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Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
samedi 6 mai 2023
INTELLIGENCE DE LA POÉSIE. SUR LES UTOPIQUES, I , DE GILLES JALLET À LA RUMEUR LIBRE.
L'Ange pauvre de Paul Klee |
Quel est le lieu aujourd’hui du poème ? Et quel en est toujours la puissance agissante ? En intitulant son dernier livre Les Utopiques, I, il semble que le poète Gilles Jallet, qui se réfère ici comme l’indique son Préambule, aux grands modèles devenus canoniques que sont Les Pythiques (Pindare), Les Bucoliques et Les Géorgiques (Virgile), Les Tragiques (Agrippa d’Aubigné), les envisage plutôt dans leur perte, leur dissolution que dans leur entière et pleine maîtrise ou possession.
Se référant aussi aux Anges pauvres de Paul Klee, ce peintre qui sur sa pierre tombale aura fait écrire qu’il « habite aussi bien chez les morts que chez ceux qui ne sont pas nés encore, un peu plus proche de la création que de coutume, bien loin d’en être jamais assez proche », Gilles Jallet nous apparaît bien conscient aussi de la profonde ambivalence de toute véritable production poétique qui est face au réel de s’éloigner du même pas qu’elle s’approche et dans son rapport au sens, de le voir s’évanouir dans le même temps qu’il s’exhibe. Si bien qu’il faut sans cesse y revenir. Dans l’écrire et le lire. Accepter de n'exister que dans cet insaisissable et mouvant entredeux.
vendredi 5 mai 2023
LA SÉLECTION 2023-2024 DU PRIX DES DÉCOUVREURS.
Une édition se termine. Une autre lui succède.
Dont j’espère bien qu’elle ne sera pas la dernière. Ce que nous craignons un
peu quand même, tant il nous semble qu’en dépit des riches possibilités
qu’offre pourtant le pass-culture, les conditions, principalement dans les
lycées, se prêtent désormais plus difficilement aux activités de libre
découverte qui réclament d’être moins contraintes qu’elles nous semblent l’être
devenues, par les programmes et les emplois du temps.
Qui recevrons-nous donc en mai prochain pour succéder à Christophe Manon que nous nous réjouissons d’accueillir dans une petite quinzaine de jours, en compagnie de nos amis du Marché de la Poésie, pour lui rendre hommage ? Bien malin qui pourrait le dire. La sélection que nous présentons aujourd’hui propose comme à l’accoutumée un regard largement ouvert sur le monde. Ne serait-ce que sur le plan géographique. Mais là n’est pas, bien entendu, sa principale qualité, qui tient à ce qu’elle présente un bien riche éventail de voix émanant de personnalités elles aussi des plus diverses. Il suffira de se reporter aux Cahiers d’extraits que nous publierons dans les semaines à venir pour s’en convaincre.
Que les auteurs non retenus dans cette sélection ne nous en veuillent pas trop. Nous ne saurions tout connaître comme tout reconnaître. Et surtout nous n’avons jamais eu à travers nos sélections la prétention d’établir le palmarès des 6 ou 7 meilleurs ouvrages de poésie publiés au cours de l’année qui précède. Notre sélection s’effectue toujours à partir de ce que nous pensons être l’intérêt des jeunes qui auront à la découvrir et pourront par là alimenter autrement que par les produits attendus et communs, une curiosité que nous nous efforçons comme nous le pouvons, chez eux, de stimuler.
Formons donc tous ensemble le vœu que cette sélection 2023-24 touche le plus grand nombre possible de jeunes et d’établissements. Et fasse découvrir à tous la force et la vitalité de notre poésie contemporaine.
jeudi 4 mai 2023
ANTHOLOGIE. UN TEXTE DE PATRICK QUILLIER POUR CÉLÉBRER L’AUTEUR DE L’INDISCIPLINE DE L’EAU !
Patrick Quillier présente dans D’une seule vague, sous-titré Chants des chants, I, « le premier tome d’une épopée embrassant comme il est dit par l’éditeur, les voix héroïques de tous les temps et de tous les continents, des plus éclatantes aux plus discrètes, des plus connues aux plus méconnues, dans un chant général du monde [1] ». Belle et généreuse ambition qui devrait attirer vers ce livre tous ceux, et je crois qu’ils existent toujours, peut-être moins nombreux mais d’autant plus convaincus, qui toujours sensibles " aux remous des océans de la mémoire […] aux rumeurs des âmes épiques du monde […] aux amours éblouissantes qui fécondent d’universel » continuent d’entretenir en eux « l’harmonique raison des révoltes et des refus [2]». Contre notamment la platitude des temps.
mardi 2 mai 2023
LE PRIX DES DÉCOUVREURS 2023 à CHRISTOPHE MANON POUR PROVISOIRES AUX ÉDITIONS NOUS.
jeudi 13 avril 2023
SUR TRANSFORMATIONS, UNE RÉÉCRITURE DÉTONNANTE DES CONTES DE GRIMM, PAR LA POÈTE AMÉRICAINE ANNE SEXTON, AUX ÉDITIONS DES FEMMES.
En ce domaine, il me semble toutefois nécessaire de distinguer entre transformations stériles et transformations créatives. Si certains dans les arts répètent à l’envie des formules, produisant d’ailleurs parfois des œuvres de qualité mais restant closes sur elles-mêmes, d’autres s’emparent des dites formules pour en accroitre la portée, en renouveler l’intelligence comme la perception.
mardi 11 avril 2023
AIMER PLUS LOIN AVEC LA SAISON DES MOUSSES DE FABIENNE RAPHOZ CHEZ CORTI.
« Savoir n’affaiblit pas le plaisir, savoir aurait plutôt tendance à l’intensifier, à susciter l’imaginaire ».
« Je ne vois pas que nommer soit en contradiction avec apprécier, c’est une autre forme de philia ; savoir que cette bergeronnette porte sur sa livrée, dans sa syrinx, ce qui la caractérise, ce qui la différencie des autres sous-espèces, me permet de suivre son parcours, quand elle aura disparu, permet à l’œil de l’esprit de poursuivre le voyage que le corps, qui a vu et senti, ne peut accomplir. [1]»
Le lecteur qui viendra à l’instant de se reporter à ma note explicative comprendra aisément comment la précision du vocabulaire, la solidité de certaines connaissances, loin d’encombrer ou de ralentir notre esprit, de faire écran au regard que nous portons sur les choses, leur confère a contrario, une finesse accrue, de plus ample portée. Non. Si les mots, c’est vrai, quand ils ne sont que les grossiers véhicules d’une langue inhabitée, d’un esprit conditionné, réduit à ses généralités apprises, nous masquent la singularité comme les consistances toujours en devenir des choses, comme il serait absurde au moment de les employer, de rejeter tout savoir, pour s’imaginer retrouver avec le monde l’édénique relation qui nous ferait pierre avec les pierres, rivière avec les rivières ou loup avec les loups.
vendredi 7 avril 2023
DES RENCONTRES QUI FONT VOYAGER. ET FONT AUSSI PENSER. FRANCK DOYEN AU LYCEE BRANLY DE BOULOGNE-SUR-MER POUR LES CHANTS DE KIEPJA.
Aujourd'hui, fin ou presque, d'une semaine assez riche avec les rencontres au lycée Branly de Boulogne-sur-Mer autour des Chants de Kiepja de Franck Doyen. Et le bel écho que ce livre entretient avec la collection des masques Kodiak et Sugpiak qui font aussi la fierté de notre Château-Musée. Qui voudra regarder d'assez près ces images comprendra que les regards attentifs et les sourires qu'on y voit en disent finalement plus long que les commentaires que je pourrais ici faire.
RELIRE NOTRE CAHIER D'ACCOMPAGNEMENT POUR LES CHANTS DE KIEPJA.
jeudi 6 avril 2023
DES RENCONTRES QUI ONT DU GOÛT. RYOKO SEKIGUCHI AVEC LE LYCEE BERTHELOT DE CALAIS.
Aujourd'huidans le décor chaleureux du Channel de Calais, rencontre entre Ryoko Sekiguchi et un groupe choisi d'élèves du lycée Berthelot, autour des questions si sensibles du goût. Alimentée en parallèle par les préparations du chef Alain Moitel cette réflexion aura été un grand moment de découvertes pour la trentaine de jeunes qui se seront ouverts à une expérience qui, les sortant avec bonheur des abstractions, est de celles qu'on aimerait voir plus souvent se développer.