vendredi 9 juin 2023

CAHIER D’ACCOMPAGNEMENT PRIX DES DÉCOUVREURS 2023-24 : CE QUE M'A SOUFFLÉ LA VILLE DE MILÈNE TOURNIER AU CASTOR ASTRAL.

 

C’est la seconde fois en trois ans que nous sélectionnons Milène Tournier pour le Prix des Découvreurs. Aujourd’hui, Ce que m’a soufflé la ville, nous a paru, pour nos jeunes, un livre nécessaire tant il fait comprendre à quel point la poésie, vécue comme une pratique quotidienne d’ouverture aux autres comme à l’ensemble des choses qui existent avec nous, peut devenir comme une façon de mettre à distance, de resituer autrement qu’en nous-mêmes, nos difficultés, nos angoisses. Se confondant ainsi, du moins chez ceux qui la pratiquent dans toute sa vérité, avec l’élan vital. Il n'échappera à personne j'imagine le rapport au moins phonétique ici que la ville entretient avec la vie. Ni dans cette même optique, la riche polysémie que possède à l'intérieur du titre le verbe souffler.

Encore une fois, les possibilités d’accompagnement du nouveau Cahier que nous proposons, aux jeunes, comme à leurs professeurs, pour entrer dans l’univers de Milène Tournier, se sont trouvées bien nombreuses. J’avais bien aimé il y a quelques années le rapprocher de l’œuvre de la peintre américaine Alice Neel, qu’une belle exposition au Centre Pompidou a récemment fait découvrir, je pense, au public français. Cette fois c’est l’œuvre d’un autre peintre américain, peu connu en France mais assez célèbre dans son pays d’origine, Jacob Lawrence, qui s’est imposée à moi. Et j’espère que ceux qui parcourront ce Cahier apprécieront ce qui, à sa manière vive, colorée et attentive, le rapproche de notre jeune poète française comme lui sensible au spectacle de la rue et aux diverses humanités qui la peuplent. C’est un des plaisirs d’ailleurs que je trouve à la réalisation souvent prenante de ces Cahiers que de souligner ces liens la plupart du temps inattendus qui peuvent se faire d’un art, d’une culture, d’une Histoire, d’une génération à l’autre.

Mais d’autres pistes bien entendu existent. Ainsi dans ce Cahier nous proposons de regarder quelques-uns des vidéos-poèmes que Milène Tournier publie régulièrement sur Youtube. Nous imaginons aisément que bien des professeurs sauront s’emparer de cette forme originale pour entraîner leurs élèves à mettre leurs pas dans ceux de Milène. Une Milène que ceux qui auront le temps pourront aussi écouter dans une intéressante émission au cours de laquelle, en compagnie du chanteur de Feu ! Chatterton qui est aussi poète, Arthur Teboul, elle évoque son travail et l’importance que présente la poésie pour chacun, aujourd’hui.

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LE FEUILLETER SUR CALAMEO

lundi 5 juin 2023

CAHIER D’ACCOMPAGNEMENT PRIX DES DÉCOUVREURS 2023-24 : BUMBOAT DE PIERRE VINCLAIR AU CASTOR ASTRAL.

 

Quelques planches du Cahier consacré au livre de P. Vinclair

Second de nos Cahiers d’accompagnement pour l’édition 2023-24 du Prix des Découvreurs, ce nouveau PDF que nous consacrons au livre de Pierre Vinclair, Bumboat, paru au Castor Astral nous aura permis de découvrir la ville de Singapour où l’auteur aura vécu quelque temps à la fin des années 2010. « La forme d’une ville, écrivait Baudelaire, change plus vite hélas que le cœur des humains». C’est particulièrement vrai, sans doute, pour cette ville de Singapour dont les transformations au cours du siècle dernier sont des plus spectaculaires, passant, pour le dire vite, d’un village de huttes à une métropole géante où la démesure économique, industrielle et commerciale de notre époque aura quasiment tout marqué de son sceau.

Des 10 plus ou moins longues séquences de ce poème qui nous fait passer des sources de la Singapore River à la baie -Marina Bay – dans laquelle elle se jette, nous avons retenu 4 ensembles qui nous l’espérons donneront une idée de la richesse et de la relative complexité de cet ouvrage qui a pour nous l’immense mérite de nous faire, à travers la parole poétique, réfléchir aux vicissitudes de l’histoire comme aux caractéristiques extrêmes du monde contemporain. Frustrante d’ailleurs aura été la réalisation de ce Cahier, tant il nous aura fallu abandonner de pistes pour y proposer un accompagnement qui n’alourdisse pas trop la lecture du poème. Même si, et nous le répétons, nous concevons ici la forme poétique comme un vecteur privilégié d’ouverture à l’ensemble des réalités qu’elle ne fait pas que décrire mais contribue à sa façon tout-à-fait singulière à nous aider à reconnaître comme aussi à construire en nous et tout autour de nous.

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LE FEUILLETER AVEC CALAMEO

jeudi 1 juin 2023

CAHIER D’ACCOMPAGNEMENT PRIX DES DÉCOUVREURS 2023-24. PERRINE LE QUERREC, LA FILLE DU CHIEN, ÉDITIONS DES LISIÈRES.

 

Voici le premier des Cahiers d’accompa-gnement que nous destinons à chacun des 7 ouvrages retenus dans la sélection 2023-2024 du Prix des Découvreurs. Il est consacré au livre de Perrine Le Querrec, La Fille du chien paru aux éditions des Lisières et nous aura conduit à revisiter comme on dit l’histoire de notre relation à celui que nous avons coutume de considérer comme le meilleur ami de l’homme !

Comme je le dis à la fin de ce Cahier, les images dont nous accompagnons les extraits à nos yeux les plus significatifs des livres, ne sont pas conçues à proprement parler comme des illustrations mais sont à considérer comme des façons de faire monde avec les textes, en les reliant à des domaines de connaissance, de création et de réflexion vers lesquels ils font signe.  Ainsi ne cesse de s’enrichir cette réalité que nous entreprenons à chaque instant de reconstruire à travers la multiplicité des représentations que nous nous en formons. Avec les Découvreurs, nous ne concevons pas la poésie sans cette excitante et puissante ouverture.

Jusqu’à présent chacun des Cahiers que nous avons présentés aura été téléchargé entre 2000 et 3000  fois ce qui représente beaucoup plus que ce que la plupart des livres dont ils procèdent pouvaient escompter rencontrer comme lecteurs, pour ne rien dire des acheteurs.

Nous espérons que cette nouvelle livraison qui commence aujourd’hui touchera un public aussi nombreux voire qui sait plus important encore. Quelques milliers, oui, c’est beaucoup mais cela reste dérisoire au regard de la population visée.

D’ores et déjà nous remercions chacun des professeurs qui prendra avec ses classes l’initiative de leur faire découvrir ce travail patient qui leur est avant tout destiné et tous les acteurs culturels qui auront la bonne idée de se faire activement le relais de notre opération.

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jeudi 25 mai 2023

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. LE TEXTE IMPOSSIBLE D’ALAIN ROUSSEL AUX ÉDITIONS ARFUYEN.

 

Bien des fois, au cours de mon enfance, j’ai dû croiser Alain Roussel, dans ces rues de Boulogne où nous sommes nés à quelques mois d’intervalle. Sans doute avons-nous partagé les mêmes instituteurs de l’école Cary, tremblé devant le même Monsieur Bourguignon, son austère Directeur, que toute la ville pouvait reconnaître, été comme hiver, à son duffle-coat jaune, mais fréquentant des classes différentes, nous ne fîmes finalement connaissance que des siècles plus tard, à Rennes où la Maison de la Poésie m’avait invité à faire un soir lecture. Depuis nous correspondons un peu. Échangeons quelques livres. Quelques notes de lecture. Alain étant comme moi attentif tout autant au travail des autres qu’à ses propres créations.

mardi 23 mai 2023

LICHENS ! Lichens !

Désireux de m’offrir une petite pause entre deux éditions du Prix des Découvreurs je me décide à partager ici quelques images que m’a récemment fait découvrir le livre de Vincent Zonca, Lichens, que je ne saurais trop recommander pour la richesse et la profondeur de ses vues. La première du japonais Hiroshige II représentant une scène de cueillette de champignons-lichens centenaires poussant sur les roches, les Iwatake, également appelés « nourriture de l’ermite », montre deux cueilleurs suspendus à l’intérieur de nacelles d’osier, au-dessus d’un torrent bouillonnant. L’un gratte la paroi d’une montagne à pic, l’autre se penche vers lui, le visage hilare apparemment en train de lui adresser quelque plaisanterie. Chacun porte un large chapeau rond, conique qui rappelle la forme des champignons que l’artiste a représenté en gros plan dans le coin supérieur droit de son image.  Cette image qui m’a retenu pour son pittoresque ne possède pas la forte charge symbolique que je trouve à cet impressionnant panneau de 5 mètres de long du maître ancien Kano Sansetsu, intitulé le Vieux prunus qui servit à l’origine de décor pour un des murs intérieurs d’un temple mortuaire. Image du renouveau printanier touchant un arbre vénérable, tout couvert de lichens et profondément mutilé par le temps, l’œuvre de Santetsu ne fait pas qu’illustrer la puissance finalement de la vie, célébrant à la manière du Ronsard des Odes [1]le contraste entre cycle naturel et cycle humain. Il émerveille par l’extraordinaire économie de moyens de ses formes, le pouvoir enfin qu’a l’art de se montrer toujours pour nous d’une éternelle jeunesse. Dans son livre Zonca rapproche ainsi ce vieux prunier de Santetsu d’une œuvre plus récente d’un autre grand maître de la peinture japonaise, Ogata Kôrin, Prunus blanc et prunus rouge dont le génie décoratif l’amène à évoquer l’œuvre du peintre autrichien Klimt, dont l’Arbre de vie, c’est vrai, n’est pas sans faire penser au style de cette école « rimpa » à laquelle appartient Kôrin. Dans la peinture japonaise écrit Zonca à propos de ces œuvres, « les lichens font fleurs, ils sont esthétiquement des fleurs au même titre que celles du prunus » ajoutant un peu plus loin qu’il faut surtout voir dans le lichen « un élément naturel parmi d’autres, un objet de vénération et de décoration, ayant des qualités de forme, de couleur, de texture, de rythme, se révélant en association, en symbiose, avec le cerisier ou d’autres éléments du paysage ».

mercredi 10 mai 2023

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : LE TOMBEAU DE JULES RENARD D’IVAR CH’VAVAR AUX ÉDITIONS LURLURE.

Tout récemment paru aux éditions lurlure, Le Tombeau de Jules Renard du poète picard Ivar Ch’Vavar, ravira sûrement ceux que j’imagine nombreux qui attendent de la poésie qu’elle nous donne à voir le monde non dans sa mystérieuse et impénétrable essence mais dans toute l’acuité et le pittoresque nouveau que lui confère un matériel d’images et de mots tout aussi attentifs à eux-mêmes qu’aux physiques réalités qu’ils tâchent d’approcher. Le livre est court et se lit vite. Mais se relit aussi avec plaisir. Et se relit encore. Chose bien rare de nos jours.

 

Suite de tercets[1] composés de vers oscillant entre le dissyllabe et l’alexandrin, très occasionnellement liés par la rime, l’ouvrage forme un bien sympathique bestiaire qui nous montre le monde animal d’une manière où la pertinence de l’observation rejoint toujours la fantaisie dans ce qu’elle peut avoir de jubilatoire pour l’esprit qui se plaît à suivre dans l’expérience et la connaissance qu’il a des choses, les multiples échos, les résonances, qui s’y voient libérés.