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Depuis quelque temps, il semble que j’apprécie de plus en plus de me pencher en direction de ces années parfois lointaines dont mon PC me propose chaque matin de visualiser par l’image les traces qu’il en a retenues. C’est vrai que mon passé est sûrement plus riche désormais que mon futur. Même si ce qui me reste entièrement, physiquement et surtout aventureusement à vivre, aura toujours plus de poids à mes yeux que les reliques même les plus aimables, avantageuses, de mes années disparues.
Ce matin, par exemple, je me suis avec plaisir replongé dans les souvenirs des quelques jours de décembre 2008 où j’ai imaginé, suite à une demande un peu vague de la Maison des Ecrivains et de la Littérature de l’époque, d’accompagner le jeune et brillant romancier anglais Toby Litt, dans une suite de rencontres à Lille avec divers groupes de professeurs auxquels dans le cadre de mon action de formateur j’ambitionnais de faire découvrir et surtout mieux comprendre la littérature, je dirais, non conformiste et réellement nourrissante de leur temps.
Heureuse époque que celle où l’on pouvait encore rassembler de nombreux professeurs autour de la venue d’un auteur étranger pour discuter vraiment littérature. Où le professeur pas encore totalement épuisé et surtout désabusé, acceptait même de venir du fond parfois de son Académie, un mercredi après-midi, sur son temps libre, pour des temps de rencontre ambitieux dont il pouvait ressortir stimulé, revivifié[1].
De ces rencontres avec Toby Litt à qui nous avions aussi proposé de rencontrer des jeunes du lycée Berthelot de Calais[2], je conserve bien des souvenirs marquants. Dont je n’évoquerai ici, pour finir, que deux. D’abord, celui précisément de l’une de ces élèves de Calais, venue le dimanche suivant revoir l’auteur qu’Escales des Lettres sur ma proposition avait accepté de recevoir dans le cadre de son Salon annuel à l’ancienne Bourse de Lille. Ensuite les commentaires de Toby ironisant ce jour là, publiquement, à propos de l’inconsistance des questions que lui posait Philippe Lefait, qui de toute évidence, malgré le cachet sans doute conséquent perçu pour animer la table ronde à laquelle participait aussi l’académicien Erik Orsenna, n’avait pas trouvé bon de lire autre chose de notre auteur que la quatrième de couverture de ses livres.
Aujourd’hui, même si je ne me fais pas trop d’illusion sur la portée du geste[3], je tiens à partager à nouveau sur mon blog les compte-rendus des deux entretiens que j’ai, à tous les sens du terme, bénévolement menés avec Toby Litt. Ce qui temporairement sortira ces moments de l’oubli. Et qui sait, peut-être donnera à certains l’envie de lire l’une ou l’autre des œuvres de cet auteur peu commun. Et chez nous peu connu.
[1] Je me souviens bien de la façon dont les professeurs avaient réagi à la lecture de l’ouvrage de T.L., Hôpital d’enfer, que je leur avais demandé de lire. Beaucoup avaient déclaré n’avoir pas pu le finir. D’autres n’y avoir rien compris. Après les rencontres l’unanimité s’était faite autour de sa personne. Et la plupart avaient compris que le problème ne venait pas que du livre, mais de leur rapport personnel à la lecture, encore malheureusement trop dépendant des stéréotypes scolaires.
[2] Pour lequel nous avons l’année suivante organisé le retour de Toby dans le cadre cette fois une mini-résidence de quelques jours pour des séances d’atelier, en classes d’anglais, consacrées à la traduction littéraire.
[3] Encore que je vois bien qu’avec le temps les articles ici publiés finissent par trouver un nombre non négligeable de lecteurs.
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