mercredi 5 avril 2023

DEUX POÈMES. PEUT-ÊTRE TROIS. SANS DOUTE AUSSI DAVANTAGE.

 

Je m’étais engagé à dire quelque chose des deux ouvrages ensemble, Falaise au ventre de Maud Thiria et Le Chaos dans 14 vers, anthologie bilingue du sonnet anglais de Pierre Vinclair. Je sais. J’ai tendance à présumer de mes forces. Oublier le temps qui m’est malheureusement compté. Écarter de mon esprit la connaissance au fond que j’ai de la vanité de ces choses qui ne changent rien de la vie. Si ce n’est qu’elles l’occupent. Ce qui peut-être lui suffit.

dimanche 2 avril 2023

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. LES LARMES DE CHALAMOV DE GISÈLE BIENNE AUX ÉDITIONS ACTES SUD.

“Ils ne sont pas bien sorciers / Ces outils de notre métier : / Un cent de papiers à dix sous, / Et un crayon qui se hâte – / C’est tout ce qu’il nous faut / Pour construire un château / De style très aérien / Au-dessus du destin. / Tout ce qu’il a fallu à Dante / Pour dresser les hautes portes / Donnant sur l’entonnoir / De l’enfer creusé dans la glace.” [1]

Composés entre 1954 et 1973, à son retour des camps par Varlam Chalamov, Les Récits de la Kolyma, effectivement écrits sur de pauvres papiers, à l’aide d’un crayon de graphite, constituent l’un des témoignages littéraires parmi les plus remarquables, sur l’univers concentrationnaire organisé sous la direction de Staline par l’état soviétique. Plus que le fameux Archipel du Goulag du Prix Nobel de littérature Alexandre Soljenitsyne, ce gros ouvrage de plus de 1400 pages, rassemblant à la façon d’une mosaïque près de 150 courts récits de forme autobiographique, interpelle ses lecteurs en les plaçant, à travers une forme qui n’a aucun précédent, face à l’atrocité de l’entreprise de déshumanisation qui fut effectivement conduite à l’extrême est du territoire russe dans cette région aussi appelée « pays de la mort blanche ».

C’est à la belle et douloureuse figure de ce miraculé des camps que fut Varlam Chalamov que s’intéresse Gisèle Bienne dans son dernier livre qui succède à La Malchimie, récit par lequel elle dénonçait à partir de la mort de son propre frère, ouvrier agricole, le système agro-industriel empoisonnant cyniquement à coups de pesticides les sols et les organismes.

jeudi 23 mars 2023

BELLE INITIATIVE AUTOUR DES DÉCOUVREURS AU LYCÉE JOFFRE DE MONTPELLIER !

Merci à Georges Delgrande, professeur documentaliste au lycée Joffre de Montpellier, de me signaler cette intéressante opération qui aura lieu bientôt dans une librairie de Montpellier grâce aux efforts conjugués de diverses personnes parmi lesquelles Marion Floris, une des responsables de la librairie où se dérouleront les lectures, Marie-Thérèse Chemla qui assurera la médiation au cours de la soirée et Jean-Baptiste Navlet professeur de français qui depuis plusieurs années, à Joffre, fait participer ses élèves au Prix des Découvreurs.

Avec les interventions de Christophe Manon, de Claude Favre qui auront lieu quant à elles en Bretagne à l’invitation de la Maison de la Poésie de Rennes et qui toucheront plusieurs établissements, la venue prochaine aussi de Franck Doyen à Boulogne, cela nous conforte dans l’envie de prolonger encore l’existence de notre travail de découverte et de partage. D’autant que la sélection qui se prépare pour l’année scolaire à venir devrait se révéler des plus stimulantes.

Je sais gré aux concepteurs de l’affiche d’y avoir bien mis en valeur ce qui m’a toujours semblé essentiel dans notre action, qui est avant tout de conduire les jeunes à imaginer puis à emprunter les voies qui, en eux, relieront au mieux leur vie à la parole et la parole à leur vie.

mercredi 22 mars 2023

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. PLUIE DE FRANÇOISE MORVAN.

 

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PLUIE. UN RECUEIL DE QUATRAINS DE FRANÇOISE MORVAN AUX ÉDITIONS MESURES.

Pluie, qui se présente ici au singulier, est le titre de la suite d’une soixantaine de quatrains rassemblés par Françoise Morvan dans le récent ouvrage publié par la bien singulière maison d’édition créée par elle et son compagnon André Markowicz, sous l’appellation de Mesures [1]. Une soixantaine, je devrais dire en fait très exactement 64, ces poèmes étant répartis en 4 sections de 16 quatrains, séparées par des photographies réalisées par l’auteur elle-même, chaque section évoquant quand on y regarde d’un peu près, une saison, l’ensemble nous emmenant de l’été au printemps.

Succession de minuscules tableaux donnant une idée de l’immensité du monde, ces 64 quatrains héritent selon leur auteur davantage de la tradition française, notamment de la poésie baroque, que du haïku, qu’elle considère n’être en français qu’une forme flasque [2]. J’avoue ne pas totalement saisir la pertinence du propos, observant cependant qu’en effet les poèmes de Françoise Morvan, qui se composent strictement de vers comptés[3], délaissent totalement l’impair s’organisant en ensemble mariant plus ou moins librement l’octosyllabe au décasyllabe, ce dernier à l’alexandrin. Ne recourant de plus au rejet que de manière exceptionnelle.

vendredi 17 mars 2023

HOMMAGE AU PEINTRE REMI DARBRE. UN LIVRE.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est au milieu des années 90, dans une librairie où il venait d’acheter devant moi, des livres de poésie, que j’ai fait la connaissance du peintre Rémi Darbre, cet artiste de caractère qui allait devenir mon ami. Accompagner ma réflexion sur l’art. Sur l’époque dans laquelle nous vivons. Les relations difficiles aussi qu’entre artistes, nous entretenons, dans un monde qui ne fait chaque jour que davantage nous fragiliser.

vendredi 3 mars 2023

AVANCER AVEC LA PEUR. SUR TANTÔT, TANTÔT, TANTÔT DE VIRGINIE POITRASSON AU SEUIL.

Dans son dernier ouvrage, à paraître bientôt au Seuil, Virginie Poitrasson explore les territoires multiples et mouvants de nos existences à travers les figures puissantes et redoutables de la peur. Une peur moins conçue comme cet état affectif plus ou moins durable que provoquent en nous certaines circonstances, que comme le milieu même, l’élément quasi premier, dans lesquels nous vivons.

Fidèle je crois aux principes de composition qui gouvernent ses livres, c’est à travers une écriture qu’on pourra qualifier de kaléidoscopique que Virginie Poitrasson entreprend de rendre compte de ce que dans son tout premier texte intitulé Visage elle présente comme une « histoire » relationnelle à caractère amoureux nous donnant à entendre que la relation qu’elle entretient avec la « terreur » est de l’ordre du face-à-face et qu’elle ne peut la raconter que parce qu’elle en est revenue sans en être pétrifiée.

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. ANISE KOLTZ 1928-2023.

 

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Avec la mort il y a quelques jours de la poète luxembourgeoise Anise Koltz, c'est la quatrième disparition que nous avons à déplorer parmi les quelques 25 lauréats du Prix des Découvreurs. Cette perte s'ajoute à celle de l'écrivain algérien Mohammed Dib, du poète français Ludovic Janvier et de la syrienne Fadwa Souleimane. Que nous n'oublions pas.

samedi 25 février 2023

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. SYLVIE DURBEC, ÉTÉ GLACÉ.

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 Pour compléter ce PDF et faire un peu ressortir le lien qui unit ici le texte de Sylvie Durbec à Ossip Mandelstam, j'ai reproduit 2 longues pages de la magnifique et très précise biographie du poète donnée il y a quelques années par l'écrivain suisse de langue allemande, Ralph Dutli à la Dogana, sous le titre Mon temps, mon fauve, expression particulièrement saisissante de Mandelstam lui-même.

C’EST LE PARI TOUJOURS DE NOTRE POÉSIE. SUR ÉTÉ GLACÉ DE SYLVIE DURBEC AUX ÉDITIONS LIEUX-DITS.

Été 2021 : une femme, poète, plasticienne, traductrice et un peu couturière, quitte sa maison pour s’installer à une petite centaine de kilomètres plus au nord de l’autre côté du Gard. Elle prépare ses cartons. Plus particulièrement ses cartons de livres parlant aux auteurs qu’elle aime comme à de vieux amis. Déménager est toujours une épreuve, un arrachement, ravivant une somme de souvenirs que l’âge rend plus incisifs voire plus bouleversants encore. Sylvie Durbec affronte cette réalité en reprenant à son compte les mots de Marina Tvetaïeva s’adressant comme elle le dit à ceux qui sont encore vivants : « Écrivez davantage ! Fixez chaque instant, chaque geste, chaque soupir. Pas seulement le geste, mais aussi la forme de la main qui l'a fait ; pas seulement le soupir, mais le dessin des lèvres dont il s'est envolé. Ne méprisez pas l'extérieur. Notez les choses avec plus de précisions. Il n'y a rien qui soit sans importance. La couleur de vos yeux et de votre abat-jour, le coupe-papier et les motifs de vos papiers peints, la pierre précieuse de votre bague préférée, tout cela formera le corps de votre âme, de votre pauvre âme, abandonnée dans le monde immense."