vendredi 8 mars 2019

BIENTÔT L’HEURE DES GRENOUILLES PENSANTES ? RENCONTRES EN MILIEU SCOLAIRE. LA MEL. LA RÉFORME DES LYCÉES...




« Nous ne sommes pas des grenouilles pensantes, nous ne sommes pas des appareils objectifs et enregistreurs avec des entrailles en réfrigération, — il faut sans cesse que nous enfantions nos pensées dans la douleur et que, maternellement, nous leur donnions ce que nous avons en nous de sang, de cœur, d’ardeur, de joie, de passion, de tourment, de conscience, de fatalité. La vie consiste, pour nous, à transformer sans cesse tout ce que nous sommes, en clarté et en flamme, et aussi tout ce qui nous touche. »

C’est à ces magnifiques paroles de Nietzsche, extraites du Gai savoir, que je songe immanquablement avant chaque rencontre. Notamment en milieu scolaire. Que j’y intervienne comme poète, même un peu négligé par ses pairs, ou plus indirectement comme accompagnateur et organisateur. 


lundi 25 février 2019

LES DÉCOUVREURS AU LYCÉE KERNANEC DE MARCQ-EN-BAROEUL. ENTRE LA PAROLE ET LA VIE.

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Et puis parce qu’il faut surtout penser à la vie et ne pas toujours regarder la face la plus sombre des choses, je suis heureux à la suite de mes deux dernieres interventions sur ce blog d’y partager aujourd’hui le travail réalisé par les élèves de 1 S du lycée Kernanec de Marcq-en-Barœul, près de Lille, sous la direction de Marie-Juliette Robine, une professeur admirable que j’ai la chance de connaître depuis plus d’une dizaine d’années.

J’espère de tout cœur que ces lectures contemporaines si diverses accomplies par les jeunes gens dont s’occupe Marie-Juliette, auront permis à beaucoup d’entre eux, de libérer, comme c’est l’objectif des Découvreurs, cet élan qui va de la parole à la vie et de la vie à la parole



jeudi 21 février 2019

AVEC LA MORT QUARTIER D’ORANGE ENTRE LES DENTS. DISPARITION DE MARIE-CLAIRE BANCQUART.



J’apprends aujourd’hui la mort de Marie-Claire Bancquart. Elle fut l’une des toutes premières véritables poètes vivantes qu’il me fut donné de rencontrer. L’une des premières aussi que j’imaginais de faire rencontrer, il y a une bonne trentaine d’années, à mes élèves et à se voir sélectionnée pour le Prix des Découvreurs. Les mots me manquent pour exprimer la reconnaissance que j’ai à la fois pour l’accueil qu’elle m’a réservé et la haute idée de la poésie qu’elle a contribué à forger en moi. La mort n’était pas pour elle cette chose terrible et angoissante que presque tous nous craignons. Mais une réalité qui continue à nous faire participer au grand devenir de l’univers. Elle était ce quartier d’orange dont le jus coule entre nos dents, image qu’elle reprit en titre pour l’un de ses plus beaux recueils paru en 2005 chez Obsidiane. Et au sujet duquel je me permets de reprendre ce que je lui en écrivais après l’avoir reçu.

À LIRE ! DESTINATION DE LA POÉSIE DE FRANÇOIS LEPERLIER AUX ÉDITIONS LURLURE.

François Leperlier nous livre dans cet ouvrage qui ne devrait pas manquer de faire réagir, les réflexions que lui inspire « la situation actuelle de la poésie ». Si la critique qu’il fait des multiples tentatives de médiatisation dont fait aujourd’hui l’objet la poésie et dont par ailleurs il affirme qu’elles restent pour l’essentiel sans effet réel, apparaîtra à certains excessivement radicale, il y aura profit, je pense, pour chacun, à profiter de la vision qu’il donne de la nécessité profonde de l’expérience poétique pour approfondir sa réflexion sur la « destination » de son propre engagement.

Oui. C’est aussi pour moi une évidence. Le poème, cet accompli dispositif de figures, cet assemblage singulier de rythmes et de mots par lesquels il se donne à lire ou entendre, ne peut être dissocié de ce qui vitalement l’anime, le traverse : élan, poussée ; de ce soulèvement profond et comme rassemblé de ce qu’on peut appeler l’être ou l’âme ou l’imagination, l’intelligence peut-être aussi… qu’importe. Et c’est pourquoi, je comprends que certains voient dans ce qu’on appelle poésie, une dimension, une aspiration fondamentales de l’humanité qui bien au-delà des mots s’expriment dans la totalité des activités créatrices par lesquelles, sans cesse, nous ajoutons concrètement comme idéalement, de la réalité à la réalité. De l’imaginaire aux imaginaires. Dont nous sommes tissés.

Sans doute y-a-t-il quelque risque à trop diluer les concepts et continuer à n’évoquer par le mot poésie que le genre littéraire qu’il désigne, tout en restant bien conscient du flou et de la grandissante perméabilité de ses limites, permettra peut-être de nous éviter bien des dialogues de sourds. Toujours est-il que je reconnais bien volontiers à l’ouvrage de François Leperlier, Destination de la poésie, qui y voit, lui, le principe générateur, non seulement de tout art mais de toute expérience de conscience sinon de présence véritables au monde, le mérite de mettre ainsi mieux en lumière le type d’exigence que sa pratique personnelle comme son mode d’existence à l’intérieur de la société, réclament.


jeudi 7 février 2019

L'OCA NERA, LA NOUVELLE MACHINE DE LECTURE DE GÉRARD CARTIER. À LIRE !

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L’Oca nera ( titre italien, en français : l’Oie noire ) : je reviendrai sans doute sur cet assez singulier roman que Gérard Cartier vient de publier à La Thébaïde. Il y est question de toute une série de choses qui  se succèdent, s’imbriquent, pour y dessiner la forme toujours un peu difficile à saisir d’une vie envisagée dans ses différents plans :  géographique, historique, familial, professionnel, sentimental, intellectuel… 

samedi 2 février 2019

AVEC EDDY L. HARRIS : DES VOYAGES QUI EN VALENT LA PEINE !


C'est toujours avec le plus grand plaisir que nous recevons notre ami, l'écrivain américain installé en Charente, Eddy L. Harris. Ses interventions régulières dans les classes du lycée Berthelot de Calais qui a pris l'habitude de l'accueillir produisent toujours la même forte impression par la liberté de ton et la joyeuse décontraction qu’il affiche. Et il est réjouissant d’imaginer que nous donnons ainsi aux jeunes qui le découvrent, accès à un auteur que certaines prestigieuses universités américaines aimeraient pouvoir s’attacher davantage.


mercredi 30 janvier 2019

À LIRE ! DÉNONCIATION D’UN BEL EXEMPLE DE KLEPTOCRATIE MODERNE. LE SOLILOQUE DU ROI LÉOPOLD DE MARK TWAIN.


Les éditions L’œil d’or, qui ont entrepris en 2004, de se lancer dans la publication des œuvres de Mark Twain en faisant appel à la même illustratrice, Sarah d’Haeyer et surtout au même traducteur, Freddy Michalski, bien connu des amateurs de romans noirs américains pour ses traductions notamment d’Ellroy, de James Lee Burke ou d’Edward Bunker, viennent de sortir un ouvrage qui, par les temps qui courent, ne devrait pas manquer d’intéresser un certain public. Celui que révolte le cynisme ou l’hypocrisie par lesquels les puissances qui sont parvenues à conquérir le droit de nous gouverner tendent à dissimuler, tant à leurs yeux qu’à ceux des autres, les ravages que leur politique, causent au sein des populations qu’elles devraient avoir pour vocation de protéger.


mardi 22 janvier 2019

PÉQUENOT DU COSMOS. PIERRE IVART. UN GRAND ARTISTE DE NOTRE TEMPS


« Je parlerai dans ce poème/ D’un monde qui a déjà bien avancé dans son recul… Dans sa/ Dévastation. » Ce monde dont entreprend de nous parler Ivar Ch’Vavar, dans La vache d’entropie que viennent de publier les éditions Lurlure, s’il est bien celui d’abord de son enfance, ce petit territoire rural du Pas-de-Calais sis entre Montreuil-sur-Mer et Berk, est en réalité bien plus vaste. Plus vaste aussi sans doute que celui qu’il appelle sa Grande Picardie Mentale, à ne pas confondre avec ce qui se fait aujourd’hui frauduleusement appeler Hauts-de-France et qu’il ne peut s’empêcher d’appeler Hauts-de-Merde. Il me semble être tout simplement, le monde, notre monde à tous, non seulement celui que le grand troupeau des « politiciens, journalistes, communicants, et même "intellectuels", philosophes déclarés, psychanalystes pour le prime time des télés » passé aux ordres du capitalisme, a fini par imposer à chacun d’entre nous et que l’auteur figure, à sa manière, sous les traits de l’automobiliste pressé, « vague forme, en buste, massif et obtus, raidi derrière les vitres de sa bagnole sinistre» mais celui qui en profondeur se confond avec notre destinée d’être, jeté un jour dans la Grande Pâture des existences, pour s’en aller, plus ou moins droit, vers la mort.

vendredi 11 janvier 2019

D’ÂME & DE CHAIR. EXERCICE DE L’ADIEU DE JEAN-PIERRE VIDAL.

LE TINTORET SUZANNE ET LES VIEILLARDS VIENNE
Il est des livres dans lesquels j’ai plus de difficulté à entrer que d’autres. Ainsi les ouvrages à caractère moral reposant sur des successions d’aphorismes. Je crois que l’évolution de ma propre pensée m’a progressivement éloigné de tout ce qui, formule générale, concept ou autre, tend à emprisonner la réalité dans l’obscure abstraction des structures closes.

lundi 7 janvier 2019

2019. SI NOUS CESSIONS NOS CONCERTS D’OISEAUX ?


CONCERT D'OISEAUX DE PAUL DE VOS

LA MAISON SNIJDERS & ROCKOX dans la belle ville d’Anvers est une de ces maisons-musées dont je me dois de recommander à chacun de ne manquer la visite sous aucun prétexte. Inutile d’en faire ici la présentation : tout se trouve aujourd’hui sur le net ; notamment un excellent guide du visiteur téléchargeable en PDF.

Dans la partie qui fut autrefois le logis du célèbre peintre de nature morte, Snijders, le visiteur découvrira deux de ces intrigants Concerts d’oiseaux dont le maître de maison contribua, par une grande toile aujourd’hui exposée au Musée de l’Ermitage, à lancer la vogue tant à Anvers qu’à Londres où des peintres comme Jan Fyt, Paul de Vos, Melchior d’Hondecoeter, Jan Van Kessel et Jakob Bogdany en déclinèrent de multiples versions.


mercredi 19 décembre 2018

POUR SALUER UN ÉDITEUR : ANTOINE GALLARDO.


Je me suis promis de ne pas laisser passer la fin de l’année sans au moins signaler l’intérêt que présente à mes yeux la nouvelle petite collection que l’éditeur quelque peu dysorthographique de la Boucherie littéraire, Antoine Gallardo, a tenu, par souci, cette fois, de cohérence métaphorique, à nommer Carné poétique. Ces Carnés, nous prévient-il étant constitués « de la viande des auteurs et des lecteurs souvent écrivants eux-mêmes ».