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Ma mère, née Brabant, eh oui, utilisait souvent cette expression, que pendant longtemps j’ai moi-même utilisée, avant qu’on ne me fasse savoir qu’elle n’était pas bien correcte, sentait son peuple, son petit paysan. Son belge ! Car il semble que cette expression à caractère pléonastique pour les uns, figure d’insistance pour moi, serait un « flandricisme ». J’aime à le retrouver là sous la plume de Lucien Suel, célébrant les richesses de notre terre du Nord qu’il habite en poète, c’est-à-dire avec le regard large ouvert, déhiérarchisé, de ceux qui restent sensibles à tout. Tout ce qu’ils voient partout. Et fait pour lui la couleur, non, les couleurs ici, et le riche ordinaire, de nos vies reliées.[1]
Arithmomania, paru en 2021 au Dernier Télégramme, est une anthologie des poèmes écrits par Lucien Suel en vers arithmonymes(comprenant le même nombre de mots) ou arithmogrammatiques (le même nombre de lettres). Tout partout est donc un poème en vers arithmogrammatiques. L’emploi de la police courrier new, police dont chaque caractère occupe le même espace, permet à ce poème d’être justifié aussi bien à gauche qu’à droite.
[1] Il y a du souffle et de l’inspiration toujours dans les poèmes de Lucien Suel. Ce que signale bien pour moi le jeu de mots revenant dans une partie du texte comme un refrain : Aura pro nobis, qui a de plus l’avantage par rapprochement phonétique d’évoquer l’or (aurum). Et de permettre à Lucien Suel de reconnaître merveilleusement ce qu’il doit à tous ces créateurs, ces êtres compagnons, avec lesquels aussi, depuis longtemps, il se sent faire pays.