Ce sont deux poètes que
nous aimons. Et dont nous avons à plusieurs reprises sur ce blog salué l’œuvre.
James Sacré et Hélène Sanguinetti sont de ces auteurs qu’on ne présente plus et
quoi qu’il arrive désormais laisseront une trace. Il y a quelques années nous
avons eu avec les Découvreurs l’idée de créer une petite collection rassemblant
des ouvrages dans lesquels un certain nombre des poètes que nous apprécions présenteraient
une sélection de leurs propres poèmes pour introduire les jeunes à la
singularité comme à l’évolution de leur univers d’écriture. Ainsi sont nés, Moi aussi d’Ariane Dreyfus et Aumailles de Pascal Commère, deux belles anthologies
que nous sommes fiers d’avoir pu éditer. Malheureusement le manque de soutien
efficace dont nous continuons de souffrir a fait que nos attentes auront été en
bonne partie déçues. Ce qui nous a conduit à mettre un terme à cette opération.
J’espère alors que ces deux ouvrages dont je souligne la parution, qui reposent
sur le même principe que celui que nous avions imaginé, rencontreront le succès
que devrait leur permettre mieux qu’à nous, le soutien de deux éditeurs dont l’engagement,
la valeur ne peuvent être ignorés.
Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
samedi 22 mars 2025
DEUX BELLES ANTHOLOGIES EN COLLECTION DE POCHE !
vendredi 21 mars 2025
RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR LE LIVRE DE MARINE RIGUET, FUGUE POUR VISAGE, CHEZ MAELSTRÖM.
Merci donc à Marine Riguet de m’avoir adressé son « premier livre de poésie » paru dans la petite collection rootleg de chez maelström reEvolution. Fugue à divers sens du terme, cet ensemble de poèmes enchaîne ses formes à la fois libres et denses en multipliant les figures le plus souvent indécises de fuite, d’effacement et de disparition /apparition. Le texte fait ici signe vers une grande disparité de mondes, intérieurs, extérieurs, passés, présents comme à venir, jouant du caractère le plus souvent général ou indéfini de ses référents. C’est qu’ici semble surtout ne compter que le mouvement. Le passage. Ouverture à la fois et refermement. Dans une conscience de son dire comme un autre et fuyant visage. L’œuvre, encore en incomplète gestation. À porter un jour au soleil. Attendu devant soi.
jeudi 20 mars 2025
ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. DEUX POÈMES D’HENRI DROGUET.
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Comme promis voici 2 poèmes extraits du dernier livre de Henri Droguet, Petits arrangements avec les morts que viennent de publier les éditions Gallimard.
Je signale, comme en informe d’ailleurs l’auteur, que le titre de ce recueil est une référence claire au film de Pascale Ferran, Petits arrangements avec les morts, sorti en 1994.
Avant de procéder à la lecture de ces textes, je ne crois pas inutile de prendre connaissance de la citation de Chesterton utilisée en épigraphe par l’auteur :
« Le monde ne mourra pas par manque de merveilles, mais uniquement par manque d’émerveillement. »
mercredi 19 mars 2025
SORTIE DE TEMPS MÊLÉS / MEMBRES FANTÔMES DE CLAUDE FAVRE AUX ÉDITIONS LANSKINE. REGARDER TOUTES LES DOULEURS EN FACE.
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Rassemblant, présentés tête-bêche, deux ensembles intitulés membres fantômes et temps mêlés, l’ouvrage que Claude Favre nous propose dans une belle édition de chez LansKine[1], s’inscrit tout en l’élargissant, dans la ligne de son précédent, Ceux qui vont par les étranges terres, les étranges aventures quérant. Tout en faisant aussi penser à ce fort livre de Marie Cosnay, Des îles, II. Île des Faisans 2021-2022, paru lui aux éditions de l’Ogre.
Il ne s’agit plus ici simplement, si je puis dire, des funestes migrations contemporaines ou de façon plus générale des errants qui de maison ne connaissent que l’ombre[2], mais de faire entendre l’universelle polyphonie des voix venues de tous les temps, les espaces, rappeler à la conscience l’oppression de l’homme par l’homme afin peut-être que « le dernier mot ne soit pas aux bourreaux qui racontent ». Ni non plus à ceux pour qui les souffrances humaines servent seulement à écrire des vers dont ils se font parure.
lundi 17 mars 2025
POUR CIMABUE. QUELQUES CONSIDÉRATIONS À PARTIR DE L’EXPOSITION DU LOUVRE
J’ai eu la chance de voir l’intéressante et instructive exposition réalisée par le Louvre autour de Cimabue. L’exposition est courte n’occupant qu’un assez petit espace mais fournit un merveilleux écrin à cette œuvre magistrale qu’est la grande Maesta conçue pour l'Église San Francesco de Pise et devenue propriété du musée depuis sa confiscation en 1813 par Napoléon.
Comme le disait il y a une vingtaine d’années le peintre Soulages, on ne parle généralement de Cimabue que comme un précurseur de Giotto, rappelant la formule de Dante à son propos qui signale que l’élève s’est très vite emparé de la gloire promise à l’origine à son maître qui sut peut-être le premier libérer la peinture italienne, sinon occidentale, de l’emprise du style grec hérité de la peinture byzantine, en la faisant accéder à un certain réalisme.
samedi 15 mars 2025
LE VRAI POÈTE VOLCANIQUE DU MOMENT, C’EST LUI !
Merci à Henri Droguet de m’avoir adressé ce nouveau livre paru chez Gallimard où je retrouve, toujours avec le même plaisir, la façon bien à lui qu’il a de s’arranger avec les mots, la langue, de venir inlassablement la brasser, machiner, triturer, pour en faire ressortir tous les principes actifs qu’elle contient.
Le vrai poète volcanique du moment, c’est lui.
Oui. Dans le corps à corps éruptif toujours renouvelé qu’il entretient depuis longtemps avec le monde, Henri Droguet ne cesse d’ajouter aux quatre éléments dont nous disons qu’est composé l’Univers, ce cinquième qui n’est pour nous pas le moindre : la langue. Dans sa phénoménale inépuisable et surgissante inventivité.
jeudi 13 mars 2025
ALORS RIME À QUOI DE METTRE AUJOURD’HUI BOUT À BOUT CES LIGNES ?
1. Les mots te parlent par erreur. Parole pareille à la fausse face des guérisseurs taillée à même le bois toujours vif de la langue et qui sauve. Ainsi compris dans ton humanité patraque tu attends sans bien savoir ce que cela signifie qu’un peu de l’esprit du monde parvienne à toi te délivre de cette tension que fait l’informe - l’empêchement du vrai - dans les paroles. Incapable autrement de présence. Perdu comme au milieu d’hiver. Dans une maison longue
POURQUOI JE NE ME SENS TOUJOURS PAS VOLCANIQUE.
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SNYDERS, CONCERT D'OISEAUX |
Quand, comme chaque année à l’occasion du Printemps des Poètes, monte le grand concert de voix qui s’applique d’un peu partout à se faire entendre, mêlant le pire et le meilleur, le médiocre surtout qui comme à son habitude aime à se croire essentiel et cette année plus improprement encore volcanique, les poètes qui se refusent à mettre une majuscule à leur nom, ont pris la résolution puis l’habitude de ne pas trop se payer de mots, savent bien que leur art ne sauvera pas le monde, les aidera tout au plus eux-mêmes et ceux qui leur ressemblent à mourir moins idiots, souffrent plus que d’habitude à voir la poésie qu’ils servent – encore que le mot ne soit peut-être ici pas trop juste – devenir le plus souvent cette mal supportable caricature que la grossière communication de l’époque en construit.
mercredi 12 mars 2025
À PROPOS DES SONNETS DE LA BÊTISE ET DE LA PARESSE DE BERTRAND GAYDON AU CORRIDOR BLEU.
On connaît, ou peut-être que non, la bien suggestive formulation de Mallarmé parlant de la danse, plus précisément de la danse telle que mise en espace par la Loie Fuller, comme ce dégagement multiple autour d’une nudité, grand des contradictoires vols où celle-ci l’ordonne.
Lecture faite du recueil des Sonnets de la bêtise et de la paresse, publié au Corridor bleu par Bertrand Gaydon, ce passage des Divagations me paraît fournir un assez bon point de départ pour y réagir[1]. On sait, toujours pour reprendre Mallarmé, à quel point la forme sonnet peut se montrer par les contraintes mêmes qu’elle impose, débordement intarissable de significations multiples, obligeant ses auteurs à de spirituelles acrobaties stimulant de partout l’esprit en recherche de sens.