C’est le grand mérite, entre bien d’autres, des éditions lurlure que de ne pas hésiter à publier de nouveau des textes parus certes, il y a de nombreuses années mais rendus malheureusement inaccessibles, par le défaut de leur éditeur. On ne remerciera donc pas assez Emmanuel Caroux d’avoir récemment repris Et voici la chanson d’Hélène Sanguinetti et aujourd’hui encore l’extraordinaire Alparegho, Pareil-à-rien, de la même, pour les remettre à la disposition des véritables amateurs de poésie.
Je suis depuis très longtemps le travail d’Hélène Sanguinetti, depuis son tout premier ouvrage, paru chez Flammarion, De la main gauche exploratrice, paru en 1999. À la sortie d’Alparegho, je lui adressai une lettre pour la remercier de son envoi. Je crois intéressant, surtout après avoir publié hier sur ce même blog l’extrait d’une longue réflexion de Charles Asselineau sur les manques de la critique littéraire, de partager ici l’échange, datant de septembre 2005, dont cet envoi fut pour Hélène et moi l’occasion. Comme nous sommes loin de la superficialité des échanges suscités par l’impatiente bousculade des réseaux sociaux !
Chère Hélène,
Je viens de terminer Alparegho.Tellement insolite et audacieux. Il m'apparaît comme un oratorio, une cantate, plutôt, pas exactement faîte encore pour les temps présents mais pour ces temps à venir, dépossédés de nous, de notre histoire, temps alzeimhériens où ne subsisteront en l'homme, que bribes de ce qui l'aura, jusqu'ici, constitué, intelligence, perceptions, sentiment douloureux de l'altérité généreuse du monde…