COMPRENDRE QU’IL NE FAUT PAS COMPRENDRE. AVEC DOMINIQUE QUÉLEN.

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 Préparant une note sur La Gestion des ensembles communs de Dominique Quélen que nous aurons le plaisir d’accueillir à Boulogne le mardi 24 mai prochain à l’occasion de notre journée de remise du Prix des Découvreurs, je découvre ce très beau texte sur les premières relations entretenues, dès l’enfance donc, par ce poète, avec les mots et la littérature. C'est sur les ondes d’une radio dont j’ignore encore tout, Radio ritournelle (!!!) et je ne saurais trop engager les lecteurs de ce billet à l’aller écouter. Dominique Quélen dont le travail peut aisément passer pour étrange, impénétrable, secret, cabalistique, du moins pour les tenants d’une poésie naïve, explique là l’origine de sa fascination pour les mots et la part d’obscur qu’ils recèlent. Et c’est fort éclairant.

Tout aura commencé par l’ensorcellement où l’a plongé la lecture d’un banal Larousse en deux volumes datant des années 50 : « Ses planches en couleur et en noir et blanc pour les tableaux célèbres, je me figurais le monde sous cette forme-là […] J’ai longtemps conservé la mémoire visuelle des mots, la capacité de mystère qu’offrait le dictionnaire en même temps que d’élucidation. Ainsi souvent quand on pense à ce que renferme la noix, c’est la chanson de Trenet qui vient à l’esprit, moi, c’est une définition : une noix est une drupe dont le péricarpe amer et astringent renferme du tanin. Chacun de ces mots m’était obscur. Il me semble que j’ai conservé cela aussi : une sorte de stupeur, voire d’idiotie, face aux mots […] Comme lecteur, j’ai souvent le sentiment de ne pas comprendre. Comme je ne comprenais pas les définitions du Larousse en deux volumes, mais ça ne m’empêchait pas d’être fasciné et de comprendre au moins que c’était l’accès au monde ».

Comprendre que le monde n’a pas besoin d’être compris pour nous livrer passage ? Sérieusement, voilà qui pourrait expliquer, libérer, bien des choses.