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À partir de l’évocation de la disparition de L’Oiseau blanc, l’avion de Nungesser et Coli, disparu en 1927, la poète Frédérique Soumagne, réalise l’exploit de nous faire dans son détail kaléidoscopique revivre toute une époque avec ses rêves, ses inventions, sorte d’opéra fantastique où l’ensemble des passions humaines déploient leurs énergies pour le meilleur et pour le pire dans un monde, traversé de grandes forces cosmiques, qui ne cesse de s’ouvrir et de se transformer.
Loin des petits poèmes de ces ravis de la crèche, « effaceurs de réalité [1]», qui se perdent en célébrations convenues, le texte de Frédérique Soumagne s’anime ici d’un infatigable élan qui tout au long des quelque 340 pages que compte son ouvrage, lui permet d’accueillir quantité de ces matières qui composent notre monde tant physique, social que mental. On pense pourquoi pas aux emportements d’un certain Walt Whitman et de façon plus lointaine à certains des grands textes de l’Apollinaire moderniste, lui aussi grand brasseur d’horizons.
En fait, Avions de Frédérique Soumagne, réinvente à sa façon le geste épique de nous redonner à voir dans son ampleur et toutes ses contradictions notre propre civilisation. Car l’épopée comme s’est employé lui aussi largement à le démontrer notre ami Jacques Darras, est loin d’être un genre aujourd’hui condamné. Surtout si, comme le fait Frédérique Soumagne, elle s’invente de nouvelles façons de s’accorder à nos vies en ouvrant à nos imaginations de nouvelles dimensions et d’espace et de temps. Dans une langue bien entendu débarrassée des « frusques, fastes, tentures, draperies des progressions épiques anciennes[2] ». Riche au contraire de tous les savoirs, les rêves et les rythmes tourmentés, chaotiques, inépuisables, du présent.
[1] Expression de Jacques Darras à propos de Saint-John Perse dans Épique ! Le Castor Astral, 2021.
[2] Ibid.

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