J’ai rencontré la poésie de Jean-Marie Perret il y a près de 20 ans. Il venait de publier chez Obsidiane un ouvrage qui m’a immédiatement retenu par l’intensité avec laquelle il s’efforçait de rendre jusque dans ses évocations de la mort la puissante vitalité à l’œuvre dans le monde. Celui de la nature comme celui des hommes qui l’habitent, la parcourent et par leur industrie, leur art, la transforment. Et je me suis toujours étonné que ce poète habité par toute une bibliothèque dont il partage quotidiennement sur les réseaux sociaux l’infinie richesse, ne soit pas davantage considéré. Mais rien peut-être d’étonnant à cela : la poésie de Jean-Marie Perret ne cherche pas à faire mode. À se produire sur les tréteaux. Elle ne cherche qu’à être. À dire, rien que pour soi peut-être, ce qu’il y a d’unique, de rayonnant, de déchirant finalement, à se sentir au monde. Parmi tout ce qui traverse.
C’est pourquoi je suis heureux de l’avoir convaincu de nous livrer une sélection des poèmes publiés en 2002, chez Obsidiane, sous le beau titre de Grande liberté de l’air au-dessus du fleuve et d’avoir à cette occasion découvert qu’il était aussi peintre, graveur et je crois même musicien. Un artiste complet donc que le souci de l’art n’aura pas empêché d’exercer le métier de postier ce qui le rapproche à mes yeux d’un autre poète que tout particulièrement j’estime, Jacques Lèbre dont j’ai parlé à plusieurs reprises sur ce blog.
Ces Cahiers numériques de Poésie en Partages sont donc ici l’occasion de redonner une nouvelle vie, une nouvelle chance à des textes qu’on aurait tort d’avoir oubliés. Et de les mettre en relation avec un autre domaine artistique qui dans le cas présent, comme on le verra, témoigne à sa manière aussi du dynamisme, de la vitalité, du puissant élan vers la vie qui anime leur créateur. J’espère que ce numéro trouvera le même écho, large, que ceux que nous avons consacrés à Stéphane Bouquet, Milène Tournier, Mary Oliver et tout dernièrement à James Sacré. En attendant ceux que nous devons prochainement réaliser avec notre amie Lili Frikh, la jeune Marine Riguet et bien d’autres dont nous aurons à reparler.
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