OUF ! Non ce n’est pas un soupir de
soulagement que je pousse aujourd’hui pour marquer la fin de l’édition
2016-2017 de ce qui fut je crois la vingtième édition du Prix des Découvreurs.
Non. Cette action que nous menons grâce au concours actif de dizaines et de
dizaines de professeurs qui n’hésitent plus à faire entrer dans leurs classes
des poètes pour une fois bien vivants afin de faire comprendre à la jeunesse
qu’ils forment que la poésie s’écrit toujours au présent, qu’elle parle de
notre humanité actuelle, du monde bien réel qui nous entoure, est certes, une
tâche prenante, qui accapare une bonne partie de mon énergie et de mon temps
mais elle n’a rien d’épuisant, d’accablant, au vu surtout de tout ce qu’elle
apporte.
Non. OUF, c’est le titre qu’auront plébiscité
plus d’un tiers des jeunes qui cette année de Calais à Bastia – salut aux
élèves du lycée Vicensini – auront eu l’occasion de découvrir comment la poésie
d’aujourd’hui a pu se renouveler, étendre ses horizons, élargir ses thématiques
et multiplier ses formes d’apparition de manière à ouvrir, pour chacun d’entre
nous, de nouvelles voies dans la parole.
Le livre de Laurence Vielle qui est donc notre toute fraîche lauréate aura sûrement plu par
ce dynamisme constant qui appliqué à un vécu que chacun peut aisément
reconnaître, communique cette envie de vivre et surtout d’affronter dont les
jeunes ont tant besoin dans le monde difficile que nous leur transmettons. Sans
rien cacher des misères de ce dernier, Laurence sait replacer nos existences dans
le cadre élargi d’un univers qui ne se limite jamais aux étroites frontières du
moi, donnant ainsi de l’air à nos destinées momentanément essoufflées. Les
amenant par l’intensité de ses rythmes à redécoller. S’inventer de nouveaux
espaces. S’approprier des ressources jusque-là inédites.
Bien entendu
nous avons une pensée pour chacun des auteurs de notre sélection qui ont bien
voulu accepter de participer et de rencontrer des classes parfois bien
éloignées de chez eux. Laurent Grisel, Christiane Veschambre, Geneviève Peigné,
tout particulièrement, se sont montrés parfaits dans ce difficile exercice d’écoute,
de partage et de communication que nous avons eu le plaisir d’accompagner. Et
c’est à juste titre que leurs livres ont aussi trouvé de nombreux défenseurs.
Grâce à leur ouverture et à leur engagement, la poésie sort renforcée dans
l’esprit de nombreux jeunes mais aussi de nombreux professeurs qui en ont
découvert la vitalité, la nécessité et pris davantage conscience que cette
forme d’écriture ne peut se réduire à n’être à l’école qu’un support d’exercice
destiné à préparer les épreuves anticipées du bac.
Autre sujet
de satisfaction en cette semaine de la Langue française et de la
francophonie : après le grand poète algérien Mohammed Dib couronné en
2001, le poète liégeois Eugène Savitzkaya en 2008, la luxembourgeoise Anise
Koltz en 2012, c’est une poète bruxelloise qui remporte cette année le prix. Un
prix que par ailleurs auront aussi remporté un poète espagnol, Juan Antonio
Gonzales Iglesias et deux poètes d’origine syrienne : Maram Al Masri et
tout dernièrement cette belle figure de la résistance aux dictatures de tous
ordres qu’est Fadwa Souleimane.
Oui, nos
jeunes et les courageux professeurs qui les encadrent n’ont que faire des
limitations. Désireux de s’affranchir de ce qui, de partout, nous étouffe, ils sont
de ceux qui méritent que nous ne plaignions pas, comme on dit, nos efforts. Et
que nous poursuivions, plus convaincus que jamais, notre folle entreprise.
OUF !
À noter que
le prix sera remis le jeudi 6 avril prochain au Carré Sam à Boulogne-sur-Mer
lors de notre Journée Découvertes dont on peut consulter le programme ici.
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