lundi 7 novembre 2016

VULNÉRABLE GÉNÉROSITÉ DE LA POÉSIE. STÉPHANE BOUQUET.

EDUARD OLE PASSENGERS 1929

Merci aux éditions Champ Vallon de m’avoir adressé le dernier livre de Stéphane Bouquet, Vie commune. Ceux qui me font l’amitié depuis quelques années de lire les notes que je consacre aux poètes que j’estime savent tout le bien que je pense de l’œuvre de cet auteur auquel j’ai consacré l’un des tous premiers billets de mon précédent blog (Voir).

L’ouvrage aujourd’hui présenté ne fait pour moi que confirmer l’importance du travail de cet auteur. Importance dont me persuadent moins les nombreux arguments que pourraient avancer ma raison raisonnante ou la sorte d’évidence avec laquelle le lisant, ses livres m’apparaissent sortir vraiment du lot commun. Non, si les livres de Stéphane Bouquet comptent tant à mes yeux c’est qu’ils sont au sens fort émouvants. Qu’ils m’émeuvent. Par tout ce qu’ils réussissent à me faire sentir de ce désir poignant qui nous anime d’une présence élargie aux autres et au monde. Sans rien cacher de tout ce qui pourtant fait la vie moindre et fausse. Et solitude.


Jean-Claude Pinson et Patrice Beray dans leur media respectif ont bien rendu compte de ce nouveau livre où Stéphane Bouquet parvient à donner, plus encore peut-être que dans ses précédents, corps à ce complexe on pourrait dire de vulnérable générosité qui veut en lui que chaque vie quoi qu’il en soit des réalités mortifères dans laquelle elle se trouve plongée, loin de rester enfermée dans son être s’ouvre autant que possible aux espaces par lesquels elle peut enfin s’éprouver liée et fraternelle. Cela commande sûrement l’esthétique « poreuse » qui commande ici à l’auteur d’emmêler comme il dit les genres et les gens. Non pour brouiller les repères mais dessiner l’utopie d’un monde que n’attristent plus les barrières. Ou initier le mouvement qui ne consentira plus à s’en laisser imposer par elles.

Toutefois, investissant dans ce livre les territoires du théâtre et du récit, Vie commune ne se détourne pas pour autant de la poésie. Et je ne fais ici pas  allusion à la petite dizaine de pages de vers qui constitue l’ouverture de l’ouvrage. Non, si poésie il y a avec Vie commune, elle est partout. Dans cette capacité qu’a l’auteur de rendre toujours sensible l’intensité de la relation qui noue sa parole à la vie et la vie à sa parole. Non pour décrire formellement une réalité. Pas plus que pour exprimer sa subjectivité. Mais se poser un peu plus « sur la vivance des choses » et dans « une grande espérance de phrases assemblées [...] apprendre à additionner dans le monde dépourvu ».


Lire le poème intitulé SANS qui conclut la suite de 3 poèmes donnée au début du livre. Ce poème qui se termine par l’évocation de tout ce qui « sincèrement aussi était possible », m’a récemment paru pouvoir illustrer la belle réflexion de Marielle Macé dont j’ai rendu compte dans un précédent billet

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