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Pour prolonger l’éloge que j’ai récemment
publié du livre de Dickow, j’invite le lecteur curieux à en lire un extrait
accompagné d’un commentaire lumineux de François Huglo sur le sens des « incorrections » dont l’auteur –
qui est totalement bilingue - joue de
manière si singulière dans son texte. François Huglo se référant lui aussi dans
son billet à l’oeuvre de François Jullien, j’en profite pour recommander ici la lecture de Vivre de paysage ou l’impensé de la raison, paru chez Gallimard en
2014. Et en citer l’une des lumineuses approches qu’il fait de cette notion de
paysage que pour ma part j’élargis depuis longtemps à la relation existant
entre langue et poésie.
« Il y a paysage non seulement quand
s'efface la frontière du perceptif et de l'affectif ou que du perceptif se
révèle en même temps, indissociablement, affectif: mais aussi quand s'abolit la
coupure du tangible, physique et du spirituel et que du spirituel se dégage à
partir du physique. Le propre du paysage, autrement dit, ce qui le promeut de
pays en paysage, ce qui fait qu'il y a « paysage », est qu'il nous hisse — nous
hausse — à cette transition et la fait apparaître. Il nous élève à du
spirituel, mais dans la nature, au sein du monde et de sa perception : de ce
monde de montagnes et d'eaux que j'habite et dans lequel je me promène, à
travers ses alternances du massif et du fluide, du visible et de l'audible, de
l'opaque et du transparent. Il y a paysage quand le monde, du fait de
l'activité de ses corrélations, ouvre du dégagement en lui et nous le fait
éprouver — «dégagement» sera le terme clé. Car il y a de nos jours (c'est là
notre nouvelle tâche de pensée), non pas à renoncer à la transcendance (toute
pensée qui s'enfonce dans son déni y meurt), mais à ne plus la concevoir comme
une fuite (dans quelque autre monde) : à concevoir le « spirituel », non plus
comme de l’« Être » (s'opposant à l'écoulement du devenir), mais comme du
processuel. En quoi le paysage alors est révélation. »
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