Le poète et romancier écossais, William McIlvanney, vient de
mourir le 5 décembre dernier. Pour avoir, grâce à mon ami Freddy Michalski, son
traducteur, eu la chance de découvrir son superbe roman Docherty qui raconte l’histoire d’une famille de mineurs écossais
peu avant le surgissement de la première guerre mondiale, je voudrais rappeler
ici que McIlvanney ne fut pas que cet auteur de romans policiers qu’on a pris
l’habitude de voir en lui, même si ces romans qui influencèrent,
dit-on son cadet Peter May, ne manquent pas d’intérêt.
Docherty est un roman magnifique, tout en
sensibilité, qui témoigne de l’extraordinaire capacité de son auteur à
comprendre et à manifester dans toute leur subtilité les liens qui, en dépit des
malentendus de surface et surtout des difficultés à traduire sentiments et
pensées dans les formes d’une parole claire, rassemblent les membres d’une
famille ouvrière, dans un contexte social où la pauvreté pour ne pas dire une
certaine misère n’a pas encore, loin de là, comme on le voit de nos jours, défait
le souci de la dignité et le sens des solidarités humaines les plus
profondes.
Nos
lecteurs trouveront dans l’extrait que nous publions ci-dessous un très beau
passage où les qualités de l’auteur, j’espère, lui apparaîtront dans leur
évidence. Dans cet extrait, un jeune fils de mineur doué pour les études mais
qui méprise son instituteur, tente d’expliquer à son père, qui ne sait pas
lire, pourquoi il ne veut plus prolonger ses études et désire, comme lui,
descendre à son tour à la mine.