CLIQUER DANS L'IMAGE POUR OUVRIR LE DOCUMENT |
Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
lundi 2 juillet 2018
vendredi 29 juin 2018
CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2018-19 : CARNET SANS BORD DE LILI FRIKH.
CLIQUER DANS L'IMAGE POUR VOIR LE PDF |
J’ai déjà pu rendre compte dans ce blog de l’intérêt que le livre de Lili Frikh a suscité chez moi. Je suis
persuadé que cet ouvrage qui attire particulièrement l’attention sur la
relation fondamentale qui existe entre la vie et la parole, bien au-delà du
simple fait d’écrire et de trouver, comme on dit, ses mots, est de nature à faire
découvrir aux jeunes à quelles nécessités peut répondre aujourd’hui, comme
toujours, la poésie. Même si, comme ici, elle est prose. Et apparaît sans oripeaux.
mercredi 27 juin 2018
CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2018-19 : LETTRES D’UNE ÎLE D’ALEXANDRE BILLON.
CLIQUER DANS L'IMAGE POUR OUVRIR LE PDF |
Depuis plusieurs années, nous proposons à l’intention des
jeunes qui auront, grâce à leurs professeurs, la chance, car c’est une chance,
de participer, au Prix des Découvreurs, un Dossier leur permettant dans un
premier temps de découvrir l’ensemble des 7 ouvrages que nous avons choisi de
soumettre à leur curiosité. Richement illustrés et accompagnés de divers liens
et références, ces dossiers visent aussi à aider les professeurs dans leur
action - qui devrait devenir de plus en plus importante - d’accompagnement des élèves en termes de
formation culturelle et artistique. Notre ambition étant ici de placer la
poésie au cœur des arts.
Nous publions aujourd’hui le premier Cahier composant ce
Dossier : il est consacré au beau livre d’Alexandre Billon, Lettres d’une île, publié par p.i.sage intérieur.
mercredi 20 juin 2018
AUTOPORTRAIT AUX SIÈCLES SOUILLÉS DE MICHAEL WASSON. OU QUE SAUVER DE CE QUE, MONSTRE, L’HISTOIRE A ÉCRASÉ.
« Je suis en partie monstre, en partie animal, partie eau, partie
histoire, partie chant, partie farceur, toujours le sang rencontre l’eau &
asperge la terre ».
C’est à partir de ce sentiment de
personnalité éclatée, diffractée - en parties violemment concurrentes ou
contraires - jetée au cœur d’une réalité et d’une histoire cruelles, que le
poète américain Michael Wasson, d’origine Nimíipuu ou Nez-percé, une des plus
vieilles tribus indiennes, qui occupait autrefois les territoires de l’Idaho et
du Montana, a composé cet Autoportrait
aux siècles souillés, que les éditions des Lisières viennent de publier
dans une traduction de Béatrice Machet.
samedi 16 juin 2018
DITES MERCI AUX POÈTES PRÉTENDUMENT ILLISIBLES !
Oui « bien
fou du cerveau » comme dirait La Fontaine qui prétendrait en quelques
lignes, sinon quelques mots, porter sur
le véritable foisonnement des poésies actuelles en France, un jugement complet,
impartial ou définitif. Nous sommes un certain nombre à lire sans esprit de
chapelle, avec un appétit véritable, dans un esprit d’accueil et de
découvertes, quantité d’ouvrages. Dont pour certains nous faisons l’effort tout
aussi véritable, de rendre compte. Sans nous contenter de quelques mots hâtifs
ou mensongers. Et pourtant qui d’entre nous peut se targuer de tout connaître.
Partant de tout pouvoir juger. Personnellement je suis persuadé que si la
poésie, les poésies d’aujourd’hui, ont quelque chose à apporter c’est précisément
par l’exemple qu’elles donnent de ces multiples singularités qui chacune semble
s’être autorisée à advenir comme Sujet,
Sujet à part entière à l’intérieur
d’une langue qui par ses multiples emplois, tend à l’inverse, de plus en plus,
à travers ce qu’on appelle la communication, à nous assujettir aux discours
intéressés de l’autre. Cette « fabrique » du Sujet, chacun en poésie
la tente à sa manière. Plus ou moins juste. Plus ou moins aboutie. Dans son
arbre généalogique. Je veux dire à partir de ce que les hasards de la vie et de
ses propres lectures ainsi que les conditions générales de sa propre
sensibilité, lui permettent d’atteindre. Il en résulte, considérablement
accentué par l’explosion de toutes les libertés que la poésie depuis plus d’un
siècle s’est attachée à conquérir, au point de ne pouvoir plus être
formellement définie par personne, des œuvres ou du moins des ouvrages voire
des prestations, d’une diversité, d’une hétérogénéité telle qu’il ne s’en vit
jamais auparavant dans l’histoire. Et toutes loin de là ne sont pas illisibles.
Et toutes ne sont pas le fait de vieux poètes rancis. Et toutes ne sont pas
nombrilistes. Et toutes ne cherchent pas non plus la vaine gloire de se faire
entendre en ouverture du Journal de TF1. Où elles retomberaient, je pense,
nécessairement sous l’empire de ce qu’elles avaient au départ pour vocation de
fuir.
jeudi 14 juin 2018
TRAJECTOIRE DÉROUTÉE DE SANDA VOÏCA CHEZ LANSKINE.
C’est à sa fille Clara, morte
d’un cancer à l’âge de 20 ans, que la poète d’origine roumaine Sanda Voïca
dédie l’ouvrage que les éditions LansKine viennent de publier d’elle. Trajectoire déroutée, titre on le voit
déjà très parlant, est un livre de deuil. Un livre qui témoigne à sa manière,
poignante assurément, et souvent déstabilisatrice, de la façon dont la perte
d’un enfant, d’un être qui, réellement, est la chair de sa chair,
modifie cruellement pour une mère la courbe de sa vie, déplace son centre de gravité. La
déroute. L’égare. Désorientant en profondeur ses moindres perceptions :
mardi 12 juin 2018
"LA PUISSANCE D'UNE MOUCHE SUR LE PARE-BRISE D'UNE PORSCHE". À LIRE À LA BOUCHERIE LITTÉRAIRE !
Il y a un problème avec le mot poésie : c’est
qu’appliqué à quantité de choses qui n’en sont pas, ce terme leur confère d’ordinaire une forte
valeur ajoutée alors que la chose ou les choses, restons vague, que ce terme en
principe désigne, souffrent publiquement d’une cruelle désaffection. Bref, la
poésie, il semble qu’on en ait d’autant plus plein la bouche qu’on n’en lit
dans le fond jamais.
De cet amer constat, le livre de Marc Guimo que
vient, à sa manière un peu provocatrice, de sortir pour le Marché de la poésie
qui s’achève, la Boucherie littéraire,
tire une suite de variations qu’on pourrait presque dire désopilantes, si l’on était certain que le lecteur pouvait se
rappeler l’origine médicale de ce mot. Car c’est vrai qu’avec cette espèce de
liberté relâchée de ton et de langage, cette prise plus directe sur la
trivialité de nos existences quotidiennes, par laquelle un certain nombre de
jeunes auteurs entendent se démarquer du style un peu guindé, gourmet, un brin
Guermantes et constipé qu’ils prêtent sans trop les connaître à leurs aînés, l’ouvrage
de Guimo fait du bien et désobstrue un peu les rates, même si pour finir on
peut sans doute lui préférer les réflexions et les confidences autrement plus
élaborées et nourrissantes qu’on trouve par exemple dans l’Écrire et surtout le Basse langue de Christiane Veschambre, parues ces derniers temps, chez Isabelle
Sauvage.
lundi 4 juin 2018
D’HANNAH. D’AHAN ! SUR OISEAU-MOI D’ÉDITH AZAM. LANSKINE.
![]() |
Détail d'une toile du peintre Yves Loubeyre |
« Assise au bord de l’eau » Edith Azam compose à l’intention
d’une qui lui « fait couteau dans le
cœur » et qu’elle appelle Hannah,
une chanson de Mal-aimée qui retrouvant au passage quelques accents apollinariens
secoue par ce qui s’y livre de détresse authentique et d’impuissance à la
savoir dire. Toute nue et entière. Par une succession de poèmes aux vers
généralement courts et saccadés, d’ahan,
elle tente d’arracher son chagrin à sa « langue de terre ». Pour reprendre son vol. Se reconfondre à cette femme-oiseau partie quelque-part bien trop loin, emportant sa
part d’elle. Et ce n’est pas si doux. Et ce n’est pas si tendre, ce
désarmé, désaimé lamento d’amante et de poète à qui l’on a rogné les ailes : ce
presque chant rompu n’élevant vers le ciel qu’un seul mot.
Solitude.
vendredi 1 juin 2018
SUR UN POÈME D’ETIENNE FAURE TIRÉ DE TÊTE EN BAS, GALLIMARD, 2018.
De livre en livre. De poème en
poème. Et dans toutes les postures, comme ici tête en bas, Etienne Faure fore un peu plus tous les bois de la
langue. Jusqu’à s’y éprouver termite. Ou plutôt lucifuges, individu pluriel : ces insectes dévorant ne se
vivant qu’en groupes. Pour s’entregénérer mieux. Cela nous donne une succession
de galeries par lesquelles s’enfoncer en phrases toujours recommencées, dans
les communs affects de la vie et des choses qui passent. Des vies, des choses
ayant saveur de passé. Et d’histoire. La dure friabilité aussi de tout ce qui
depuis longtemps s’est vu creusé puis évidé en nous. La seule consistance
demeurant celle de ces obstinées cheminements ou pour le mieux dire, ces sapes.
Par quoi le petit grand monde versicolore que fait en nous notre existence, chez
lui se réduit lentement mais sûrement, c’est un maître, en sa poudre de mots.
jeudi 31 mai 2018
SI RIEN MAJUSCULE N’ÉCARTE. SUR LA RENCONTRE EN MILIEU SCOLAIRE.
Que nous ayons à renfermer dans des petites
boîtes
(Ou dans des grandes),
Et que nous ayons à conserver dans (de) l’huile rance
Comme les momies d’Égypte.
[Il], ne nous a point donné des
conserves de paroles
A garder,
Mais il nous a donné des paroles vivantes
A nourrir.
[…]
Les paroles de (la) vie, les paroles vivantes ne peuvent
se conserver que vivantes,
Nourries vivantes,
Nourries, portées, chauffées, chaudes dans un cœur
vivant.
Nullement conservées moisies dans des petites boîtes
en bois ou en carton. »
Charles
Péguy
Le porche du mystère de la deuxième vertu
Bien souvent j’aurais, dans ce
blog comme dans celui dont il a pris la relève, fait l’éloge de la rencontre.
Celle que nous promouvons et encadrons. Avec des auteurs et des êtres vivants.
Dans des écoles animées par un réel souci d’ouverture à l’art perçu comme un
vecteur privilégié d’élargissement et d’approfondissement d’être. Et cela ne
m’a jamais empêché d’en constater le caractère illusoire dès lors qu’il ne
s’agissait, en matière de poésie contemporaine, que de rencontres ponctuelles.
Sans précédent. Comme sans suites. Non portées. Non vécues.
Inscription à :
Articles (Atom)