vendredi 9 décembre 2016

LITTÉRATURE ENGAGÉE. UN LIVRE À FAIRE TRAVAILLER DANS LES CLASSES !

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« C’est pas l’affaire privée de quelqu’un, écrire. C’est vraiment se lancer dans une affaire universelle. Que ce soit le roman, ou la philosophie. » Ce n’est certes pas le livre d’Alice Ferney, Le Règne du vivant, qui vient d’être réédité en Poche après sa publication en 2014 aux éditions Actes Sud, qui donne tort au propos que Gilles Deleuze aura tenu dans son Abécédaire, confronté à la lettre A de Animal.

Court, prenant, engagé, le livre d’Alice Ferney qui s’insurge contre l’accaparement et la destruction par les humains de l’espace naturel qu’ils se révèlent incapables de partager vraiment avec toutes les autres formes de vie, mérite d’être proposé aux jeunes qu’il est en mesure de sensibiliser à l’usage que nos sociétés dîtes avancées font du monde dont elles s’estiment toujours, pour reprendre l’expression bien connue de Descartes, « comme maîtres et possesseurs ».


Plus proche en fait du documentaire que de la fiction, le roman d’Alice Ferney nous raconte le combat mené par un homme qui sacrifie sa vie afin de « faire pour la jeunesse actuelle ce qui n’avait pas été fait pour lui au temps des bisons ». Décidé à agir et à agir vraiment, pour empêcher l’extinction de nouvelles espèces, fort de l’idée que « l’avenir, si on le met au présent, s’appelle la préservation » et que le respect de la vie importe plus que celui de la propriété, le héros d’Alice Ferney, Magnus Wallace, – largement inspiré par la figure du militant écologiste Paul Watson - emmène avec lui, en plein coeur de l’Antarctique, son équipage d’activistes, éperonner les navires baleiniers qui, au mépris des lois mais avec la complicité des gouvernements de tous bords, continuent de massacrer les baleines dans des conditions qui n’ont plus rien à voir avec celles que le fameux roman de Melville, Moby Dick a pu ancrer dans les imaginations. Ou celles, pleines de courage et de dignité, qu’a mises en scène Hemingway dans le Vieil Homme et la mer.

Racontée à travers le témoignage d’un journaliste norvégien qui filme les opérations de Magnus et l’accompagne dans ses actions, l’histoire que raconte Alice Ferney amènera ses jeunes lecteurs à découvrir l’horrible réalité d’une extermination en cours qui, pour s’effectuer loin de leurs yeux, n’en compromet pas moins gravement l’équilibre du monde où il leur faudra vivre demain. Parallèlement, et parce qu’il importe, face aux périls essentiels de se poser la question de nos éventuels moyens d’action, le livre les aidera à confronter diverses formes d’engagement, à comprendre un peu en quoi peut consister le cynisme de certaines organisations dont le discours radical cache de fait les pires compromissions, à réfléchir aussi au pouvoir des images et au rôle aujourd’hui que peut avoir la communication, le pouvoir médiatique, dans la façon dont se construisent nos représentations et dont peuvent ou non avancer les causes les plus justes. Information contre désinformation, capacité de l’adversaire à discréditer vos positions en les caricaturant, voici des thèmes qui ne devraient pas manquer d’aider de jeunes esprits à reconsidérer avec plus d’attention le spectacle d’images et le théâtre d’idées dans lesquels ils se trouvent plongés.


Et comme il importe aussi de mieux connaître et de mieux aimer tout ce qu’il est aujourd’hui devenu si urgent de sauver, le beau livre d’Alice Ferney n’hésite pas à prendre des accents poétiques, allant notamment dans son prologue jusqu’à évoquer le Bateau ivre de Rimbaud lorsqu’elle brosse le merveilleux tableau de ces immensités marines « où vivent ceux des animaux qui aiment se tenir éloignés des hommes », de ces sanctuaires du bout du monde qu’avec ses mains de fer la violence de l’homme industriel n’hésite plus à profaner.

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