Le père. La mère. Des origines. Et puis des livres, des villes et des voyages. Plantes. Couleurs. Avec le temps qui passe, journées, peines et pertes s’additionnent. De quel pays peut-on se dire ? Et où se trouve la maison ? Je viens de recevoir Père Liban Mère Suisse, le dernier petit livre de Sylvie Durbec qui peut-être encore est mon amie. L’éditeur porte un nom de plante, Rosa canina. Qui est celui du rosier sauvage. Et sa profession de foi d’un bout à l’autre je la partage*. Merci Sylvie pour ton envoi. Que bien sûr je n’ai pas encore eu le temps de lire comme la poésie, celle qui compte, doit se lire vraiment. Dans une attentive patience. Mais déjà l’ayant feuilleté je retiens pour ce blog ce superbe poème d’apparence tout simple :
400 millions d’années
La fougère est vivante
Nous allons vivre un peu
ensemble
On me l’a donnée
en Suisse et je l’ai emportée
en France
J’ignore si elle va aimer
vivre de l’autre côté de la frontière
Entre nous
Entre deux villes
Entre deux forêts
Sur un escalier
*
"Les racines du Rosa canina avaient la réputation de guérir de la rage. Nous rêverions que certains de nos contemporains se soignent à la racine et guérissent de la haine, des croyances mortifères, de l’indifférence, de la cupidité – autres visages de la rage – pour enfin s’ouvrir à la complexité du monde, à une fraternité réelle. La crainte fugace que tous les Rosa canina sur Terre n’y suffiraient pas traverse en-dehors des épines notre conscience. Nous laisserons donc proliférer ces rosiers sauvages bannis des jardins bien entretenus."
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