GRAVURE DE NELIDA MEDINA |
Sans doute qu’il y a quelques
années, j’aurais accordé aux deux ouvrages que vient de m’envoyer Neige d’août, une attention moins grande.
Moins accompagnatrice. C’est que les poèmes de ces deux auteurs taïwanais que
Camille Loivier, l’une des chevilles ouvrières de ces publications, a tenu à me
faire découvrir, ne relèvent pas de ces écritures savantes, retournées,
interrogeant inlassablement leur relation sensible et longue à la parole, déconstruisant,
reconstruisant dans une recherche sans fin de leur identité, une langue dont on
sait pourtant depuis bien longtemps qu’elle ne nous appartient pas en propre.
Je n’ai évidemment rien contre ces voix
intérieures qu’il est dans la nature même de la poésie de pouvoir faire
entendre mais à l’heure où l’univers dans lequel nous vivons vient si largement
à nous et avec lui son lot de négations sanglantes de la plupart des valeurs
sur lesquelles s’est bâti notre hypothétique humanité, j’attends désormais que
la voix du poète prenne davantage en charge l’Histoire, ses désastres, ses
drames, bref, l’infinité des situations le plus souvent peu enviables que le
monde tel qu’il est impose à ses populations.