Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
samedi 14 mars 2020
vendredi 13 mars 2020
JEUX DE PISTES. LIRE SANDRA MOUSSEMPÈS AUX ÉDITIONS DE L’ATTENTE.
Dira-t-on du livre de Sandra
Moussempès, Cinéma de l’affect, sous-titré Boucles de voix off pour
film fantôme, qu’il
défie tout commentaire : la complexe élaboration que son auteur fait subir
aux confidences qu’elle y adresse à ses lecteurs, les laissant finalement comme
face à une « porte sans serrure dont nul ne possèderait »
comme elle l’écrit, le code secret, « code intérieur bien sûr, aucune
combinaison chiffrée ne pouvant être efficace ».
C’est vrai que le livre de
Sandra Moussempès n’est pas de ceux qu’on peut lire d’un œil distrait et qui se
comprennent avant même d’être lus. Si la maîtrise de la langue, contrairement à
ce que vers quoi s’oriente de plus en plus la logique du temps, y est
absolument parfaite, donnant des phrases d’une précision et d’une évidence syntaxiques
remarquables, l’univers référentiel, comme on dit, vers lequel ces phrases font
signes, interroge par son apparente opacité. Et la diversité des pistes –
j’emploie le mot ici dans le sens que lui donnent les actuelles techniques
d’enregistrement audio-visuelles – la façon dont elles sont combinées,
superposées, ont de quoi dérouter.
Qu’est-ce toutefois que dire
sa propre vie, sinon entrer tout entier en relations. Au sein d’un espace-temps
formel où la matérialité des choses dont on fait multiplement l’expérience,
apparaît toute tissée d’affects mobiles qui s’accumulent en nous pour
s’exprimer en pensées, se voir traduire en voix, à travers des opérations
d’organes et d’intelligence qui nous demeurent en grande partie obscures.
C’est bien consciente de tout
cela que Sandra Moussempès se met ici en scène. Avec cela qu’elle nous fait, si
je peux dire, tout un cinéma. Non pour épater le bourgeois. Mais pour se
libérer de certaines angoisses. Et continuer à se construire. Par une
compréhension plus affinée sinon des opacités, du moins de ces divers brouillages,
occultations ou effets parasites imposés à toute volonté d’expression.
Dédié à un certain R.,
présenté comme « l’amoureux errant de ce dédale », Cinéma
de l’affect, doit être d’abord lu comme une chronique amoureuse. Une
relation apparemment bousculée, difficile dans laquelle la complicité première
des corps, des voix et des projets, les attachements, le « conte de fée
psychique sans dialogue » qu’ils génèrent, finalement se désagrègent,
laissant l’esprit s’interroger sur la nature réelle de ce qui a eu lieu :
« escroquerie ou flamme jumelle, connard ou amour vrai, la
reconstitution des faits se trouve dans une sacoche vide jamais retrouvée ».
Mais comme l’esprit – pourquoi
ne pas d’ailleurs dire ici l’âme ? -
a besoin de sens, d’insérer chaque séquence de son propre vécu dans une
sphère d’existence et de compréhension plus large, la rumination à laquelle
Sandra Moussempès se livre dans cet ouvrage, passe par l’interrogation des
principaux domaines d’expérience qui lui sont chers et façonnent depuis
longtemps son imaginaire. Ainsi de sa relation singulière à la voix. Comme à ce
que nous avons en nous de plus intime. Et qu’on aurait bien tort de ne
considérer que comme un simple organe de parole. Du son. Du bruit. A la fois appareil et produit de langage. La
voix c’est ce qui porte. Et nous porte vers l’autre. De la chair et de l’être.
Pris dans une même tension. Et dans un même appel.
Ainsi Cinéma de l’affect interroge
t-il la voix. Celle de son auteur d’abord. Dans son rapport au chant. Et par
suite dans son rapport au père. Puis à l’ensemble de sa « lignée ».
Insistant plus particulièrement sur cette Angelica Pandolfini, cette arrière-grand-tante
qui au début du XXème fut une cantatrice célèbre et dont Sandra
Moussempès dit avoir hérité de son timbre. La découverte sur YouTube d’un
enregistrement de la voix de sa lointaine parente l’amenant à ce constat,
renforcé par une certaine confiance accordée aux expériences spirites, que
« les voix ne se dispersent jamais tout à fait » même si
« on ne sait pas où elles vont et si elles montent au ciel avec les
défunts ».
Alors, que se conserve-t-il ou s’invente-t-il de nous, dans
la voix ? Celle que par exemple on aura laissée s’enregistrer sur le
répondeur de l’amant. Celle qu’on aura conservé de lui sur tel ou tel appareil.
Rejoindront-elles un jour toutes celles qui aujourd’hui remisées dans « un
hangar désaffecté au département des rubans sonores démagnétisés », conservent
dans le fouillis des appareils devenus obsolètes – vieux magnétos à bandes,
K7 audio, répondeurs téléphoniques ou Walkmans sans leur casque - « les messages des années 80, 90, des
voix de défunts ou d’enfants à présent adultes ».
De fait, toutes ces voix, chacune avec son timbre propre,
qui auront tenté de se trouver passage, de s’éterniser sur la cire d’un
microsillon, dans la chambre numérique d’un appareil enregistreur, et se seront
posées comme autant de voix off sur les images saccadées du film étrange de
leur vie, ne sont-elles pas figures de cette condition qui fait de nous, fondamentalement,
fantômes ? Egarés parmi d’autres fantômes, esprits, revenants, simulacres,
phantasmes, ectoplasmes… , toutes formes que nous désirons pour les aimer ou
les avoir aimées, saisir ou ressaisir, sans que bien sûr cela nous soit
possible. Même avec les meilleurs appareils – le cœur en est-il un ? – du
monde.
Reste l’art. L’écriture conçue comme un art, venant tresser
ses filets de mots, ses emboitements de formes, imposer ses miroirs déformants.
L’art qui, comme dans un vieil épisode de Colombo, n’en finit pas de tourner
autour de ses sujets, jusqu’à ce que l’approximation devant laquelle il nous
laisse, nous lasse. Nous réduisant pour conclure à la sommaire définition de ce
que nous sommes. Défilant sur l’écran à la façon rapide d’un générique. Ici :
« une Emily Brontë parisienne, d’origine basque et sicilienne,
sub-londonienne d’adoption, devenue quasi Normande. »
mardi 10 mars 2020
LA NUIT DES ROIS À LA COMÉDIE FRANÇAISE. VIVE LE VRAI SPECTACLE VIVANT !
La Nuit des rois de Shakespeare est une pièce
farcesque. Une vraie pièce de carnaval. C’est en ce sens d’ailleurs que le
célèbre metteur en scène allemand Thomas Ostermeier l’a monté en 2018 à la
Comédie française. Et c’est un pur régal que de voir en mars 2020 cette pièce continuer
sous sa direction à vivre en intégrant pour les tourner en dérision quantité
d’éléments qui font la tristesse sinon le malheur de notre sombre actualité, du
recours insupportable au 49.3 à la propagation angoissante de la peur du
coronavirus.
Il est loin le temps où l’on se rendait en habits à la
Comédie Française pour y voir jouer des pièces à costume. Aujourd’hui pour
reprendre le slogan d’une marque de fast food on y va comme on est. Et
les acteurs jouent en slip. Quand ils ne le baissent pas pour montrer quelque plus
intime partie de leur anatomie. Et si je ne pousse pas la naïveté au point d’ignorer,
dans ce changement d’esprit, la mise en place de nouvelles postures, j’aime
voir par là le théâtre renouer vraiment avec l’une de ses fonctions principales
qui est de parler au présent pour un public vivant.
Pour faire mieux réagir son public Thomas Ostermeier n’hésite
jamais à bousculer les codes. Ainsi la part qu’il fait tout au long de sa mise
en scène au mauvais goût tant des costumes que de certaines des plaisanteries
qu’il donne à faire à ses très remarquables acteurs, va, comme le veut d’ailleurs
tout l’esprit de la pièce, dans le sens d’une remise en question de tous les
attendus, de toutes les pseudo-définitions par lesquelles sont encadrées
d’ordinaire nos représentations et à travers elles, nos vies. À commencer par les
identités que nous nous supposons. Que nous attribuons aussi à nos partenaires
d’existence. Et jusqu’aux animaux avec lesquels nous partageons notre si
déroutante et confondante habitation.
J’ai eu la chance, la veille de la représentation au Français,
de pouvoir assister au théâtre de la Colline à la mise en scène du texte de
Peter Handke, Les innocents, moi et l’inconnue au bord de la route
départementale, par l’excellent Alain Françon. Force est de constater que
la belle esthétique de Françon, l’incontestable talent de ses acteurs,
l’intelligence aussi qu’on sent bien déployée partout sur la scène, n’empêchent
pas le texte très fort mais quand même un peu bavard de l’auteur, de susciter à
la longue un certain ennui que ne dissipe pas entièrement les fort beaux
tableaux d’hiver et de nuit de la fin. Le côté couillu de la représentation
donnée à la Comédie Française et l’implication que, par des effets d’ailleurs
un peu faciles parfois, les acteurs réussissent à obtenir du spectateur, font à
l’inverse que les presque trois heures de représentation passent là comme
lettre à la poste et qu’on entend bien aux applaudissements de la salle que
chacun serait bien encore resté des heures à prendre plaisir à ce vivant
spectacle qui venait de lui être offert.
Bien sûr les deux pièces ne sont pas de même nature. Ni de
même portée. Et si toutes deux engagent à la réflexion elles le font dans un
esprit totalement différent. Qui témoigne quand une nouvelle fois qu’au
théâtre, l’esprit de sérieux et la pertinence approfondie du verbe et de tous ses
discours l’emportent rarement sur le langage irrévérencieux, tout débridé des
corps et le sens actualisé de la raillerie et de la dérision.
lundi 9 mars 2020
CEZANNE À MARMOTTAN. PANURGISME ET CORONAVIRUS !
Á
quoi peut bien servir d’organiser à grands frais une exposition qu’on rend par
ailleurs quasiment invisible par les conditions de visite qu’on inflige au
public venu s’en régaler. Ce Cezanne, Rêve d’Italie que propose
actuellement le Musée Marmottan, a tout a priori pour séduire. Outre la
réputation bien entendu du maître d’Aix, tant auprès du grand public que des
vrais connaisseurs, sans compter bien sûr les artistes eux-mêmes, l’idée de
mettre doublement en perspective son œuvre en la comparant à ses sources
italiennes ainsi qu’aux nombreux peintres de la péninsule qui s’en sont ensuite
inspiré, a de quoi attirer. Toutefois comme les rapprochements effectués par les
organisateurs de l’exposition sont loin de sauter toujours immédiatement à la
vue, il faut pour tirer vraiment profit de la visite pouvoir prendre le temps
de tranquillement regarder et comparer les œuvres et de lire pourquoi pas les
nombreux cartels explicatifs qui très pédagogiquement les accompagnent.
Paysage classique de Francisque Millet |
Or une telle chose est impossible. Encombré de visiteurs et
surtout de groupes faisant cercles autour de différents conférenciers, au point
de masquer de leur masse importune la plupart des tableaux qui y sont accrochés, l’espace
relativement étroit des salles qui s’offre au parcours tient plus de la jungle amazonienne
ou du grand magasin le premier jour des soldes que du lieu de contemplation et
de réflexion qu’il devrait avoir pour vocation d’être.
C’est bien dommage assurément. Mais finalement bien
représentatif de l’évolution de nos sociétés qui font consommation de tout et
ont édifié le panurgisme touristico-culturel au rang de vertu cardinale. Alors
que l’art continue à ne pas trop nourrir son homme, la culture, elle, s’en
nourrit sans complexe, lançant les foules avides de distinction vers les
grandes choses souvent méprisées du passé, à grands coups de lancements
publicitaires.
On pourrait recommander aux responsables de Marmottan de réserver, comme cela se fait par endroits, les visites guidées à quelques
plages horaires pour redonner au visiteur solitaire un peu de la jouissance
effective du lieu. Pas certain que cette décision de bon sens prime sur la
politique du chiffre qui ravage la plupart des "managers" du temps. Ne reste
d’espoir alors que dans le coronavirus. Quand on s’apercevra que devant les
tableaux ici rassemblés, de Cezanne, de Tintoret, de Poussin ou de Morandi, ce
sont des foules qui s’entassent à se marcher sur les pieds, engoncés dans leurs
manteaux, leurs pardessus – le musée n’ayant pas de vestiaire ! – chaque
visage à moins de cinquante centimètres de son voisin, peut-être que pour
éviter la fermeture on se résoudra à ne faire entrer qu’un petit contingent de
visiteurs qui enfin pourra profiter de ce qu’il n’hésitera sans doute plus alors
à estimer avoir été une belle exposition.
lundi 2 mars 2020
NOUS INVENTER DE NOUVEAUX COMMUNS.
En matière de livre de résidence le pire côtoie parfois le
meilleur. Nous connaissons tous de ces minces plaquettes où sous couvert de
rendre hommage au territoire qui l’a quelque temps hébergé tel estimé confrère
s’en fait comme il peut le rhapsode, bricolant quelques rapides pièces de
circonstances dans l’espoir d’ainsi s’acquitter de l’engagement prévu dans son
contrat.
Il n’est pas toujours simple d’écrire sur commande. Ou d’en
trouver le sens.
Florence Jou n’est apparemment pas de ceux que rebutent ce
type d’exercice. Invitée par Le Grand café, un dynamique Centre d’Art
Contemporain installé depuis plus d’une vingtaine d’années sur l’estuaire de la
Loire, à Saint-Nazaire, la jeune poète-performeuse a bien assimilé l’esprit de
cette structure dont une des raisons d’être est d’associer autant que possible
les publics diversifiés auxquels elle se trouve rattachée, au processus de
création mis en place à leur contact par des artistes que la production d’une
œuvre achevée retient moins que l’invention collective d’un chemin enrichissant
ou renouvelant les pratiques de chacun.*
Certes dans ses Alvéoles Ouest, Florence Jou ne se
libère pas totalement des poncifs qui accompagnent ces productions sensées
réveiller pour se la réapproprier la mémoire d’un territoire. Reprenant ici celle des travailleurs des bureaux d’étude des gigantesques
chantiers de Saint-Nazaire, elle joue à mon avis un peu trop facilement de la nostalgie
d’un monde d’avant le numérique où les tracés effectués sur les plans par des employés devant à l’expérience plutôt qu’à leur diplôme, contrôlant l’ensemble de leurs outils, n’étaient pas encore désolidarisés des corps, « pas encore coincés dans les modélisations » d’un programme élaboré sans eux. Par les machines.
On lui en tiendrait rigueur si l’ensemble du livre se
contentait d’une critique de convention des systèmes oppressifs nous enfermant
aujourd’hui de plus en plus dans le cercle malheureux de nos passions tristes.
Mais, dans un esprit et une certaine invention de
formulation qui m’a parfois rappellé le travail d’Alain Damasio dont j’étais
d’ailleurs en train de relire la postface qu’il vient d’écrire au livre
indispensable de Baptiste Morizot, Manières d’être vivant, Florence Jou, contre ce qu’elle nous invite à voir comme une terrible entreprise de broyage
des aspirations légitimes de l’individu, nous entraîne à tout un travail de résistance
et de réaffirmation créatrice, inventive, de nos libertés profondes. Face ainsi
à ce qu’elle nous donne à penser comme une entreprise de « pestonnage
massif » par laquelle l’individu se fait piler, dépiler « comme
du basilic, comme de l’ail, comme des pignons », elle revendique pour
chacun l’art du bartitsu, cette méthode de défense personnelle née en
Angleterre à la fin du XIX, reposant « sur le sens de l’équilibre, l’art de
la ruse et une économie de coups ».
C’est que l’heure n’est plus à la plainte voire à la
résignation. Mais à l’invention de nouveaux espaces et de formes nouvelles de
résistances. Dans la création de nouvelles solidarités. Si possible joyeuses.
Allègres. Mobiles. Et pourquoi pas flottantes.
Dans ce domaine l’art doit bien tenir sa place. C’est
pourquoi dans la dernière partie de son texte Florence Jou rejoue la scène
inaugurale de la création du centre d’art qui l’accueille, réinventant
l’argumentaire de Sophie Legrandjacques qui allait devenir sa toute première
directrice. Insistant sur la nécessité de « casser les stéréotypes de
l’art identitaire » pour proposer à ces Messieurs de la municipalité
une aventure susceptible de créer sur leur territoire de nouvelles relations. De
faire émerger chez ses habitants une autre et plus fertile intelligence et du
monde et d’eux-mêmes.**
Une alvéole est une cavité dans laquelle comme une dent,
comme une plante, quelque chose de l’ordre de la vie, de la création, est
susceptible de prendre un jour racine. Les Alvéoles de Florence Jou sont
à prendre comme la reconnaissance par l’artiste qu’elle est de la puissance
d’un lieu où cette vie s’invente, anglant comme elle dit « vers de
nouveaux communs », plongeant « dans des ouvertures et des
passages », débordant pour finir « d’un réseau inextricable de
nouvelles affinités ».
NOTES
* C’est ainsi que ce livre a été conçu pour servir de
support à une performance réalisée au Grand Café dans un dispositif sonore
imaginé par l’artiste Dominique Leroy. Dans ce dispositif cinq performeurs
amateurs dont la directrice du Grand Café ont pu prendre leur part.
vendredi 28 février 2020
UN POÈME DE NIMROD.
Un poème du livre de Nimrod qui peut-être n'est pas le plus significatif de l'ensemble. Mais qui fait écho en moi à bien des choses, avec cette façon qu'il a, autour de la mention d'un paysage qui m'est cher, de rassembler ces mondes qui aujourd'hui plus que jamais affrontent leur puissance...
vendredi 21 février 2020
GUERRE AUX RESTAURATEURS ? UNE HALTE Á PIERREFONDS.
Cliquer pour accéder au PDF |
Qu’est-ce qui peut bien constituer l’authenticité d’un
monument ? Est-ce principalement comme semble le penser la majorité d’entre
nous, la persistance dans le temps de ses matériaux d’origine. Auquel cas rien,
nous venant des plus lointains passés, ne sera plus authentique bien entendu qu’une
ruine. Ou, comme c’est par exemple le cas pour la tradition japonaise, la forme
qui porte son esprit ou pour mieux dire le modèle immatériel qui aura pu dans
le passé en susciter la construction et par la suite son usage.
Á
ce moment de notre petite histoire nationale où nos responsables politiques auront
à se prononcer sur les suites à donner à l’incendie de Notre-Dame-de-Paris, ces
questions naturellement se posent. En des termes je veux bien le croire
beaucoup plus complexes encore. C’est pourquoi je ne crois pas inutile de
partager sur ce blog quelques réflexions qui me sont venues à la suite d’une
visite du Château de Pierrefonds qu’on peut finalement considérer comme emblématique d’un
type de restauration penchant plutôt du côté de la conception
japonaise. Viollet-le-Duc n’a-t-il
pas là, dans sa quête du monument perdu situé l’authenticité dans la
reconstruction, à force de plongées dans le passé et d’un inlassable travail d’observation et de connaissance mais à partir aussi des matériaux et des techniques de son temps, d’un modèle idéal de gothique capable de
parler à nouveau à l'esprit.
On trouvera dans ce dossier outre mes réflexions sur le site
et quelques rapides recommandations pour le séjour, deux textes
particulièrement intéressants que je donne dans leur intégralité, l’un d’Anatole
France exprimant ses réactions à la découverte de Pierrefonds juste après sa
restauration, l’autre de Victor Hugo, un pamphlet
magnifique et bizarrement très peu connu, que je recommande vraiment à tous pour sa verve inimitable et pour
les multiples échos qu’il peut faire à notre sombre actualité.
mercredi 12 février 2020
NAGER VERS LA NORVÈGE HIER AU LYCÉE BRANLY DE BOULOGNE-SUR-MER.
Comme toujours grand plaisir d’avoir
hier pu accompagner un nouvel auteur de la Sélection du Prix des Découvreurs au
lycée Branly de Boulogne-sur-Mer. Et d’avoir ainsi pu découvrir moi-même la
personnalité de Jérôme Leroy, un poète à la fois filial - par la reconnaissance
qu’il voue à la riche tradition poétique qui l’a précédé - et singulier - par
la façon qu’il a de savoir faire résonner à partir d’elle la relation intime et
engagée qu’il entretient avec le monde contemporain.
Merci et bravo à l’importante
équipe des professeurs de lettres et des professeurs documentalistes d’avoir pu
maintenir en dépit des difficultés, la plus grande partie des 7 rencontres initialement
prévues.
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