Cela aurait pu être pour nous une très belle
semaine. Avec d’abord aujourd’hui la remise officielle à Boulogne du Prix des
Découvreurs 2020 et la découverte toujours très attendue des travaux effectués
autour du Prix par diverses classes de collège et de lycée de la ville, en
présence de nos amis de la Municipalité qui depuis près d’un quart de siècle s’est
indéfectiblement tenue à nos côtés, des représentants du Rectorat de Lille qui lui
aussi ne nous a jamais fait défaut et la présence exceptionnelle cette année de
Philippe Le Guillou, Inspecteur Général de lettres mais aussi écrivain venu
pour parler de la vie littéraire et du roman, car il n’y a pas bien sûr que la
poésie, au monde. Puis nous nous serions rendus jeudi à Calais pour animer en
collaboration cette fois avec nos amis du Marché de la Poésie de Paris, Yves
Boudier et Vincent Gimeno, notre traditionnelle journée de découvertes où sur
la Scène nationale du Channel, notre lauréat 2020 ainsi que la poète et
traductrice Séverine Daucourt-Fridriksson, auraient mêlé leur voix experte à
celles de dizaines et de dizaines de jeunes gens venus à côté de leurs
professeurs, célébrer eux aussi leur intérêt voire leur amour, pour la poésie.
Comme on sait l’épidémie que nous
traversons nous a obligés, non sans tristesse, à renoncer à ces moments
privilégiés. Que nous espérons bien voir revenir bientôt. Comme nous le
répétons sans relâche, la poésie n’est pas ce petit supplément d’âme ou cette
joliesse d’expression qui vous décore à l’occasion un petit pan de l’existence.
C’est une relation fondamentale, originelle, qui depuis toujours, noue et
renoue la vie à la parole et la parole à la vie. C’est pourquoi nous pensons
qu’en ces moments où la vie sous la pression des urgences qui ne sont pas que
sanitaires mais écologiques, économiques, sociales, politiques, va devoir se
réinventer il est plus que jamais important de remonter aux sources du vivant
informant, instruisant, la parole dans ce qu’elle a de plus sensible et de plus
rayonnant.
Dans notre nouvelle sélection nous avons
donc tenté de rassembler des ouvrages dans lesquels ce lien profond entre la
parole et la vie, la vie bien sûr sous ses diverses formes, dans ses divers
niveaux d’appréhension, nous a paru évident. Tout en restant autant que
possible accessibles à ces jeunes dont on sait bien qu’ils sont désormais, dans
nos sociétés marchandisées à l’extrême, nourris, si l’on peut dire, d’attentes
et de représentations, le plus souvent grossières. Des ouvrages que nous avons
aimés et qui auraient aussi très bien pu figurer dans notre sélection n’ont pas
été retenus et nous le regrettons. Mais chacun sait bien que l’exercice est
difficile et comprendra qu’il était aussi nécessaire pour nous de proposer une
certaine variété de formes, d’écritures, de thèmes, pour rendre aussi un peu
compte de l’extrême ouverture du paysage poétique contemporain. D’autres
critères sont intervenus comme la disponibilité des auteurs par rapport aux
propositions d’interventions qui j’espère continueront de nous être faites.
Trop d’auteurs cette année se sont dit indisponibles. Raison pour laquelle nous
avons proposé à Jérôme Leroy de revenir dans la sélection et d’être ici le
huitième homme. Nous avions avec lui un programme de rencontres auquel il s’est
sans problème plié mais que le Covid a brutalement interrompu un vendredi de
mars alors que nous étions du côté de la Villa Yourcenar. Il était aussi parmi
les deux ou trois auteurs dont les élèves semblaient le plus apprécier l’œuvre.
Redonner à son livre une nouvelle chance ne nous a pas paru injuste.
Le Prix des Découvreurs 2020-2021 est donc
aujourd’hui lancé. Puisse-t-il contribuer comme il le voudrait tant à redonner
à la poésie autre chose qu’un éclat de surface. Une image débarrassée de tout
caractère passéiste, élitaire et bourgeois. Lui apporter, comme elle en a tant
besoin, de jeunes et nouveaux lecteurs qu’elle accompagnera dans leur parole. Tout
au long de leur temps.
Télécharger la sélection.
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