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Revoyant il y a quelques jours, pour les classer, les innombrables photos prises à Venise lors du dernier séjour que j’y aurai effectué, les bien surprenantes et attachantes fresques de Tiepolo rassemblées à la Ca’Rezzonico m’ont donné envie d’en savoir plus. On passe dans les musées, on passe dans les rues, on traverse des paysages, toujours trop vite. Et sans savoir vraiment. Et il est bon de prendre le temps parfois de s’arrêter pour comprendre, ne serait-ce qu’un peu ce qu’on croit avoir vu.
En fait, les Tiepolo sont deux. Goethe qui avait pu découvrir leur travail dans la Villa Valmarana ai Nani, à Vicenze, les confondait, célébrant dans son Journal, un style à la fois naturel et sublime, alors que ce « naturel » comme il disait, n’était propre qu’à Giandomenico, ce fils de Gian Battista dont le particulier génie continue toujours aujourd’hui à lui faire de l’ombre.
J’ai donc éprouvé le désir d’en connaître un peu plus sur ce fils négligé et de tenter de lui rendre à ma mesure justice. Giandomenico ne devient un Tiepolo, lui-même à part entière, qu’au moment où dans les quinze ou vingt dernières années de son existence – il meurt en 1804 – il se retire dans sa Villa de Zianigo, en dehors de Venise et se met à peindre et dessiner non plus pour honorer quelque commande publique où d’ailleurs on attend de lui qu’il imite son père, mais pour son plaisir propre. À près de soixante ans, il devient enfin libre. Et libère entièrement cette inclination – qu’on sentait déjà dans ses œuvres antérieures notamment à la Valmarana - qu’il a non seulement pour les choses humaines mais le mouvement même, plus large, de la vie. C’est le moment où il réalise les fresques ramenées plus tard à la Rezzonico, son Divertimento per li raggazzi où il raconte la vie, les vies, de Polichinelle et les plus de 300 dessins, malheureusement aujourd’hui dispersés un peu partout dans le monde, de sa Suite biblique.
Il semble à travers ce que j’ai pu lire que la fin de sa vie n’ait pas été heureuse. C’est l’époque où la toute glorieuse République de Venise s’écroule. Pour la première fois depuis le Moyen-Âge, des troupes étrangères pénètrent la ville. Bonaparte qui aura effrayé le Grand Conseil en déclarant qu’il serait « l’Attila » de la vieille Cité lui impose sa loi sans résistance. Et Venise se voit, du jour au lendemain, vendue aux Autrichiens (1797). Qui pénètreront à leur tour dans la ville non sans qu’auparavant les troupes françaises ne l’aient brutalement mise à sac, allant jusqu’à découper en morceaux le Bucentaure et à en faire brûler sur l’île San Giorgio les sculptures afin d’en récupérer l’or… Parties les Noces de Cana de Veronèse, à jamais, pour le Louvre. Et les chevaux de Saint-Marc qui eux quand même reviendront suite au Congrès de Vienne.
Même si l’on sait bien qu’à la fin, il n’y a rien à attendre des foules agglutinées, aveugles, qui se pressent devant le Mondo Novo, comme autour de ses Christ ou des saints. Voire aujourd’hui devant les toiles qu’on est sommés d’admirer dans nos trop touristiques et mercantiles musées.
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