Une fois n’est pas coutume. Il nous aura fallu, cette année,
attendre jusqu’au tout dernier moment pour pouvoir attribuer le prix des
Découvreurs, éditions 2019, aux Lettres d’une île d’Alexandre Billon. Mais si l’ouvrage du jeune poète irakien Ali Thareb, Un homme avec une mouche dans la bouche, a bien failli remporter la mise, porté qu’il était par la naturelle
empathie qui pousse encore les jeunes d’aujourd’hui vers ceux qui subissent
injustement les violences absurdes qui défigurent le monde, c’est une poésie habitée
par un sentiment plus large et plus universel, ouverte non seulement à
l’inquiétude mais aussi à la joie, au plaisir et au bonheur de vivre que la
plus grande partie de nos jeunes ont finalement élue. Et sans doute faut-il se
réjouir de ce choix qui témoigne de l’ouverture de sensibilité d’une jeunesse
qui sans vouloir ignorer les aspects les plus noirs de notre réalité
contemporaine reste attachée à ce qui continue de chercher à dire, sans
miévrerie, sans pathos inutile, la fragile et inquiète beauté de notre
condition.
Le 14 mai prochain nous aurons donc le plaisir de remettre le 23ème ou 24ème prix des Découvreurs de la ville de Boulogne-sur-Mer à un jeune poète dont c’est quasiment le premier livre. Un poète qui aura découvert pour la toute première fois dans le cadre de cette sélection, le stress mais aussi la grande joie des rencontres en milieu scolaire, rencontres qui auront été pour lui l’occasion d’expliquer comment la poésie lui aura permis de faire à sa façon face à cette forme personnelle d’intranquillité qui caractérise les êtres juste un peu trop sensibles.
Et nous serons, à cette occasion, heureux d’insister sur le
fait que ce poète issu de Polytechnique, ayant finalement abandonné la carrière
d’ingénieur qui lui était promise pour se tourner vers des études de
philosophie, montre par son exemple que la poésie, comme la littérature en
général peut faire bon ménage avec l’esprit scientifique dans ce qu’il a de
meilleur.
Félicitations donc à Alexandre Billon ! Mais il y
aurait de l’injustice à oublier les auteurs qui, à ses côtés, auront contribué
à perpétuer pour des dizaines et des dizaines de classes, de Boulogne-sur-Mer à
Bastia, en passant par Grenoble, Rennes ou la banlieue parisienne, cette belle
aventure qui va maintenant atteindre un quart de siècle d’existence. Merci donc
à Éric Poindron, Camille Loivier, Lili Frikh, Laure Gauthier et Paul de Brancion
pour leur généreuse et pour certains d’entre eux active participation. Merci
tout spécialement à Ali Thareb, ce talentueux et vaillant compétiteur auquel il n’aura manqué que très peu de choses
pour être lui aussi sacré et à qui nous sommes heureux, même si ce n’est
qu’honorifique, d’attribuer dans le cadre de notre édition 2019, une mention
spéciale bien méritée.
Merci naturellement aussi à tous ces professeurs de français
et ces professeurs documentalistes qui auront su entraîner leurs élèves à
s’intéresser à autre chose de plus consistant que ce que leur propose cette
société culturelle terriblement marchandisée qui tend de plus en plus à nous soumettre
à grands coups d’algorithmes.
Merci enfin à tous nos soutiens. De la ville de
Boulogne-sur-Mer bien sûr au Ministère de l’Education nationale, en passant par
le Rectorat de Lille, la MEL et depuis peu le Marché de la Poésie de Paris.
Et rendez-vous maintenant très prochainement pour découvrir
notre future sélection !
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