C’est une nouvelle fois à « débauche
plumitive au long cours » que les éditions Tarabuste invitent le
bénévole lecteur – il en reste – avec Assemblages et ripopées composés
par cet opiniâtre Ouvrier Verbal Complexe Qualifié (O.V.C.Q.)
qu’est Jean-Pascal Dubost. Reprenant ici des textes pour la plupart déjà parus
dans diverses maisons suite à ces Résidences d’écriture « par quoi
l’écrivain revêt officiellement sa fonction essentielle d’écrivain en temps
donné (rétribué) et lieu précis », l’auteur, appareillant comme
toujours les « mille (et plus) subtilités des langages humains »
s’adonne à cet art du mélange et de l’invention fait avant tout chez lui des
rencontres fécondes que suscite la fréquentation minutieuse autant qu’aventurée
des textes anciens comme bien sûr modernes et des milliasses de dictionnaires,
glossaires, listes, répertoires, tables, index, lexiques dont on imagine ses
bibliothèques pleines jusqu’à craquer.
Écrit suite à un séjour d’auteur à proximité d’un
vignoble, celui de Grignan-les-Adhémar, Assemblages, le premier ensemble
du recueil, sensé évoquer les plaisirs du vin, célèbre pour commencer
l’intense fermentation d’intelligence et de langue mêlées par quoi s’élabore
« en fût céphalique » le poème qui comme un bon vin se fait
« d’assemblages de différents terroirs lexicaux et champs sémantiques
favorisés cependant par une bonne exposition aux dictionnaires, aux
documents » et paroles entendues. La métaphore file alors malicieusement
de l’une à l’autre de ces deux éjouissantes réalités dont le commun est de
réchauffer tant les sens que l’esprit et de se prêter, par travail éclairé
portant sur choix des meilleures matières, à l’élaboration de produits inédits
et goûteux.
Ripopées, terme qui lui aussi appartient au lexique du vin, quoique connoté cette fois de façon
négative, encore qu’il est des ripopées – j’en ai l’expérience – proprement extraordinaires
tel cet Edelzwicker un soir bu dans une winstub de la rue des Juifs à Riquewihr,
Ripopées donc, ensemble de textes adressés au cher Ronsard, pour
cause cette fois de résidence au prieuré de Saint-Cosme où vécut et mourut
l’illustre Sonneur Vendomois, n’est qu’une autre façon de cogner de la
langue contre celle du maître ancien, s’amusant aux formes par lui expertement
pratiquées, Epître, Epigramme, Imitation, Folastrie, Épipalinodie, Hymne, Dithyrambe, Epitaphe… pour jouir
encore et encore du plaisir de « débigoter la langue dans la démesure
du possible » sans s’abstenir de moquer au passage, en toute
impertinence, le peu d’effets de ses vers amoureux sur la gent féminine et son
souci trop marqué de la postérité, dite « branlette pérenne ».