Johannes Lingelbach, Le Dam avec son nouvel hôtel de ville en construction, 1656 |
Oui le livre est ancien mais en cette période de confinement qui rétrécit si fortement physiquement, socialement, humainement, notre univers, se replonger dans cette somme qui, pour éclairer en profondeur l'oeuvre de Rembrandt, nous restitue largement le monde dans lequel il aura vécu, celui des grands ports du Nord, des Flandres catholiques aux Provinces Unies calvinistes, a quelque chose de tellement vivifiant, stimulant, si fortement évocateur qu'on en oublierait presque que les évocations, les tableaux que multiplie Simon Schama dans ce chef d'œuvre, n'ont de consistance que dans notre imagination. Ce que rappelle quand même par exemple ces moments où, déambulant avec lui dans les rues d'Amsterdam, on finit, alerté par l'odeur, par suivre avec plaisir les lourds bateaux de nuit collectant d'une écluse à l'autre du Amstel ces provisions d'excréments qu'ils livreront avec profit le matin aux producteurs de fraises et de carottes de Bewerijk ou de Hoorn…
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Un des passages les plus formidables de ce gros livre superbe qui est un livre d'écrivain est en effet celui où Schama - on voit à quoi il se réfère - réalise ce qu'il appelle une "anatomie" de la ville, en commençant par l'évoquer à partir de chacun des cinq sens. Ce sont des pages d'anthologie dont j’ai eu l’envie de partager ici celles consacrées à la vue. Qui je le pense donneront à beaucoup de ceux qui les liront l'envie de faire plus ample connaissance avec ce livre remarquable qui a aussi comme mérite pour les vrais amateur de peinture et d'histoire de l'art de confronter en profondeur les destins des deux grands artistes que furent Rembrandt bien sûr mais aussi l'extraordinaire coloriste d'Anvers, le non moins génial, Pierre-Paul Rubens dont Rembrandt pour son malheur peut-être, voulut imiter la carrière.
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