vendredi 19 mars 2021

PARUTION. CONFIGURES DE TYPHAINE GARNIER AUX ÉDITIONS LURLURE.

Je signale bien que ne l’ayant pas encore lu le nouvel ouvrage de Typhaine Garnier. Une jeune poète dont le premier livre, Massacres, chez le même lurlure m’avait comme on le verra si l’on se reporte à la note que je lui avais à l’époque consacrée, pas mal intéressé. Ici l’auteur semble suivre un chemin proche quoique inverse, s’ingéniant à confiturer/reconfigurer à sa façon toujours terriblement inventive et drôle, à tous les sens et même un peu fripon du terme, la réalité crue et désespérément banale de sa propre existence. À bonne température (102 à 103 °) montée.

 

jeudi 18 mars 2021

DEUX OU TROIS CHOSES QU’IL ME FAUT DIRE.


De plus en plus j’appréhende ce moment de l’après-midi où il me faut bien ouvrir ma boite à lettres. Ce qui lorsque j’étais pensionnaire dans la bonne ville d’Arras, puis étudiant dans l’encore meilleure ville de Lille, me faisait battre parfois le cœur – c’était la saison des rêves et des amours ! – aujourd’hui m’angoisse. M’effraie. C’est qu’outre bien entendu l’État français qui continue de m’adresser ses tenaces contraventions pour des excès de vitesse dépassant pourtant rarement la limite autorisée, de plus de quelques centimètres/heure, mes amis auteurs, mes amis éditeurs, continuent d’utiliser cette boite sournoise pour m’empêcher de m’adonner à toutes sortes d’activités qui me seraient des plus bénéfiques comme d’abord de ne rien faire, ensuite aller promener le chien, regarder un bon film, préparer une pastilla, entretenir mon jardin, papoter avec mon voisin voire s’il me reste un bout de temps me remettre à ne rien faire ou m’occuper quand même un peu de mes propres poèmes. Qu’avec le temps il me semble, je délaisse. Ce qu’à mon sens ils ne méritent pas.

Recevoir de mauvais livres n’est en rien un problème.

mardi 16 mars 2021

MA SÉLECTION DE LIVRES RÉCEMMENT REÇUS. OUI À LA POÉSIE ACTIVE. ASSEZ DES PLACÉBOS !


 Des ouvrages dont il me reste encore à parler. Deux dont je connais depuis longtemps la qualité et la force d'écriture de leur auteur. Un que je viens de découvrir.

lundi 15 mars 2021

DE TOUTE LA PUISSANCE ORIGINELLE DE LA POÉSIE. ENHEDUANNA DE DENISE LE DANTEC à L'ATELIER DE L’AGNEAU.

Elle serait si l’on en croit les spécialistes le plus ancien des écrivains connus. Et comme la littérature à l’origine se confond avec la poésie, notre tout premier poète. Enheduanna dont le nom pourrait bien signifier « Noble ornement du dieu Ciel » fille du roi Sargon d'Akkad qui la fit grande prêtresse du Dieu tutélaire de la ville sumérienne d’Ur, en Mésopotamie, vécut aux alentours du XXIIIe siècle av. J.-C. soit plus d’un millénaire avant Homère, plusieurs siècles aussi avant ce Père de toutes les nations qu’est sensé être pour les grandes religions du Livre le patriarche Abraham. Son œuvre principalement constituée d’hymnes religieux nous est parvenue sous formes de plusieurs dizaines de tablettes sur lesquelles pour la première fois dans l’histoire nous parle un « je ». Un "je" revendiquant hautement son nom. Un « je » qui n’est pas celui d’un homme. Mais celui d’une femme.

dimanche 14 mars 2021

AVEC LES DÉCOUVREURS, LIRE EN TOUTE GRATUITÉ L’ÉDITION NUMÉRIQUE DE COMPRIS DANS LE PAYSAGE.

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 Trois ans depuis qu’avec les éditions LD j’ai pu redonner le texte de Compris dans le paysage, publié pour la première fois en 2010 chez Potentille. Depuis j’ai eu l’occasion d’en parler régulièrement dans les classes qui m’avaient spécialement invité pour évoquer à partir de ce texte comment la poésie en tant que parole profondément intime pouvait – si elle le pouvait – aborder la question de l’horreur dans laquelle historiquement baignent les sociétés. Je remercie chaleureusement les professeurs qui m’auront donné cette occasion rare de faire entendre dans toute sa richesse et sa complexité un travail qui en dépit de sa brièveté m’aura beaucoup appris sur la nature et les pouvoirs de la parole poétique et largement contribué à construire la représentation théorique que désormais je m’en fais et cherche à travers mon travail critique à partager. Peu d’exemplaires en sont maintenant disponibles. Et le succès que je découvre des tous nouveaux Cahiers numériques de Poésie en Partages que j’ai récemment lancés me prouve que l’on aurait bien tort de systématiquement vouloir éditer sur papier, ce qui oblige à les vendre, des productions qu’on peut mettre si facilement à disposition de tous en employant les outils que nous offre le net. C’est pourquoi j’ai décidé de partager dorénavant, en toute gratuité, Compris dans le paysage avec tous ceux qui voudront bien s’y intéresser.

vendredi 12 mars 2021

FAIRE SE CONTINUER EN NOUS TOUTE LA BEAUTÉ QU’ON A TROUVÉE DU MONDE. JUSQU’À TRÈS LOIN DE ROMAIN FUSTIER AUX ÉDITIONS PUBLIE.NET.

Une bonne centaine de poèmes en prose, évoquant d’un même mouvement de pensée la femme aimée, toute la variété des lieux un moment traversés, ce qu’ils disent et la femme et les lieux, au cœur qui de loin, après coup, se les rappelle pour tenter d’en fixer le souvenir cher dans le cadre calibré d’une forme qui pour être strictement définie n’en reste pas moins ouverte, on apprécie ces mouvements d’écriture qui osent dire la tendresse, l’attachement frémissant qui relie le poète à celle qui partage depuis longtemps maintenant sa vie ainsi qu’aux enchantements divers du monde. On regrettera simplement que l’insertion, dans le cœur de certains de ces textes, d’une syntaxe chahutée, de bouts de phrases tronquées, dont on comprend bien la justification intellectuelle, finisse par sentir l’artifice et nuire un peu, je crois, finalement, au bel effet d’ensemble.

 

jeudi 11 mars 2021

POÉSIE/PARTAGES N°5. GRANDE LIBERTÉ DE L’AIR AU-DESSUS DU FLEUVE PAR JEAN-MARIE PERRET. ACOMMPAGNÉ DE TROIS PEINTURES DE L’AUTEUR.

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 J’ai rencontré la poésie de Jean-Marie Perret il y a près de 20 ans. Il venait de publier chez Obsidiane un ouvrage qui m’a immédiatement retenu par l’intensité avec laquelle il s’efforçait de rendre jusque dans ses évocations de la mort la puissante vitalité à l’œuvre dans le monde. Celui de la nature comme celui des hommes qui l’habitent, la parcourent et par leur industrie, leur art, la transforment. Et je me suis toujours étonné que ce poète habité par toute une bibliothèque dont il partage quotidiennement sur les réseaux sociaux l’infinie richesse, ne soit pas davantage considéré. Mais rien peut-être d’étonnant à cela : la poésie de Jean-Marie Perret ne cherche pas à faire mode. À se produire sur les tréteaux. Elle ne cherche qu’à être. À dire, rien que pour soi peut-être, ce qu’il y a d’unique, de rayonnant, de déchirant finalement, à se sentir au monde. Parmi tout ce qui traverse.

 

C’est pourquoi je suis heureux de l’avoir convaincu de nous livrer une sélection des poèmes publiés en 2002, chez Obsidiane, sous le beau titre de Grande liberté de l’air au-dessus du fleuve et d’avoir à cette occasion découvert qu’il était aussi peintre, graveur et je crois même musicien. Un artiste complet donc que le souci de l’art n’aura pas empêché d’exercer le métier de postier ce qui le rapproche à mes yeux d’un autre poète que tout particulièrement j’estime, Jacques Lèbre dont j’ai parlé à plusieurs reprises sur ce blog.

Ces Cahiers numériques de Poésie en Partages sont donc ici l’occasion de redonner une nouvelle vie, une nouvelle chance à des textes qu’on aurait tort d’avoir oubliés. Et de les mettre en relation avec un autre domaine artistique qui dans le cas présent, comme on le verra, témoigne à sa manière aussi du dynamisme, de la vitalité, du puissant élan vers la vie qui anime leur créateur. J’espère que ce numéro trouvera le même écho, large, que ceux que nous avons consacrés à Stéphane Bouquet, Milène Tournier, Mary Oliver et tout dernièrement à James Sacré. En attendant ceux que nous devons prochainement réaliser avec notre amie Lili Frikh, la jeune Marine Riguet et bien d’autres dont nous aurons à reparler.

 

Lire ce Cahier avec Calameo.

mardi 9 mars 2021

TENIR AU MONDE. SUR UN BON LIVRE DE SÉBASTIEN MÉNARD PARU CHEZ PUBLIE.NET.

 

Beau titre que ce Quelque chose que je rends à la terre, que viennent de m’adresser les éditions Publie.net. Et l’idée d’imaginer le poème comme une sorte de contre-don, une chose par laquelle on s’acquitterait d’une dette qu’on aurait contractée avec le monde, avec la vie, avec la terre qui nous porte et nous nourrit, l’humus lui-même à qui nous devons notre nom d’homme, est toujours des plus séduisantes. Il y a maintenant bien longtemps, mon maître, Henri Meschonnic, professait, sans trop être entendu par les habiles de l’époque, que le poème était comme la transformation d’une forme de vie par une forme de langage et la transformation d’une forme de langage par une forme de vie. C’est à cette subtile compénétration des mots et de la vie que s’attache Sébastien Ménard chez qui la poésie finit par apparaître comme une présence inséparable du quotidien, non plus cette entité fuyante, cette surréalité chimérique que certains parent des voiles pompeux du sacré, mais comme principe actif de la vie la plus simple, jusqu’à se faire agent mécanicien réglant un dérailleur de bicyclette, attentif jardinier employé à planter des bâtons pour y faire grimper des pois.

Certes, je n’ai pas lu les autres recueils de Sébastien Ménard, qui montrent, je crois, une personnalité portée vers la rencontre, séduite par les marges et les empathiques couleurs des routes, du risque et du voyage, mais je ne crois pas que ce livre qui se déploie dans le cadre plus resserré d’une existence tournant autour d’une terre, d’un jardin, d’une petite famille aussi dont on devine qu’elle peine parfois à joindre les deux bouts, soit d’un caractère si différent. Le principe étant de s’y montrer ouvert au monde, à l’importance de chaque instant vécu qui nous traverse, en l’amenant le plus possible à l’expression.