THESEE ET PROCUSTE |
Ce n’est pas que la poésie
d’Etienne Faure s’élève à d’inaccessibles hauteurs, qu’elle entretisse
d’impénétrables spéculations qui ne pourraient qu’en écarter le vulgaire. Loin
de là ! Cette poésie ne nous parle que de nous. De nos vies quotidiennes.
Saisies à hauteur de notre regard d’homme. À travers les plus communs de nos
affects : regrets, nostalgies, éblouissements, espérances... l’égarement
surtout que nous ressentons d’être là face à la vie, les vies, puis la nôtre,
qui passent.
Seulement dans un monde où de
plus en plus nombreux se comptent ceux qui, à l’élaboration en profondeur et
suspensive de la parole, préfèrent le flash illusoire du cliché, la poésie
d’Etienne Faure, qui se soucie de rythme et de syntaxe, a le souci vraiment du
mot considéré comme un être vivant et
joue de ces multiples superpositions temporelles et culturelles qui animent en
profondeur nos flux d’imaginaire, ne saurait être jugée que complexe, élitiste puisque c’est le terme par
lequel on révoque tout ce qui refuse encore de venir s’allonger sur le lit de
Procuste de nos médiocrités revendiquées.
Bon. J’ai bien conscience de ne
pas trop servir ici les intérêts de Ciné-plage
en entamant ce billet d’une telle manière. Au moins celui-ci rappellera-t-il à
quel point il est urgent que chacun joue son rôle pour éviter que ne se perdent,
avec certaines capacités de lecture, un peu, beaucoup, de l’intelligence que
nous avons encore de nous-mêmes et du monde. Et de nous DANS le monde. Parmi
tout ce qui stupéfie. Puis renverse. Mais aussi nous exalte. Et ranime!
Alors quoi de mieux que de
soumettre au lecteur deux ou trois de ces subtiles compositions où se donneront
à entrevoir la manière bien à lui qu’a Etienne Faure de découpler, remarier, recomposer, à voix plus ou moins claire et en
un sempiternel essai contre
l’indifférence et la perte, ces choses de tous les jours et de toutes les vies
par quoi se trouve nourri et proprement élargi notre sentiment d’être. C’est ici.
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