes des écoles à s’inventer eux-mêmes. Dans leur temps. À se constituer finalement en Sujets actuels de leur propre parole.

mercredi 28 juin 2017

SÉLECTION DÉCOUVREURS. MOUJIK, MOUJIK, DE SOPHIE G. LUCAS.

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Il est des livres qu’on n’écrit pas sans colère. Non de cette colère furieuse des forcenés mais de cette « triste colère » qu’évoque le poète Alexandre Blok qui monte en soi face aux manquements dont notre société nous fournit régulièrement le spectacle.

Non que nous soyons obsédés par cette façon dont nos sociétés traitent la foule de ceux qu’elle relègue de plus en plus à leurs marges. Dans un monde où des poignées d’hommes peuvent en toute apparente légalité posséder l’équivalent des richesses de tout un continent et où la plupart trouve normal qu’un sportif ou un dirigeant d’entreprise gagnent en un mois plus d’une vie de salaire d’un ouvrier qui risque, sur les chantiers qu’il enchaîne, sa santé quand ce n’est pas sa vie, la misère, si ce n’est au cinéma, ne fait pas vraiment scandale et même si dans nos villes elle s’expose assez clairement, nous savons parfaitement en détourner le regard, lui opposer une sorte d’opacité rétinienne, d’indifférence intime qui n’est sans doute qu’une des conditions du maintien de notre propre tranquillité ou sécurité affectives.

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C’est pourquoi un travail comme celui qu’a mené Sophie G. Lucas, avec moujik moujik que les éditions de la Contre Allée ont eu l’intelligence de rééditer après une première publication en 2010 aux Editions des Etats civils de Marseille, doit être tout particulièrement salué. Précédé par une épigraphe empruntée à Jehan Rictus, ce poète méprisé qui se voulait l’ « Homère de la Débine » et n’hésitait pas à en appeler à « la vaste et triomphante jacquerie, l’assaut dernier et désespéré des masses vers les joies d’Ici-bas, vers la vie heureuse et confortable, l’Art et la Beauté, tous les éléments du Bonheur dont les humbles sont injustement privés et auxquels ils ont droit », l’ouvrage de Sophie G. Lucas s’attache à ce « qu’on voit de nouveau ces hommes et ces femmes de la rue. Qu’on les regarde ». Qu’on se confronte à cette part de vie et de mort que leur corps, le décor dans lequel ils vivent et les mots qu’ils utilisent ont à raconter. À cet insidieux et collectif mépris de la personne qu’ils ont aussi à dénoncer.

dimanche 25 juin 2017

SÉLECTION DÉCOUVREURS. LES OISEAUX FAVORABLES DE STÉPHANE BOUQUET.


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Paru en 2014 aux éditions Les Inaperçus, l’ouvrage que Stéphane Bouquet a intitulé Les oiseaux favorables semble avoir effectivement peu retenu l’attention du petit nombre de ceux qui continuent à vouloir rendre la poésie qui s’écrit aujourd’hui, non seulement un peu plus visible mais surtout plus intelligible. Et par là nécessaire.

Pourtant ce livre ou plutôt ce livret qui selon le principe des Inaperçus qui est de faire se rencontrer deux univers et de trouver l’alchimie entre une écriture poétique et une création plastique contemporaines, dialogue avec une quinzaine de photographies du journaliste, écrivain et photographe Amaury da Cunha, peut constituer pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore une excellente porte d’entrée sinon dans l’œuvre, assez diverse, de Stéphane Bouquet, du moins dans l’esprit qui pour une grande part l’anime.

mercredi 21 juin 2017

IL Y A ENCORE DE QUOI CHANTER ! DOMAINE DES ENGLUÉS D’HÉLÈNE SANGUINETTI.


FRANZ MARC 1910 DER TRAUM

Non. Je ne crois plus trop que la parole critique – car la critique est parole avant d’être discours – ait aujourd’hui pour vocation de mettre à jour les mystères d’une écriture. D’en résoudre l’énigme. Nous sommes solitudes. Et c’est sûrement illusion de croire qu’il existe quelque part dans le monde, qu’il se trouvera un jour dans le temps, une sensibilité et une intelligence tellement frères, tellement sœurs, que nous serons enfin rejoints, compris dans notre totale et parfaite singularité.

Des livres comme ceux que publient Hélène Sanguinetti sont justement de ces livres qui, poussant à la limite leur propre affirmation d’être et de solitude peuvent nous aider à comprendre l’impasse dans laquelle s’engage quiconque voudrait trouver le mot, découvrir la formule, le magique abracadabra, qui ouvrirait pour chacun le sens d’une œuvre à tort considérée comme un bloc de significations d’une densité telle qu’il y faudrait une culture, une attention exceptionnelles pour en pénétrer, ne serait-ce qu’un peu, les principaux arcanes.

lundi 19 juin 2017

SÉLECTION DÉCOUVREURS. MA MAITRESSE FORME. NATUREWRITING DE SOPHIE LOIZEAU.

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Voici pour aujourd’hui ma courte présentation d’extraits du livre de Sophie Loizeau intitulé, en référence à Montaigne, Ma maîtresse forme. Le lecteur intéressé se reportera au billet que je lui ai consacré il y a maintenant quelques semaines.

Je rappelle au passage que ces extraits sont conçus pour donner une idée de l’ouvrage et inviter les futurs participants au Prix des Découvreurs à aller plus loin dans leur lecture. Non seulement en appréciant l’ouvrage dans sa totalité mais en mettant les textes le plus possible en réseau, en les faisant dialoguer avec d’autres textes reposant sur des thématiques ou des choix formels proches, ainsi qu’en les rapprochant d’autres formes d’art.

Sans s’abstenir bien entendu d’en repérer toutes les ressources pour libérer les écritures et les autoriser à toujours plus d’invention propre.

mercredi 14 juin 2017

POUR PIERRE DROGI. FULGURATION DE LA VIE.


TIEPOLO Métamorphose de Daphné détail
Reconnaissons notre erreur. Lorsqu’il y a quelque temps je me suis vu adresser Le chansonnier de Pierre Drogi publié à la Lettre volée, j’avais un peu rapidement classé cet ouvrage parmi les productions  de ces auteurs dont j’ai de plus en plus de difficulté à tolérer le manque de simplicité et le caractère par trop ostensible de leur prétendue modernité. C’est vrai qu’à lire du bout des yeux et de l’esprit, comme on fait le plus souvent d’un livre qu’on n’a pas vraiment désiré et qu’on ne fait que feuilleter comme on feuillette certaines personnes de rencontre dont on se dit qu’on ne les croisera plus, bien des choses nous échappent. Et nous pourtant qui, dans notre poésie, nous défions terriblement de tout effort d’étiquettes, avouons que nous ne sommes pas toujours parmi les derniers à enfermer les autres dans la bêtise de nos apathiques et fâcheuses définitions.

Car Pierre Drogi est poète. Et poète vraiment. Comme vraiment je les aime. C’est-à-dire poète traversé mais aussi traversant et ce n’est pas parce que les figures que dessinent ses poèmes sur la page ont un petit caractère mallarméen et dans leur très subtile ponctuation jouent savamment de leur relation typographique au blanc, qu’ils ne sont pas par-dessus tout parole et parole activée pour libérer un peu de ce qu’offre partout, mais à nous si difficilement, le monde : l’expérience d’une relation dégagée, désencagée, décollée de ces pancartes, affiches, écriteaux par quoi la pensée puis sa langue se condamnent à la seule et triste gymnastique  des mots.

Mouvement en profondeur du cœur qui accueille et répond, la poésie de Pierre Drogi, bien que nourrie d’une rare culture, est un « fluide simple », une circulation d’énergies prises on peut dire à toutes choses qui de chaque recoin de la création viennent s’y mélanger, s’y échanger, jouir de leurs métamorphoses pour nous arracher aux fausses certitudes des identités arrêtées et relancer l’infini commerce que nous n’aurions jamais dû suspendre avec tout ce qui de partout renverse et déborde : la vie.

mercredi 7 juin 2017

SÉLECTION DÉCOUVREURS. POUR UNE INTELLIGENCE ÉLARGIE DU VIVANT. NÉ SANS UN CRI D’AMANDINE MAREMBERT.

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J’ai pu il y a quelque temps dire sur ce blog tout le bien que je pensais du livre d'Amandine Marembert que nous avons choisi pour figurer dans la nouvelle sélection du Prix des Découvreurs qui sera lancée dans les classes en septembre prochain. Et je reste intimement persuadé que cet ouvrage sera pour les jeunes à qui nous le proposons plus qu’une simple découverte d’écriture. Il sera sûrement l’occasion pour eux de réfléchir à la manière dont les vies, toutes les vies, sont prises dans des formes et à la nécessité qui est la nôtre de faire l’effort d’entrer le plus possible dans la grammaire parfois bien différente des autres si nous voulons parvenir à une intelligence élargie du vivant.


Je le répète : la beauté du livre d’Amandine Marembert n’est pas réductible à sa dimension anecdotique, psychologique ou médico-sociale. Elle est politique, philosophique et artistique. En un mot poétique dans la mesure où chaque page y est exemplairement vécue comme une tentative de rejoindre par la parole ce qui reste pour nous sans mots. Ce monde « hiéroglyphe » et singulièrement autre qui ne communique avec nous qu’à travers sa respiration. Ses gestes. Ou le profond remuement qu'il nous faut bien apaiser de son silence.

lundi 5 juin 2017

SÉLECTION DÉCOUVREURS. GÉNÉROSITÉ DES MORTS. LAME DE FOND DE MARLÈNE TISSOT.

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« Je voudrais écrire mieux » affirme Marlène Tissot dans Lame de fond, l’ouvrage que nous venons de sélectionner pour l’édition 2017-18 du Prix des Découvreurs. Certes, malgré tout le talent dont un auteur peut disposer, il lui est difficile de hausser sa parole au-dessus des clichés qui s’offrent spontanément et de trouver les mots qui parviennent à répondre à l’appel que nous adressent les êtres et les choses par lesquels nous faisons parfois l’expérience de nous sentir traversés.

Alors, dire ce qu’une jeune vie doit à une autre qui vient de disparaître et tenter de la reconstituer vivante au cœur d’un petit livre d’une soixantaine de pages, est une entreprise dont chacun comprend bien à quelles nécessités intérieures elle correspond et à quelles impossibilités bien sûr elle se heurte. Mais là est le combat depuis toujours de la littérature. D’affronter sa propre impuissance. Et de la cendre des mots tout faire pour qu’en rougeoie à l’intérieur de nous les braises.

Lame de fond de Marlène Tissot, comme l’indique clairement son titre, est de ces livres portés par un désir et une maîtrise de parole qui parviennent justement à retenir un peu de ses chaleurs et de son mouvement à la vie qui déserte. Non à ressusciter bien sûr les temps ou les êtres pour toujours en-allés mais à les constituer quand même en vibrants paysages. Dans la perception juste et émotionnellement vérifiée de leurs distances. De leur durable et émouvante interpellation.

À la lecture de ce beau livre, un jeune lecteur comprendra peut-être alors comment la quête de l’autre peut conduire à une redécouverte en profondeur de soi. Et quelles forces vives se communiquent parfois du souvenir des morts qui ont su nous aimer.

Peut-être aura-t-il ainsi la chance de comprendre que nous ne sommes jamais seuls et que ceux qui sont condamnés à mourir vraiment sont ceux dont personne jamais plus ne se souvient. D’où la nécessité de se poser et reposer sans cesse la même question du sens que nous voulons donner à notre propre vie et de l’importance de ce que nous devons à ces morts généreux qui, n'ayant jamais de leur vivant tenté de nous soumettre aux tristes obligations de la réussite sociale continuent de nous encourager à « avancer dans la bonne direction ».

NOTE :

Les extraits que nous proposons ici de lire seront repris dans le dossier final de l’édition 2017-18 du Prix des Découvreurs qui devrait être disponible début juillet.