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mardi 27 avril 2021

CE BIEN JOUIR ET BIEN PENSER D’ÉCRIRE. ASSEMBLAGES ET RIPOPÉES DE JEAN-PASCAL DUBOST AUX ÉDITIONS TARABUSTE.

C’est une nouvelle fois à « débauche plumitive au long cours » que les éditions Tarabuste invitent le bénévole lecteur – il en reste – avec Assemblages et ripopées composés par cet opiniâtre Ouvrier Verbal Complexe Qualifié (O.V.C.Q.)[1] qu’est Jean-Pascal Dubost. Reprenant ici des textes pour la plupart déjà parus dans diverses maisons suite à ces Résidences d’écriture « par quoi l’écrivain revêt officiellement sa fonction essentielle d’écrivain en temps donné (rétribué) et lieu précis », l’auteur, appareillant comme toujours les « mille (et plus) subtilités des langages humains » s’adonne à cet art du mélange et de l’invention fait avant tout chez lui des rencontres fécondes que suscite la fréquentation minutieuse autant qu’aventurée des textes anciens comme bien sûr modernes et des milliasses de dictionnaires, glossaires, listes, répertoires, tables, index, lexiques dont on imagine ses bibliothèques pleines jusqu’à craquer. 

 

Écrit suite à un séjour d’auteur à proximité d’un vignoble, celui de Grignan-les-Adhémar, Assemblages, le premier ensemble du recueil, sensé évoquer les plaisirs du vin, célèbre pour commencer l’intense fermentation d’intelligence et de langue mêlées par quoi s’élabore « en fût céphalique » le poème qui comme un bon vin se fait « d’assemblages de différents terroirs lexicaux et champs sémantiques favorisés cependant par une bonne exposition aux dictionnaires, aux documents » et paroles entendues. La métaphore file alors malicieusement de l’une à l’autre de ces deux éjouissantes réalités dont le commun est de réchauffer tant les sens que l’esprit et de se prêter, par travail éclairé portant sur choix des meilleures matières, à l’élaboration de produits inédits et goûteux.

 

Ripopées, terme qui lui aussi appartient au lexique du vin,  quoique connoté cette fois de façon négative, encore qu’il est des ripopées – j’en ai l’expérience – proprement extraordinaires tel cet Edelzwicker un soir bu dans une winstub de la rue des Juifs à Riquewihr, Ripopées donc, ensemble de textes adressés au cher Ronsard, pour cause cette fois de résidence au prieuré de Saint-Cosme où vécut et mourut l’illustre Sonneur Vendomois, n’est qu’une autre façon de cogner de la langue contre celle du maître ancien, s’amusant aux formes par lui expertement pratiquées, Epître, Epigramme, Imitation, Folastrie, Épipalinodie, Hymne, Dithyrambe, Epitaphe… pour jouir encore et encore du plaisir de « débigoter la langue dans la démesure du possible » sans s’abstenir de moquer au passage, en toute impertinence, le peu d’effets de ses vers amoureux sur la gent féminine et son souci trop marqué de la postérité, dite « branlette pérenne ».