dimanche 17 janvier 2016

POÈMES POUR QUELQUES-UNS. CINÉ-PLAGE D’ETIENNE FAURE.

THESEE ET PROCUSTE
J’aime la poésie d’Etienne Faure. Comme j’aime la poésie de Jude Stefan dont je la sens, peut-être à tort, souvent très proche. Et cela me peine de savoir que ce type d’écriture sensible, intelligent, attentif et savant, tout habité de loin et de longtemps, n’est plus en mesure aujourd’hui de retenir qu’une maigre poignée de lecteurs, tant l’époque imbécile n’y entend plus qu’ « un cri de vieille poulie rouillée de bateau qui grince [...] envoyé par le fond ».

Ce n’est pas que la poésie d’Etienne Faure s’élève à d’inaccessibles hauteurs, qu’elle entretisse d’impénétrables spéculations qui ne pourraient qu’en écarter le vulgaire. Loin de là ! Cette poésie ne nous parle que de nous. De nos vies quotidiennes. Saisies à hauteur de notre regard d’homme. À travers les plus communs de nos affects : regrets, nostalgies, éblouissements, espérances... l’égarement surtout que nous ressentons d’être là face à la vie, les vies, puis la nôtre, qui passent.


Seulement dans un monde où de plus en plus nombreux se comptent ceux qui, à l’élaboration en profondeur et suspensive de la parole, préfèrent le flash illusoire du cliché, la poésie d’Etienne Faure, qui se soucie de rythme et de syntaxe, a le souci vraiment du mot considéré comme un être vivant et joue de ces multiples superpositions temporelles et culturelles qui animent en profondeur nos flux d’imaginaire, ne saurait être jugée que complexe, élitiste puisque c’est le terme par lequel on révoque tout ce qui refuse encore de venir s’allonger sur le lit de Procuste de nos médiocrités revendiquées.

Bon. J’ai bien conscience de ne pas trop servir ici les intérêts de Ciné-plage en entamant ce billet d’une telle manière. Au moins celui-ci rappellera-t-il à quel point il est urgent que chacun joue son rôle pour éviter que ne se perdent, avec certaines capacités de lecture, un peu, beaucoup, de l’intelligence que nous avons encore de nous-mêmes et du monde. Et de nous DANS le monde. Parmi tout ce qui stupéfie. Puis renverse. Mais aussi nous exalte. Et ranime!


Alors quoi de mieux que de soumettre au lecteur deux ou trois de ces subtiles compositions où se donneront à entrevoir la manière bien à lui qu’a Etienne Faure de découpler, remarier, recomposer, à voix plus ou moins claire et en un sempiternel essai contre l’indifférence et la perte, ces choses de tous les jours et de toutes les vies par quoi se trouve nourri et proprement élargi notre sentiment d’être. C’est ici. 

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