dimanche 22 septembre 2024

UN NOUVEAU NUMÉRO DE NOS NOUVEAUX PARTAGES AVEC JEAN-CHRISTOPHE BELLEVEAUX & FLORA GUILLAIN.

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 Il y a quelques semaines, ma fille Flora a partagé avec moi une série de photos prises à Essaouira (Maroc). Sans être du tout photographe, ne disposant d’ailleurs pas d’autre matériel qu’un banal photophone, Flora, qui est paysagiste, possède une sensibilité aux choses et à l’image qui ont fait qu’immédiatement ces photos m’ont parlé. Bien au-delà de toute référence touristique. Ce qui m’a donné envie de les associer à des mots. J’ai commencé à le faire en leur imaginant des titres un peu personnels tels que Hommage à Nicolas de Staël pour la photo qu’on trouvera page  4 du présent livret. Puis ayant repris il y a quelques mois l’édition de la revue numérique pARTages, en orientant les nouveaux numéros vers ce que je présente comme une ouverture plus large encore au monde et à l’Histoire de notre temps, j’ai eu l’idée de rassembler un certain nombre de ces photos en les associant au travail d’un poète dont l’œuvre serait aussi principalement tournée vers la découverte de soi et le voyage. J’ai très vite pensé à Jean-Christophe Belleveaux dont le récent ouvrage, précisément intitulé Les lointains, chez Faï fioc a confirmé tout le bien que je pensais déjà de cet auteur découvert il y a une quinzaine d’années avec son machine-gun, publié chez Potentille.  

samedi 21 septembre 2024

HOMMAGE À PAUL LE JÉLOUX, POÈTE, 1955-2015.

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 Paul Le Jéloux est apparemment de ces poètes que l’intérêt que présente leur  œuvre n’aura hélas pas empêché d’être vite oublié. J’écris apparemment, car avant que sa nièce ne m’envoie le poème que je tiens aujourd’hui à partager sur ce blog, son nom n’était resté pour moi qu’un nom.

mardi 17 septembre 2024

CONTOURS PERDUS. 13 POÈMES RETROUVÉS DE GEORGES GUILLAIN.

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Très longtemps j’ai considéré la poésie comme une façon pour moi d’être aussi un peu peintre. Non plus le peintre d’une réalité extérieure que je me serais employé à rendre parfaitement reconnaissable mais celui d’une autre dimension de réalité qui, intérieure, prenant forme dans l’espace rendu sensible d’un langage – peut-être devrais-je dire ici d’une langue – rendrait physiquement, émotivement et pourquoi pas intelligemment, compte d’une expérience de vie. Même si cette dernière ne se limite qu’au seul moment, parfois très long, de l’écriture.

En dessin, un contour perdu est un contour qui s’estompe, s’efface, disparaît avant de répparaître plus loin. Les quelques poèmes que j’ai rassemblés sous cette appellation ont été écrits au cours de la dernière décennie du siècle passé. Comme beaucoup de mes textes je n’ai pas cherché à les faire publier. J’en ai seulement utilisé des éléments dans une section d’avec la terre au bout publié en 2011 à l’Atelier La Feugraie. Si je les expose aujourd’hui sur ce blog , les faisant ainsi réapparaître autrement à mes yeux, c’est qu’ils me semblent toujours dire quelque chose, par eux-mêmes, de la parole poétique. Sa façon d’aller vers. D’être toujours en mouvement. Habitée qu’elle est d’une tension vitale, d’une énergie, d’une attention, qui, bien que vaillamment portée à ce qui au fond fait notre commune et fuyante existence, ne l’empêche malheureusement pas de se perdre, tomber, dans beaucoup de vide ou de silence.

Je vois comme nombre de poètes véritables souffrent de n’être pas entendus. Mais j’ai depuis longtemps compris que c’était là, le plus souvent, le lot de tous ceux qui, en matière d’art, ne se voient pas portés par la puissance des amitiés, des réseaux, par l’opportune façon aussi dont leur travail en arrive volontairement ou non à croiser les formes, thématiques, problématiques voire les modes, emballements ou postures  du moment.

Déconcertante, toute poésie véritable, finit toutefois toujours par trouver son lecteur. Ne serait-ce qu’à travers la redécouverte qu’en fait ensuite, parfois beaucoup plus tard, son auteur. Qui réapprend ainsi à se connaître. Dans ce qu’il eut un jour, un moment, superbement à vivre, à travers la façon dont sans se soucier plus avant que la cheminée soit vide, il aura su souffler sur la braise des mots.

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dimanche 15 septembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : LES REBELLES MAGNIFIQUES D’ANDREA WULF AUX ÉDITIONS NOIR ET BLANC.

 

Iéna, 2024. Flânant dans les rues de la ville, le voyageur qui, acceptant de détourner les yeux de son téléphone portable, s’écarte un peu de l’ancienne place du Marché où se trouve l’Hôtel de Ville, peut découvrir devant un bâtiment d’apparence plus ancienne que les modernes constructions qui l’entourent, les bustes bien alignés de trois des personnalités qui en l’espace des quelques années qu’elles y auront vécu, auront contribué à faire de cette petite ville de Thuringe ne comptant à l’époque qu’à peine quelques dizaines de milliers d’habitants, l’un des foyers intellectuels les plus importants d’Europe, le lieu fondateur du Romantisme et de l’idéalisme allemand. Ces bustes sont ceux de Caroline Michaelis-Böhmer-Schlegel-Schelling[1], d’August-Wilhelm Schlegel et de son frère Friedrich.

Sait-il que sa façon qu’il imagine propre et peut-être même naturelle de voir le monde et de concevoir sa réalité personnelle doivent sans doute tout ou presque – n’exagérons pas – non pas seulement à ces trois êtres mais à ceux qui à un moment bien particulier de l’Histoire, en pleines guerres napoléoniennes, ont gravité, ici autour d’eux[2].

jeudi 12 septembre 2024

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. EMMANUEL MOSES. UN ENTERREMENT.

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J’ai suffisamment fait état sur ce blog de la sympathie et de la considération que j’éprouve envers la poésie d’Emmanuel Moses pour me sentir obligé aujourd’hui d’y revenir. Emmanuel Moses est de ces poètes féconds et reconnus qui bénéficiant du privilège de pouvoir à volonté publier ses ouvrages dans les maisons les plus diverses, possède malgré cela le don, la grâce, de ne jamais lasser. Sans doute parce qu’il est véritablement poète c’est-à-dire pense réellement avec le cœur, un cœur nourri en profondeur d’une riche, profonde et lointaine expérience du monde et de la vie. Qu’une maîtrise parfaite de la langue, un sens subtil des tonalités, une perception non moins fine du rythme capable de s’affranchir, sans heurter, des métriques conventionnelles, lui permettent de figurer sans avoir besoin de recourir aux pénibles acrobaties, aux confus hermétismes, auxquels s’abandonnent certains.

vendredi 6 septembre 2024

BOUQUET FINAL ? SUR JEUX D’OISEAUX DANS UN CIEL VIDE de FABIENNE RAPHOZ CHEZ HÉROS-LIMITE.

Entendez-vous dans les mots         

                                                          se déplacer (changer de sens)

                                                          les leçons semblables aux oiseaux

                                                          de ce discours embrumé?

[…]

 

                                                            Jeux d'oiseaux dans un ciel vide

 

Robert Duncan, The Opening of the Field, New York: Grove Press, 1960 ;  traduit par Yves Di Manno

 



Rendant rapidement compte hier du dernier ouvrage de Fabienne Raphoz, Infini présent, je me suis rendu compte que le long article de présentation que j’avais consacré à la sortie de ses Jeux d’oiseaux dans un ciel vide, n’était pas disponible sur ce blog. Cet article éclairant la démarche particulière de cette auteure que j’estime importante, je crois utile de le republier aujourd’hui.

jeudi 5 septembre 2024

POÉSIE ENCORE. VIVE TOUS LES OISEAUX !

J’ai de la sympathie pour ceux qui regardent les choses, qui regardent le monde, avant de regarder les mots. Surtout avant de se regarder eux-mêmes. Non que les mots ne comptent pas. Non plus que je ne sache que les choses pour nous ne prennent corps qu’à travers les représentations que nous nous en faisons, mais j’aime que mon attention soit portée vers ce qui en dehors de moi existe, élargit, amplifie, ouvre mon paysage. L’ouvrage que Raymond Farina,  jusqu’à présent inconnu de moi, m’a fait parvenir de Dinard où il se trouve apparemment en convalescence, est largement consacré aux oiseaux qu’il observe depuis l’enfance. Certes on n’y trouve pas cette grande liberté, ni ces audaces, que manifeste l’écriture par exemple de cette autre grande passionnée des oiseaux qu’est Fabienne Raphoz, toute nourrie de cette poésie américaine qui aura largement contribué, parfois d’ailleurs pour le pire, à décorseter une bonne part notre poésie.  Mais le confiant et paisible conformisme ici de la forme laisse au lecteur davantage d’espace pour se pencher avec l’auteur sur le vivant sujet qu’il traite. Ainsi de ce bruant zizi qu’il me fait découvrir page 17 de son recueil. Dont je m’efforcerai désormais de reconnaître, à travers les haies qu’il m’arrivera de longer, la trille expéditive et un brin métallique qui lui a donné son nom.

LE BRUANT ZIZI

mercredi 4 septembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : INFINI PRÉSENT DE FABIENNE RAPHOZ CHEZ HÉROS-LIMITE.

 

Après le monde des oiseaux c’est sur celui des insectes que le dernier livre de Fabienne Raphoz se penche. À sa façon à la fois érudite et joueuse mais toujours pleine d’attentions. Cela donne un ouvrage des plus singuliers dans lequel chaque poème trouve plastiquement et intellectuellement sa forme en fonction de son sujet, le mot sujet étant ici à prendre au sens autant biologique que linguistique du terme, l’insecte particulier ou l’espèce qu’évoque chacun des 73 poèmes de l’ensemble n’y apparaissant pas comme objet d’étude mais comme le partenaire d’une espèce de danse ludique rendant grâce à l’infinie diversité du vivant et à notre capacité poétique à en accueillir, en recueillir, la précieuse et de plus en plus fragile substance.

 

RENTRÉE 2024-25 : QUELQUES POÈMES AVEC DES ARBRES.


 

Il se publie des livres comme s’il en pleuvait. J’entendais récemment sur je ne sais plus quelle station nationale un critique affirmer que le roman dont il rendait compte était le meilleur des 437, je crois, romans dits de la rentrée ! Diable les aurait-il tous lus ? Pour ma part, j’aurai surtout consacré mon été à m’occuper de ce vaste terrain tout planté d’oliviers où depuis quelques saisons nous venons ranimer nos articulations quelque peu mises à mal par les humidités et la fraîcheur du nord. Dans la chaleur de la journée, les belles terrasses que nous avons sur la côte ligure s’offrant dans l’éventail large ouvert des versants qui sous nos pieds se succèdent sont plus propices à la contemplation voire à la simple jouissance de l’être là autour par exemple d’une bouteille bien fraiche des vins légers et pétillants de la région, qu’aux occupations littéraires auxquelles je m’adonne le reste de l’année. Je ne dois sûrement pas être poète au sens rilkéen du terme.