mardi 3 janvier 2017

EN 2017. L’ÉDUCATION ! POUR LA CONSTRUCTION D’UN AVENIR MEILLEUR, DURABLE ET FRATERNEL.

Tout sépare cette allégorie du feu peinte en 1566 par Arcimboldo qui célèbre la puissance guerrière de l’Empereur Maximilien II de Habsbourg, à l’époque en lutte contre Soliman le Magnifique, du tableau qu’à 14 ans, en pleine guerre mondiale, Giacometti intitula La Paix et qu'on peut découvrir à l’Albertina de Vienne.

Que les enfants qui tiennent ici entre leurs mains, non une colombe blanche mais un merle sans doute - ce qui me fait personnellement penser à l’admirable texte de Fabienne Raphoz sur le merle de son jardin (dont on trouvera un extrait page 30 de notre Dossier Découvreurs 2013) - soient ce que nous avons de plus précieux et que l’avenir que nous leur construisons constitue l’interrogation fondamentale qui devrait nous habiter tous, voilà ce qui pour moi ne souffre plus discussion.


Le monde reste empli de violence. Sans parler des atroces conflits que nous regardons avec une résignation voire une indifférence coupables, la fièvre des appétits, des convoitises, de l’envie, des caprices et de l’avidité, enflamme, dévore de plus en plus une humanité qui n’a d’yeux que pour le profit et la satisfaction de ses besoins matériels ou narcissiques (ce sont souvent les mêmes).



Face à ce qui leur semble la ruine à venir de toute société, des voix se font entendre qui sans s’opposer aux progrès évidents des techniques, en appellent aux arts, à la culture, à l’éducation qui seuls peuvent faire barrage dans les esprits et dans les corps ensuite à cette forme subtile d’ensauvagement que constitue la libération orchestrée à l’intérieur de l’individu de ses passions les plus grossières. Je n’en citerai que la toute dernière entendue, il y a quelques jours dans l’émission d’Adèle Van Reeth, celle de la grande philosophe américaine Martha Nussbaum qui, ayant consacré une bonne partie de son travail à mettre en évidence, à partir de la notion d’empathie, la contribution morale et hautement civilisationnelle de la littérature, dénonce la crise mondiale de l’éducation, le fait qu’« avides de profit national, les Etats et leurs systèmes éducatifs bradent avec insouciance des atouts indispensables à la survie des démocraties » et prône au rebours un meilleur développement chez chacun, des capacités argumentatives et logiques, ainsi que des capacités maîtrisées d’imagination sans lesquelles nous ne pouvons réellement exercer nos responsabilités de citoyen. Sans lesquelles nous ne pouvons être que les jouets des puissances économiques, politiques ou religieuses qui s’entendent à nous manipuler.


La poésie a son rôle à jouer, rappelle Martha Nussbaum, dans cet ambitieux programme. Et il est réconfortant d’entendre qu’il est loin d’être marginal. Dans la mesure où le poète, le poète véritable, est celui qui fait de l’écriture le lieu d’une pensée toute entière employée, dans sa dimension réfléchie, informée et sensible, à son avancée créatrice.  Et qu’il possède ainsi, comme l’écrit – sans doute avec un brin d’emphase - Walt Whitman, dans la traduction ici de notre ami Jacques Darras, « la meilleure vue parce qu'il a la plus grande confiance » et que « dans la discussion sur Dieu l'éternité on ne l'entend pas » car « Il ne considère pas l'éternité comme une pièce avec prologue et dénouement, / Il considère l'éternité dans les hommes dans les femmes, ne les prend pas pour des «figments » de simples points. »

Pour 2017, les Découvreurs n’entendent donc pas renoncer à leur mission première qui n’est pas d’assurer la promotion d’un certain nombre de leurs amis poètes qui trouvent ailleurs sur le net l’accueil qui leur est nécessaire. Cette mission consiste à offrir à tous ceux qui ont en charge l’éducation de notre jeunesse des ressources littéraires et artistiques, des nourritures, qui pour n’être malheureusement pas toujours facilement accessibles nous semblent nécessaires à élargir vraiment les capacités de lecture mais aussi de compréhension, d’expression et d’action dont auront de plus en plus besoin les adultes de demain. Si nous ne voulons pas les voir écraser par les terribles simplifications de la pensée économique à court terme.


Ainsi pouvons-nous espérer que grâce aux actions que nos amis professeurs sauront mener dans leurs établissements, que l’ensemble des acteurs culturels responsables et éclairés entreprennent également à leur niveau, le visage du monde opère lentement – il n’y a pas de miracle - sa métamorphose et que se prépare, avec une jeunesse plus ouverte et mieux formée, tant sur le plan intellectuel que sur le plan sensible, un avenir meilleur, durable et fraternel.  

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