Dans quoi se donne l’être ? Et comment, pauvres humains
dotés de langue et de parole, répondons-nous à cet appel que nous sentons venir
des choses comme de l’intérieur de nous. Il y a beau temps que nous ne croyons
plus au pouvoir merveilleux des mots, à celui plus compliqué de la nomination,
pour y enclore à coup sûr ce que nous sentons bien maintenant qui toujours leur
échappe : cette présence, cette évidence à la fois intellectuelle et
sensible qui est pour nous la marque d’une existence reconnue. Dans sa chair.
Et qui touche.
Je ne sais ce qu’est en soi une parole vivante. Il est
toujours plus aisé de repérer les paroles absentes. Absentes de leur sujet. De
leur projet. Du mouvement ou de la dynamique par quoi elles sont supposées être
portées. Et quant à ramener ces paroles vivantes, celles le plus souvent des
auteurs qu’on admire et se répète sans trop chercher toujours à les comprendre,
à des raisons supposées éclairantes, qu’on pourrait alors partager, c’est une
tâche qui pour m’avoir été longtemps imposée, ne m’est pas devenue plus aisée.
Bien au contraire.