vendredi 30 mai 2025

DÉGONFLER NOS EGOS DE GRENOUILLE. À PROPOS DE GENS DE PEINE D’AURELIE FOGLIA AUX ÉDITIONS NOUS.

Me préparant à rencontrer Aurélie Foglia dans le cadre d’une Périphérie prochaine du Marché de la Poésie, que nous avons contribué à organiser avec la Librairie et l’équipe du Channel de Calais, je constate que la présentation que j’ai autrefois faite de son livre, Gens de peine, sélectionné dans le cadre du Prix des Découvreurs 2015-2016, n’apparaît plus sur mon blog. Dommage. J’ai plaisir donc à la reprendre aujourd’hui, accompagnée des différents extraits que nous avons en leur temps soumis à la découverte des jeunes et de leurs professeurs.

 

Drôle de mot que le mot gens. Nous nous en servons régulièrement pour désigner les autres.    Les anonymer en catégories comme nous aimons faire de tout. Paresseux que nous sommes à distinguer le singulier, l'unique, sous l'étiquette commode des termes génériques. J'ai quant à moi, de plus en plus de difficultés face aux généralisations hâtives. Je déteste entendre parler des hommes en général, des femmes, des jeunes ou bien des flics. Du peuple aussi, bien sûr, pour ne rien dire des français, des arabes et même encore des politiques. Là où d'autres pensent Poésie, j'essaie de penser poèmes. Alors quand on parle devant moi des gens, je me défie de cette apparence de compassion, de cette morgue plus ou moins bien dissimulée, par laquelle parlant des autres, les uniformisant, nous nous régalons de l'illusion de notre souveraine et distincte supériorité.

dimanche 25 mai 2025

AUTRE COMPATRIOTE DE L’AILLEURS : PAUL LOUIS ROSSI. EXTRAITS DE LES HORIZONS ÉGARÉS CHEZ OBSIDIANE.

 

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Parcourant d’abord, à la découverte, les pages de ces Horizons égarés du poète Paul Louis Rossi, que les éditions Obsidiane, nous redonnent aujourd’hui, sous une forme nouvelle, je m’étais dit que je partagerais volontiers sur ce blog, des extraits de sa première section, justement intitulée Les Horizons égarés, dans laquelle notre auteur comme on sait récemment disparu, évoque à sa façon, toujours des plus personnelles, l’expédition de mon lointain et pas assez bien connu compatriote, Alphonse Pinart, découvreur dans les années 1870, de ces masques Kodiak qui sont une des richesses absolues du Musée de Boulogne-sur-Mer.

mardi 20 mai 2025

JEAN-BAPTISTE PERRONNEAU. PEINDRE DES GENS QUI NE SONT RIEN !

 

Le Musée des Beaux Arts d’Orléans possède d’intéressants portraits de ce Jean-Baptiste Perronneau dont les critiques de l'époque, entraînés sans doute par la plus grande célébrité de Quentin de La Tour, eurent tendance à rabaisser le talent. C’est vrai qu’au moment où la bourgeoisie française commence à vouloir faire étalage de ses réussites, il n’hésitait pas à représenter des personnes de moins grande qualité que son rival. Il est intéressant de noter à ce propos, les réactions des milieux prétendûment éclairés du temps qui se désolaient de cette profusion de portraits consentis à des gens jugés sans importance. On ne disait pas à l’époque « qui ne sont rien ». Quel serait aujourd’hui leur effroi découvrant la course frénétique à l’image qui s’est emparée de chacun !

 

À titre de curiosité j’ai pensé que les lecteurs de ce blog auraient plaisir à découvrir, dans le texte, les considérations que, grâce à Gallica, j’ai pu retrouvées sur ce phénomène de démocratisation de l’art du portrait dont J.B. Perronneau fut dans la seconde moitié du XVIIIème siècle l’un des artisans.

dimanche 18 mai 2025

ENCORE UN OUVRAGE QUI NE MANQUE PAS D’INTÉRÊT. LES [NOTES FANTÔMES] DE SYLVAIN JAMET CHEZ LOUISE BOTTU.

  


Pris récemment plaisir à lire les [notes fantômes] de Sylvain Jamet que m’ont adressées les bonnes éditions louise bottu. J’aimerais en partager aujourd’hui quelques-unes, que ce que chacun sait de la nature singulièrement peu joviale des temps ne laissera pas sans résonance. Dans les notes d’accompagnement jointes par l’éditeur à l’ouvrage, Sylvain Jamet précise que les sortes de définitions qui composent son livre « méritent le nom de fantôme en ce qu’elles flottent hors de la personnalité de l’Auteur, tout en restant malgré tout reliées à elle, comme les fameux « membres fantômes » prolongent le corps des mutilés. Il n’y a rien à soi, ici, et pourtant il y a une douleur. Ou disons plutôt, dans le cas de ces notes, une nostalgie. » Il fournit aussi une autre indication fort parlante, évoquant les ghost notes qui en musique, intercalées entre les notes principales, dans les blancs du morceau, « sont marquées d’une croix sur la partition et sont produites par la technique de l’étouffement », ce qui les rend à peine audibles. Rapporté au texte cela signifierait qu’entre les mailles ou au revers de « tout ce que nous croyons devoir être dit […] quelque chose encore joue une toute autre musique. » Intéressant.

samedi 17 mai 2025

PAS ENCORE LASSE LA MAIN QUI ORDONNAIT LE MONDE. SUR LE NOUVEAU LIVRE DE GÉRARD CARTIER : LES BAINS-DOUCHES DE LA RUE PHILONARDE, CHEZ OBSIDIANE.

Bon. Les livres dont il me faudrait parler s’accumulent. Le temps dont je dispose pour le faire avec l’empathique patience qu’ils réclament, se réduit. Il me semble aussi qu’une certaine forme d’énergie, de cette joyeuse et optimiste créativité qui m’a longtemps porté, est en train de m’abandonner. Effet pas seulement de l’âge. De ce climat, je constate, de faux-semblant, d’effrontée publicité de soi-même qui, de concert avec le panurgisme culturel ambiant, me gâte chaque jour davantage ce beau commerce d’art et de pensée qui devrait pourtant permettre à chacun de se sentir moins écrasé par le cynique mercantilisme des temps. Oh ! Pouvoir d’un seul bond briser l’ombre. Courir comme autrefois en équilibre sur le tranchant de la lumière…

samedi 10 mai 2025

SUR LA FUREUR D’ÉCRIRE !


"Il est tout à fait vrai que nombreux sont ceux que tient la maladie incurable d’écrire et il n’y a point de fin à multiplier les livres, comme le disait déjà le vieux sage ; à notre époque écrivassière et tout particulièrement alors que le nombre de livres est innombrable, comme l’a dit un homme de valeur, et quand les presses sont oppressées, à une époque où il suffit que tout un chacun soit d’humeur à se gratter pour vouloir s’afficher et désirer célébrité et honneurs (nous écrivons tous, doctes et ignares), celui-là écrira quoi qu’il en soit et y parviendra, peu importent ses sources. Ensorcelés par le désir d’être célèbres, même au plus fort de la maladie, au risque de perdre la santé et d’être à peine capables de tenir une plume, ils doivent dire quelque chose, le sortir d’eux-mêmes, et se faire un nom, quitte à écraser et à ruiner beaucoup d’autres personnes. Ils veulent être comptés parmi les écrivains, être salués comme écrivains, être acceptés et tenus pour polymathes et polyhistors, se voir attribuer par la foule ignorante l’appellation vaine d’artiste, obtenir un royaume en papier ; sans espoir de gain mais désireux d’une grande célébrité, à notre époque d’érudition immature, de précipitation et d’ambition (voilà comment J. C. Scaliger la critique) et alors qu’ils ne sont encore que des disciples, voilà qu’ils veulent devenir des maîtres et des professeurs, avant même de savoir écouter correctement."

Robert Burton
in Anatomy of Mélancolie, 1621
 traduit par Gisèle Vernet, édition Folio, Gallimard

vendredi 9 mai 2025

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. DEUX POÈMES DE PAUL LE JÉLOUX TIRÉS DU JARDIN SOUS L’OMBRE, CHEZ OBSIDIANE.

 

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Il se pourrait finalement que ce blog propose désormais davantage d’extraits directement à découvrir que de notes de lectures plus ou moins approfondies. Après tout ce sont les textes qui sont intéressants. Qu’on a envie de partager. Pouvant se lire et se relire. Leur sens allant sans cesse, mouvant, s’élargissant. Aujourd’hui sensible à l’envoi que vient de me faire sa nièce, du dernier ouvrage de son vivant publié par Paul Le Jéloux, Le Jardin sous l’ombre, j’ai plaisir à proposer à la lecture ces deux beaux textes qui m’auront particulièrement touché. Par l’ampleur du regard ici porté sur notre condition sans que le caractère extensif de ce dernier se perde comme souvent c’est le cas, dans cette espèce de pensée vague encartonnée qu’affectionnent ceux qui n’ont rien à dire. Non le clair-obscur de notre être au monde s’y révèle bien dans des jeux d’images parlant en profondeur à notre imagination. Celle qui effectivement depuis les origines avance en nous à pas de loups, cherchant à la fois l’aliment et le signe.  

TEXTES : 

mercredi 7 mai 2025

PARUTION. LES CAVALES, 2, D’HERVÉ MICOLET À LA RUMEUR LIBRE.

 


Un an après la sortie de ses premières Cavales, le poète lyonnais Hervé Micolet lance, toujours à la Rumeur libre, Les Cavales, 2, ouvrage encore une fois remarquable de liberté d’expression, se proposant ni plus ni moins que de nous entraîner à la rencontre du monde, à la traversée de temps, d’œuvres, de moments, créateurs ou corrupteurs de vie et de beauté, dans un galop étourdissant, car toujours inventif et rechargé d’énergie, de strophes donnant l’impression de ne s’essouffler jamais.