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Je suis heureux de
publier sur ce blog le bel article que Cécile Vibarel m’a envoyé sur la
magnifique figure de Charlotte Delbo.
Comme l’écrivait, en
2013, dans le Monde, le célèbre
écrivain et journaliste Jean Hatzfeld,
c’est bien « une trilogie d'une
beauté littéraire à couper le
souffle » qu’au début des années 70, les Editions de Minuit
publiaient, sous le titre d’"Auschwitz
et après". L'auteur, Charlotte Delbo, ne faisait pas qu’y témoigner de
toute l’horreur des camps où, communiste résistante, arrêtée en 1943, elle fut
déportée. Elle y faisait preuve d’un formidable talent d’écrivain. D’une telle
capacité à comprendre et à répondre aux si complexes enjeux humains et
mémoriels que pose l’élaboration d’une parole de vérité sur ces réalités qui
excèdent le champ de compréhension de l’intelligence et de la sensibilité ordinaires
que l’on ne peut que s’étonner et même s’indigner de la voir toujours aussi mal
reconnue.
Car en de telles
matières, c’est peu de dire que le savoir abstrait, technique, intellectuel ne
suffit pas et comme le dit cette autre grande figure féminine de la
déportation, l’historienne Germaine Tillon, à propos de Ravensbrück :
« Combien y-a-t-il d’historiens, de
psychologues, d’ethnologues – les spécialistes de l’homme – qui lorsqu’ils
assemblent leurs fiches, ressemblent à un sourd de naissance copiant les dièses
et les bémols d’une sonate ».
Ainsi face à ceux
qui rechignent à associer l’idée de style ou de littérature à son travail sur
les camps, le rabattant régulièrement au plan du témoignage, Charlotte Delbo
n’aura de cesse de proclamer non seulement son droit à en faire, comme elle
l’entend, usage, mais sa nécessité ! « Il serait interdit d’avoir un style d’écrivain, d’écrire dans une forme
poétique à propos d’Auschwitz » répond-elle à un journaliste de Combat qui l’interroge, « mais seule cette forme, seul ce style
permettent de communiquer ce que j’avais à communiquer, de faire voir ce que je
voulais faire voir ».
Oui, Charlotte Delbo a un style. Un style qui au contraire de beaucoup d’autres qui encombrent aujourd’hui les étals, compatissant, mais de loin et pour la galerie, aux tristes malheurs du monde, n’a jamais été conduit par le besoin de se faire valoir. Et ses lecteurs, je veux croire, y sentiront à chaque page, comme le
montrera par ailleurs le billet que nous lui avons il y a quelque temps déjà,consacré, à quel point ses livres sont faits de douleur et d’amour, réellement partagés.
Merci donc à Cécile
Vibarel de donner ici l’occasion à nos lecteurs de découvrir ou de se remémorer
un des auteurs qui nous sont chers et auquel nous souhaitons de tout notre cœur
que les établissements scolaires fassent un bien plus large accueil.
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